« Les chrétiens sont là depuis 2000 ans ! » - France Catholique

« Les chrétiens sont là depuis 2000 ans ! »

« Les chrétiens sont là depuis 2000 ans ! »

Meurtri par un demi-siècle de violences, l’Irak voit se tarir l’antique présence chrétienne. Entretien avec Pascal Maguesyan, chargé de missions à l’association Mesopotamia et auteur d’un livre sur les trésors du patrimoine irakien.
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Monastère de Rabban Hormizd, juillet 2014.

Monastère de Rabban Hormizd, juillet 2014.

© Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA

Quelles sont les grandes lignes de la présence chrétienne en Irak depuis 2 000 ans ?

Pascal Maguesyan : Le christianisme s’est enraciné dans l’ensemble du territoire irakien. Rappelons que l’Irak, ce sont deux espaces antiques : l’Assyrie au nord et la Babylonie au sud. L’enracinement chrétien a commencé au nord. Dès le Ier siècle, trois apôtres du Christ ont voyagé vers l’Orient et notamment en Mésopotamie : Thomas, Thadée et Barthélemy. Et c’est Thomas qui a eu le zèle missionnaire le plus intense en créant, dès le Ier siècle, des communautés locales, principalement en évangélisant les juifs de Mésopotamie, présents depuis la déportation de Ninive puis de Babylone.

Ensuite, le christianisme s’est déplacé vers Mossoul, autrefois connu sous le nom de Ninive – la fameuse Ninive de la Bible –, qui était la « New York de l’Antiquité » d’un point de vue culturel. Il était essentiel pour les missionnaires chrétiens d’être présents là-bas.

Ensuite, progressant vers le sud, les missionnaires chrétiens se sont implantés à Séleucie-Ctésiphon, ancienne capitale impériale au sud de Bagdad, à la fois grecque et parthe, et ont constitué le premier patriarcat de l’Église d’Orient.

À partir de là, ils ont rayonné dans le sud de l’Irak. Ainsi aujourd’hui, à Najaf ou dans d’autres grandes villes chiites, on trouve des traces du patrimoine chrétien qui n’ont pas été explorées. Enfin, quand on descend vers Bassora, on trouve aussi des églises et des monastères qui attendent d’être redécouverts.

Le patrimoine religieux chrétien d’Irak est particulièrement riche. Quels sont les édifices les plus marquants ?

D’abord dans le nord de l’Irak, dans la partie montagneuse, à la lisière du Kurdistan d’Irak, vous avez le monastère semi-troglodytique Rabban Hormizd avec de nombreux ermitages (cf. photo ci-dessus). Il est emblématique : le prieur du monastère, qui l’était au titre de l’Église d’Orient, s’est rendu à Rome en 1553 et, face au pape Jules III, a fait profession de foi catholique.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.