Les enfants de ceux qui n'ont pas d'enfants. - France Catholique
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Les enfants de ceux qui n’ont pas d’enfants.

Traduit par Pierre

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Le journaliste Italien Giulio Meotti attire l’attention sur une constatation : les dirigeants politiques Européens, pour la plupart, n’ont pas d’enfants. En tête, Jean-Claude Junker, président de la Commission européenne, puis des Premiers ministres et Chanceliers, dont Angela Merkel pour l’Allemagne, Rutte pour les Pays-Bas, Lofven pour la Suède, et ainsi de suite. Le nouveau président Français Emmanuel Macron rejoint le club.

Nicola Sturgeon, meneur des séparatistes Écossais est également membre de la tribu. J’aurais bien pu m’en rendre compte si j’avais regardé de près et, chose bizarre, je n’en éprouvais pas le besoin. Un simple coup d’œil…

Eh bien, cher lecteur, il faut me pardonner, je viens de commettre une « incorrection politique ». On n’est pas supposé se renseigner sur tout. Et j’avoue que mes remarques fortuites sont parfois erronées. Peut-être n’ai-je pas bien regardé. Peut-être n’ai-je pas bien lu les informations. Peut-être les informations cachent-elles davantage qu’elle ne révèlent. Mais elles révèlent bien des faits.

Jadis de telles considérations tombaient sous le sens. Songeons à Macduff, dans Macbeth (Shakespeare) déclarant que sa femme et ses enfants avaient été sauvagement massacrés. Il en souffre. Malcolm lui dit de mettre fin à son deuil et de se comporter plus positivement, de faire face « comme un homme ».
Macduff rétorque à Malcolm « qu’il n’a pas d’enfants ».

En fait, à cet instant de la pièce, Macduff n’en a pas non plus. Mais il a eu des enfants, ce qui change considérablement son regard sur l’existence.

« Les enfants sont notre avenir », déclaraient les hommes politiques du temps où il était normal d’avoir des enfants. Ils apportent une touche prophétique à la vie de leurs parents. Soit, par eux, un brin d’Éternité Il y aura un futur, même en ce bas monde, nos enfants vivront ce futur, nos enfants et leurs enfants, quand nous ne serons plus.

Et en voyant le futur, on voit également le passé, en ce sens qu’il a été changé par les enfants. Rappelons que nous aussi avons été petits, avons connu des temps anciens. Il y a une continuité à appréhender tout simplement, ce qui peut bien faire sourire les intellectuels. Avoir des enfants, en être conscient — ce n’est pas une abstraction, c’est sa propre chair, son être intime.
Oserai-je couper le bras droit de mon lecteur ?

Non, ce serait un acte gratuit dépourvu de sens, d’autant que nous ne nous sommes jamais rencontrés, et que je n’ai aucun motif à agir de la sorte. Mais ce n’était qu’un fantasme, une vague idée.

Je connais un homme qui a perdu son bras droit lors d’un accident du travail. Ce n’était pas, pour lui, une simple expression. Alors, il n’en parle pas. Avec courage il a poursuivi l’exercice de son métier de platrier avec l’autre bras. Dommage pour lui qu’il n’ait pas été gaucher.

Je connais un homme qui a perdu son enfant, en fait je connais nombre d’hommes et de femmes qui ont vécu ce drame et, pour la plupart, n’en parlent pas. Mais au fond de leur cœur se trouve un immense vide qui ne sera jamais comblé par l’imagination ou l’abstraction.

Sans doute suis-je injuste envers les hommes politiques. J’en ai rencontré un qui m’a dit qu’il en est ainsi. J’ai même rencontré un professeur d’université qui m’a dit avoir constaté qu’en moyenne l’homme politique est plus honnête, avec une conscience et une moralité plus nettes que le professeur d’université moyen. En général, il aurait davantage confiance envers un politicien pour élever un enfant adoptif: il n’éprouverait pas un tel sentiment à propos de nombreux collègues.

Les hommes politiques, particulièrement en Europe, ne sont, après tout, que le reflet de leur société. En gros, ils légifèrent essentiellement pour des gens qui n’ont pas non plus d’enfants. Ils peuvent donc souvent émettre des opinions bizarres sans risque de contradiction. Pour les gens sans enfants, tout paraît acceptable.

Un exemple, si vous le permettez. Un personnage comme Angela Merkel explique la nécessité d’importer des millions d’immigrants musulmans pour compenser la pénurie d’Allemands et remédier au faible taux de natalité. Ce qui, économiquement, est sensé. Il faut bien des gens pour gagner des salaires et payer des impôts au profit d’une population vieillissante. Et comme les ressources de gens fuyant les pays islamiques sont merveilleusement abondantes, tout devrait bien aller.

Comme je l’ai rappelé, elle n’a pas d’enfants.

Mais il y a aussi en Allemagne et dans toute l’Europe des hommes politiques qui adoptent ce système de compensation de population alors qu’ils ont des enfants. Bizarre… mais qui suis-je pour juger ?

Par exemple, qui suis-je pour juger cette catégorie de population vivant dans des quartiers aisés avec des situations confortables grâce à leurs relations, envoyant leurs enfants, quand ils en ont, poursuivre des études supérieures dans des établissements privés de haut niveau ? Et comment en attendre un brin de compréhension du monde hors de leur bulle, où se font sentir les conséquences de leur politique idéaliste ?

Bon, je peux sembler populiste, et peut-être le suis-je d’une certaine manière. J’ai tendance à m’assimiler, à ma façon catholique, avec ceux pour qui la famille, noyau épanoui, est au cœur de la vie en société dans un milieu de dépendance mutuelle (qui était) à l’opposé de l’état de bien-être administratif.

À dire vrai, je suis un vieux, quasi-moyennageux, type de populiste concevant la société comme un tout et non comme une structure statistique; j’ai la nostalgie des relations humaines qui existaient avant le traitement statistique de la bureaucratie.

« Naturel », pour moi, et qu’y aurait-il de plus naturel que les enfants? Et, avec eux, le peuplement d’un petit morceau de notre planète, de cette étrange, inexplicable, façon liant les générations entre elles.

Ces réflexions sont inspirées par le récent attentat terroriste dans la salle de concert de Manchester où des enfants de tous âges étaient allés écouter une chanteuse pop. Pour le plaisir…

Enfants de ceux qui n’ont pas d’enfants, livrés à Moloch, dirait-on.

https://www.thecatholicthing.org/2017/05/26/children-of-the-childless/

Tableau : Un bosquet, le soir. 1918 par AY Jackson [Musée canadien de la guerre, Ottawa]