Les Missions étrangères de Paris ouvrent grand leur histoire - France Catholique
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Les Missions étrangères de Paris ouvrent grand leur histoire

Avec l’Institut de recherche France-Asie (IRFA), inauguré le 16 janvier, les MEP veulent regrouper leurs précieuses collections patrimoniales et documentaires, afin de les rendre accessibles au plus grand nombre. Rencontre avec la directrice du nouvel Institut, Marie-Alpais Dumoulin.
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Le P. Paul Vial en costume de l'éthnie Miao au Yunnan vers 1897

Le P. Paul Vial en costume de l'éthnie Miao au Yunnan vers 1897

© MEP/IRFA

De quels fonds documentaires disposez-vous ?

Marie-Alpais Dumoulin : Le cœur de nos collections est notre fonds d’archives manuscrites conservant les documents personnels des Pères et ceux de l’administration des Missions depuis la fondation des MEP en 1658. Ces documents ont pour beaucoup traversé deux ou trois océans avant d’arriver à Paris ! Suite aux saisies révolutionnaires, une petite partie du fonds d’origine se trouve aujourd’hui aux Archives nationales.

Mais il ne nous reste pas moins de 500 mètres linéaires d’archives. En outre, une riche iconothèque a été structurée depuis les années 1870, rassemblant les photos prises en mission. Nous en avons aujourd’hui plus de 200 000, assorties d’un fonds audiovisuel constitué majoritairement d’enregistrements et prises de vue de type ethnologique.

Une bibliothèque dite « asiatique » met à la disposition du public les publications des Pères des MEP, mais aussi un fonds documentaire sur l’histoire du catholicisme en Asie et des religions asiatiques, ainsi qu’une cartothèque. L’IRFA conserve enfin une collection d’objets asiatiques, qu’ils soient artistiques, liturgiques ou du quotidien.

Quel savoir souhaitez-vous transmettre via l’IRFA ?

L’étendue des savoirs concernés par nos fonds est très vaste puisque, outre la théologie de la mission et l’histoire de l’Église, ils touchent la linguistique, l’ethnologie, la géographie physique et humaine, la botanique, la philosophie des religions… Pour vous donner un exemple, prenons un missionnaire au Japon, le Père Sauveur Candau (1897-1955) qui a voué sa vie à la connaissance de la culture japonaise en France et à la formation des catholiques japonais. Dans ses archives, nous trouvons aussi bien le manuscrit de sa traduction française des aphorismes poétiques d’un célèbre moine japonais du XIIIe siècle que sa traduction en japonais de l’Échelle de Jacob du philosophe français Gustave Thibon. Tous pourront ainsi constater ce qui fait depuis 1658 la belle spécificité des Missions étrangères de Paris : pas d’évangélisation sans approfondissement de l’apprentissage des langues et cultures, dans le respect des peuples, et sans formation d’un clergé local appelé à prendre la relève.

Quelles sont les pièces dont vous êtes la plus fière ?

Pour un archiviste, mettre en valeur un fonds ou une collection commence bien souvent par en publier un inventaire pour aider les chercheurs dans leur quête. C’est donc dans cette direction que s’oriente l’IRFA pour les mois à venir. Nous avons déjà commencé l’inventaire des fonds audiovisuels et la numérisation de leurs fragiles bobines, ce qui nous a permis par exemple d’exhumer des enregistrements de musique khmère sans doute fort rares.

Nous ouvrirons aussi à la recherche l’incroyable fonds Jacques Dournes (1922-1993), missionnaire chez les peuples montagnards Jörai au Vietnam, qui a tellement étudié leur culture, d’abord dans un but pastoral, puis comme véritable objet d’étude, que le grand ethnologue Georges Condominas a pu qualifier son travail du « plus vaste ensemble réuni directement par un seul chercheur sur le terrain »