Les clichés culturels ont la vie dure - France Catholique
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Les clichés culturels ont la vie dure

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Il est entendu largement que la pratique de la manifestation publique, au sens de de rassemblement organisé sur la voie publique pour exprimer une revendication, n’appartient pas aux mœurs culturels de la population dite de droite ; les caractéristiques de cette dernière, toujours selon la culture commune, sont d’être bourgeoise, rangée, bien élevée, d’un âge approchant le canonique physiquement comme mentalement, conservatrice et bien sûr plutôt catholique, entendu évidement comme traditionnelle (si ce n’est traditionaliste) plutôt que progressiste, mais élevée dans l’idée que l’on tend sa joue gauche après avoir été giflée sur la droite.

Quand cette population participe à une manifestation, et qu’elle le fait bruyamment pour exprimer ses revendications, quitte à aller chercher le contact avec les forces de l’ordre chargées de la contenir, cela ne peut être le fait que d’éléments extrémistes rompus à la violence physique et verbale, que l’on qualifie de provocateurs ou même de casseurs, alors qu’on ne déplore aucune casse. Voici du moins la version mille fois répétée par le ministre de l’Intérieur, chargé de gérer ce type d’actions, par les médias, ou du moins ceux à faible culture historique, et évidement par le camp d’en face, qui, quand il se fait déborder à son tour, l’attribue systématiquement à son propre extrême.

Manque de chance, aujourd’hui, l’info circule et les images aussi ; et qu’y voit-on : des personnes, à qui dans leur large majorité, on peut attribuer les qualificatifs énumérés plus haut : ils sont bien habillés, plutôt classiques, coiffés, ni trop court ni trop long et propres sur eux, et divine surprise, de tous âges et se mélangeant sans discrimination. Le 24 mars dernier, cette foule, dans ses attributs, y compris pour les jeunes installés sur les Champs-Elysées, n’avait pas grand-chose à voir avec ce qu’on attribue à l’extrême droite : crâne rasé, rangers… Plutôt que d’être devenue extré …miste, elle était surtout extrê…mement énervée d’être comptée pour rien au propre comme au figuré, et de n’être pas entendue. Il est vrai que la manifestation ne fait plus depuis longtemps partie de la culture de droite, mais tranquillement mais sûrement elle apprend : en novembre et en mars, elle a été remarquablement pacifiste, joyeuse et apolitique et elle en a vu le résultat ; car ce sont les mêmes, venus en masse de province qui étaient présents entre l’Etoile et le Pont de Neuilly ; ils ont compris que la bonne éducation n’était pas payante et qu’il fallait montrer plus de hargne et de détermination. Certes, elle n’en est pas encore à brûler les voitures, casser les vitrines et tirer sur les CRS — les habitudes ont la vie dure — mais attention quand même à la rage qui monte ; chaque extrême a son histoire, celle de la droite française aussi : elle n’a jamais eu grand-chose à voir avec le mouvement nazi, comme le montre le film très réaliste Guerrière sur la jeunesse actuelle néonazie, et l’excellent livre de Cohen et Péan sur le Pen ; Commentateurs et politiques auraient intérêt rapidement à réviser leur histoire s’ils veulent ne pas passer à côté de celle qui se fait en ce moment ; comme d’ailleurs François Hollande qui n’a rien trouvé de mieux que de s’exprimer un Jeudi saint ; dans son cas vendredi aurait été plus adapté.