Les défis de l'ancien bloc de l'Est - France Catholique
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Les défis de l’ancien bloc de l’Est

Directeur-adjoint du Figaro Magazine, Jean Christophe Buisson vient de publier Le Siècle Rouge (Perrin). De 1919 à 1989, il restitue jour après jour ce que furent les communismes, dans leur complexité.
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Portrait de Václav Havel en 2014, place Wenceslas à Prague (République tchèque).

Portrait de Václav Havel en 2014, place Wenceslas à Prague (République tchèque).

CC by-sa : David Sedlecký

Peut-on parler des pays situés à l’est du Rideau de fer comme d’un ensemble homogène ?

Jean-Christophe Buisson : Il faut prendre garde en effet à ne pas globaliser des réalités très diverses. L’Europe centrale – la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie et la Slovénie – constitue un bloc à part. C’est celui qui s’est le mieux sorti du communisme parce qu’il a toujours considéré qu’il faisait partie de l’Europe. C’est aussi ce bloc qui a été le plus en pointe contre le communisme dès les années 70, avec des figures comme Vaclav Havel en République tchèque ou Adam Michnik en Pologne, ou des mouvements issus de la société civile. Même à l’époque communiste, ces régions formaient un bloc catholique, national et européen dont le communisme n’a pu extirper les caractéristiques. Les pays baltes forment un deuxième bloc. Ils ont subi l’occupation nazie et soviétique de la façon la plus violente. Leurs identités nationales ont souvent été écrasées par la proximité immédiate avec les républiques soviétiques. On distingue ensuite un ensemble formé par les Balkans et les pays du sud-est de l’Europe qui s’est d’autant mieux acclimaté au communisme qu’ils avaient connu la domination ottomane et sa bureaucratie. Ces pays, qui se sont facilement glissés dans le moule communiste, sont aussi ceux qui ont le plus de mal à en sortir. Il faut enfin évoquer les républiques du Caucase dont le cas est très particulier et l’appartenance à l’Europe sujette à débat.

Quels sont les principaux défis auxquels ces pays doivent faire face aujourd’hui ?

Le phénomène le plus inquiétant que l’on constate dans toute l’Europe de l’Est, c’est la catastrophe démographique qui est en cours et dont personne ne semble avoir pris la mesure. Ces régions ont perdu entre 10 et 15 % de leur population en dix ans et connaissent un vieillissement vertigineux. La baisse de la natalité se conjugue avec l’exode des élites et des éléments les plus dynamiques : sait-on qu’un million de Polonais vivent aujourd’hui en Grande-Bretagne ?

Le second défi majeur, c’est la reconstitution de structures politiques solides. Avec les nuances qui s’imposent en fonction des pays, celles qui existent aujourd’hui héritent encore en large partie de l’ère soviétique. Les cas sont frappants dans les Balkans et en Europe du sud-est, où se maintient une corruption endémique. Conclure un « arrangement » avec un fonctionnaire n’est pas considéré comme anormal et les populations ne se soulèvent pas. Seuls quelques mouvements ont été constatés en Bulgarie, en Roumanie ou en Serbie, avant qu’ils ne s’essoufflent rapidement. Si l’on ne nettoie pas ces restes du cancer communiste, il sera difficile de redonner de l’élan à ces sociétés.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.