Le village reprend vie grâce à Notre-Dame - France Catholique

Le village reprend vie
grâce à Notre-Dame

Le village reprend vie
grâce à Notre-Dame

Tombé dans l’oubli, le culte marial est de nouveau à l’honneur dans le village de Bargemon (Var), en Provence. Les pèlerins affluent et des réfugiés irakiens participent à ce renouveau.
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«Ne mentionnez pas mon nom. Quand je partirai, l’œuvre continuera sans moi, car elle est voulue par Marie. » Ainsi s’exprime avec humilité le curé de Bargemon depuis 2012. À son arrivée, il a découvert que le village avait été un important sanctuaire aux XVIIe et XVIIIe siècles. Mais, pour témoigner des grâces reçues pendant 150 ans par des pèlerins venus de la France entière, il ne subsiste qu’une fête annuelle, marquée par une messe au cours de laquelle une cinquantaine de personnes prient devant une toute petite statue – dix centimètres de haut.

Renaissance

La découverte du livre du Père Raphaël, Le Trésor inconnu, écrit en 1641 et réédité au XIXe siècle sera un choc : « Dans la prière, petit à petit, je comprends que la Vierge Marie souhaite que le sanctuaire renaisse. Je n’ai rien fait d’autre que de remettre en lumière son message d’appel à un retour à Dieu. » La Providence était à l’œuvre puisque le curé, ne sachant par où commencer, reçoit un appel du service diocésain pour organiser un pèlerinage à Bargemon.

Depuis, plus de 5 000 personnes par an viennent prier Marie en l’église Saint-Étienne. « J’ai accueilli neuf pèlerinages en juin. La fréquentation reste modeste à côté du sanctuaire marial de Cotignac, lui aussi dans le Haut-Var, qui accueille 70 000 personnes par an… Mais ce qui compte, c’est la qualité des conversions qui s’opèrent en ce lieu », confie le prêtre.

Une robe verte

Dans le sanctuaire, le pèlerin peut contempler la statuette dans une chapelle latérale, et au-dessus d’elle, un intrigant tableau peint par une artiste du village, selon la description de la Vierge relatée par le Père Raphaël. Notre-Dame de Bargemon ne correspond pas aux représentations mariales classiques. Elle n’est pas voilée et porte une robe verte. « Le vert est la couleur de l’émeraude, cette pierre précieuse dont parle l’Apocalypse (ch.4, verset 3) quand est décrite la gloire du trône de Dieu dans le Ciel. Marie veut mettre la royauté de Dieu sur la terre, souligne le curé de Bargemon. Quant à sa demande à Bargemon d’avoir “un nouveau manteau car celui qu’elle porte ne vaut plus la peine”, c’est un appel à la charité, à la restauration de la dignité de la personne. Ce qui fait la robe, c’est la dignité et cette dignité est abîmée chez les pauvres qui nous entourent », ajoute-t-il.

Réfugiés irakiens

Alors qu’il se nourrit de ce message marial, le prêtre est interpellé par le sort de réfugiés chrétiens irakiens, chassés de leur pays par l’État islamique. En 2015, il répond à leur détresse et accueille une centaine de personnes dans son presbytère et les bâtiments attenants, de 900 mètres carrés. Aujourd’hui, ils sont une quinzaine, trois familles précisément, à vivre à Bargemon. Seuls sont restés ceux qui ont voulu se mettre au service du sanctuaire. Les autres ont été aidés par le curé à s’installer ailleurs en France.

Fahed, lui, n’aurait pour rien au monde quitté le village varois. « Nous avons laissé nos familles en Irak. Je me sens comme un orphelin qui a trouvé en Marie sa mère. J’ai aussi découvert en moi le secret de la foi véritable. En Irak, nous étions chrétiens mais nous étions du monde. Bargemon c’est un endroit pour changer ton cœur. La Vierge Marie m’a dit : “ Si tu veux travailler pour mon Fils, tu dois laisser l’homme que tu étais avec tes péchés.” Je ne sais pas dire non à Marie. Je lui ai obéi et depuis, je ne reçois que grâce sur grâce. » Avec d’autres bénévoles du village, Fahed s’occupe de l’épicerie et des magasins de vêtements et de meubles solidaires. Les femmes, elles, participent aux ateliers de couture et de repassage.

Hausse des messalisants

La fécondité du lieu se voit aussi à travers la fréquentation de la messe. « Nous étions à peine une dizaine le dimanche, quand je suis arrivé en 2015, explique Fahed. Aujourd’hui plus d’une centaine de personnes assistent à l’office dominical. » Pour marquer le lien avec les chrétiens d’Orient, le Notre Père est récité en français et en araméen.

Conséquence : arrivé seul à Bargemon il y a dix ans, le curé est désormais assisté de deux autres prêtres, de sept franciscains venus d’Italie et de deux Sœurs, pour faire vivre le sanctuaire qui rayonne dorénavant bien au-delà de Bargemon. Fahed, spécialisé dans l’enseignement de l’art, a monté une entreprise de restauration d’églises. Grâce à lui, neuf chapelles du Haut-Var revivent après avoir été rénovées. « Une façon, dit-il, de rendre à Marie un peu des nombreuses grâces qu’elle m’a données. »