Les fêtes d’obligation, un sujet tabou - France Catholique
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Les fêtes d’obligation, un sujet tabou

Howard Kainz pense qu’il est temps que les catholiques réapprennent qu’il y a les commandements de l’Eglise, à commencer par les Fêtes d’Obligation et les jours de jeûne et abstinence.

Traduit par Marie-Thérèse D.

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Peut-être est-ce le résultat d’une ancienne inculturation romaine légaliste, l’Eglise catholique a la réputation d’être une église de règles. On pense que c’est, peut-être par contraste, avec la relative liberté des Églises protestantes, qui croient avoir purement et simplement laissé tomber les règles en suivant leurs interprétations de la Bible.

Ces « règles » du catholicisme sont variées. Certaines telles que l’interdiction de la contraception ne font que rappeler la loi naturelle. D’autres telles que l’interdiction de l’avortement (« Tu ne tueras point ») et l’exigence de l’assistance à la messe du dimanche (« Souviens-toi, tu sanctifieras le jour du Seigneur ») font référence au Décalogue.

Cependant d’autres règles, y compris bon nombre de Commandements de l’Église, sont de nature disciplinaire ; elles sont prescrites pour encourager à la sainteté et favoriser la solidarité entre les membres de l’Église. Mais aussi, c’est là où le bât blesse, ces règles sont imposées « sub grave », c’est-à-dire, sous peine de péché mortel. Parmi ces commandements, il y a les Fêtes d’obligations et les jours de jeûne et abstinence.

A l’heure actuelle, on prête peu attention à ces Commandements, c’est le moins que l’on puisse dire. Je me souviens d’une homélie de notre ancien curé qui, faisant état des avancées de Vatican II, citait Saint Paul en exemple parce qu’il avait rappelé aux premiers chrétiens qu’ils étaient « libérés de la loi » (par ex, Rom. 8,2). Ceux d’entre nous dans l’assemblée qui étaient familiers des exigences spécifiques des lois de l’Église pouvaient comprendre ces propos comme une référence aux Commandements de l’Église et peut-être aussi à certaines des autres lois qui ont été contestées au nom de  « l’esprit de Vatican II », tout particulièrement les règles concernant la contraception.

Mais les catholiques « de progrès » ne sont pas les seuls à avoir des problèmes avec de telles règles.

Les Membres de la rédaction, des écrivains, des commentateurs distingués ici même sur le site web de « The Catholic Thing », à en juger d’après mon expérience de ces dernières années dans ce journal, sont rejoints par beaucoup de convertis qui ou bien ont surmonté leur hésitation par rapport à un catholicisme encombré de règles ou bien n’ont pas été complètement informés pendant leur formation sur certains points comme les Commandements de l’Église.

Il se peut qu’il y ait aussi parmi nos lecteurs des gens qui ont été catéchisés dans les années 1960 par des catholiques réformistes qui pensaient qu’il était important de minimiser ces questions. Et bien sûr, que ce soit des catholiques libéraux ou des catholiques conservateurs, leur foi est mise à l’épreuve par cette question : « Le successeur de Pierre, qui a le pouvoir de lier et de délier, peut-il vraiment imposer, sous peine de damnation éternelle, des obligations telles que l’abstinence du vendredi ou l’assistance à la messe les jours des Fêtes d’Obligation ? »

Dans les journaux ou sur les sites web catholiques, on entend occasionnellement dire que les couples mariés catholiques ont très généralement recours à la contraception ; c’est un sujet tabou, personne ne veut en parler sauf les catholiques naïfs qui font des efforts inutiles pour arranger les choses, en d’autres termes « le roi est nu » et pour filer la métaphore, les naïfs tentent de « garder la face » devant le roi nu ! Mais d’après mes propres expériences des différents diocèses des Etats Unis, — limitées, je l’admets — je suggérerais que la non observance des Fêtes d’Obligation est un autre sujet tabou. A l’approche de la période la plus sainte de l’année liturgique, cela vaut la peine de réfléchir à cette détérioration de la pratique.

Il y a quelques mois, j’ai donné comme exemple, dans ces pages, la non-observance de la Fête d’Obligation de la Toussaint dans mon diocèse. La dernière Fête d’Obligation était la fête de Marie, Mère de Dieu et d’après mon expérience de cette fête, il y a actuellement confusion, sinon un désaccord explicite quant au respect des Fêtes d’Obligation.

J’étais à Tuscon, Arizona, pour une fête de famille à Noël. La paroisse où j’étais, célèbre trois messes le dimanche. Après Noël, j’ai assisté à la messe du dimanche de 10h30 à la fin de laquelle le prêtre a annoncé qu’il y aurait une messe spéciale pour célébrer la fête de la Vierge Marie, Mère de Dieu, le Jour de l’An à 9h. Il n’a pas mentionné que ce serait un jour de Fête d’Obligation et ce n’était pas indiqué sur la feuille paroissiale pour ce dimanche là.

Le lendemain, j’ai appelé le presbytère en expliquant à la secrétaire que j’étais d’un autre diocèse et que je voulais savoir si cette fête était une Fête d’Obligation dans le diocèse de Tucson. Elle me répondit que oui, ça l’était ; et je lui signalai que le prêtre ne l’avait pas précisé le dimanche précédent.

J’ai appelé les services du diocèse de Tucson, Arizona, pour me renseigner sur la position diocésaine, et on m’a fait dire par leur porte-parole que non la fête de Marie, Mère de Dieu n’était pas considérée comme une Fête d’Obligation dans le diocèse.

Mais ensuite j’ai vérifié sur les sites des autres paroisses alentours et j’ai découvert que certaines spécifiaient explicitement dans leur bulletin paroissial en PDF qu’il s’agissait bien d’une Fête d’Obligation.

Finalement, lorsque j’assistai à la messe de 9h le Jour de l’An dans cette même paroisse, je trouvai une église à peu près, à moitié pleine. Etant assis sur un banc du fond, je remarquai une femme avec un bébé, mais aucun enfant et aucun adolescent. La majorité des participants semblait être des personnes du troisième âge, très probablement des retraités.

Ceci correspondait à mon expérience des autres jours de Fêtes d’Obligation dans d’autres diocèses. J’espère que la situation est différente, c’est-à-dire, meilleure dans d’autres parties des Etats Unis.

Est-ce un problème très important ? Même si le fait qu’on ait fait fi des Fêtes d’Obligation est un autre sujet tabou, ne pourrait-on pas dire que c’est un problème moindre – par exemple, que la contraception ? Si je puis me permettre de faire entrer Jésus dans cette discussion :  « Celui qui est fidèle dans les petites choses sera fidèle dans les grandes ».(Luc 16,10) Il m’est pénible d’imaginer que des Catholiques fidèles dans l’observances de règles de moindre importance soient infidèles concernant des questions plus importantes. Je voudrais ajouter aussi que le jeûne et l’abstinence en Carême sont bien moins observés qu’ils ne l’étaient dans les années 1940 ou 1950.

Par ailleurs, les commandements de se confesser au moins une fois par an et de communier pendant la période pascale sont encore pleinement en vigueur et c’est la bonne période pour commencer en ces dernières semaines de Carême à observer les Fêtes d’Obligation pour ceux à qui n’ont pas appris ces commandements ou ceux qui ne sont pas familiarisés avec eux.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/holy-days-the-other-elephant-in-the-room.html