Le synode sur la Parole de Dieu - France Catholique
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Le synode sur la Parole de Dieu

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Du 5 au 26 octobre, se tient à Rome la 12e assemblée générale ordinaire du Synode des évêques sur le thème de La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église.

Deuxième synode général sous le pontificat de Benoît XVI, cette assemblée fait suite à celle de 2005 sur L’Eucharistie source et sommet de la vie et de la mission de l’Église qui avait donné lieu à la publication, le 22 février 2007, de l’exhortation apostolique Sacramentum caritatis du Pape Benoît XVI.

Le document préparatoire (lineamenta), publié en novembre dernier et envoyé à tous les évêques, consacre sa première partie à la Parole de Dieu qui ne signifie pas seulement la parole écrite mais bien la Parole révélée en la personne de Jésus-Christ.
Comme l’a expliqué le cardinal Vanhoye qui fut longtemps président de la Commission biblique pontificale : « La Parole de Dieu est vivante. La Bible est un texte écrit d’une grande importance parce que c’est un texte inspiré. Mais notre foi n’est pas une religion du Livre, ce n’est pas la religion biblique. Notre foi est une religion de la Parole de Dieu vivante, accueillie, qui nous met en relation personnelle avec Jésus-Christ et grâce au Christ, avec Dieu le Père » (30GIORNI, 6/7/2008).

De son côté Benoît XVI, au Collège des Bernardins, en se référant au Catéchisme de l’Église catholique (n°108), rappelait qu’on pourrait affirmer avec raison que le christianisme n’est pas une religion du Livre. Relisons ce passage du Catéchisme : « La foi chrétienne n’est pas une « religion du Livre ». Le christianisme est la religion de la ‘Parole’de Dieu, ‘non d’un verbe écrit et muet, mais du Verbe incarné et vivant’. Pour qu’elles ne restent pas lettre morte, il faut que le Christ, Parole éternelle du Dieu vivant, par l’Esprit Saint nous ‘ouvre l’intelligence des Écritures’ ».

Le Catéchisme renvoie à l’épisode évangélique des disciples d’Emmaüs qui met bien en relief la liaison entre la Parole de Dieu et l’Eucharistie. Ces deux disciples reconnurent Jésus à la « fraction du pain ». Auparavant nous dit l’évangéliste Luc, « en commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait ».
Dans sa magistrale leçon du Collège des Bernardins, Benoît XVI rappelait qu’« avec raison, dans le Nouveau Testament, la Bible n’est pas de façon habituelle appelée ‘l’Écriture’ mais ‘les Écritures’ qui, cependant, seront ensuite considérées dans leur ensemble comme l’unique Parole de Dieu qui nous est adressée. Ce pluriel souligne déjà clairement que la Parole de Dieu nous parvient seulement à travers la parole humaine, à travers des paroles humaines, c’est-à-dire que Dieu nous parle seulement dans l’humanité des hommes, à travers leurs paroles et leur histoire. Cela signifie, ensuite, que l’aspect divin de la Parole et des paroles n’est pas immédiatement perceptible ». (1)

Déjà en 1983, le cardinal Ratzinger (2), dans sa fameuse conférence prononcée le 15 janvier à Notre-Dame de Fourvière, à Lyon, et le 16 à Notre-Dame de Paris, sur Transmission de la foi et sources de la foi, mettait en garde contre une catéchèse qui partirait seulement de la Bible et pourrait ainsi se perdre dans la recherche des différentes strates du texte biblique.

« Si l’on ne considère la Bible que comme une source au sens de la méthode historique (ce que, certes, elle est aussi), alors l’historien est seul compétent pour l’interpréter ; mais alors aussi, elle ne peut nous donner autre chose que des renseignements historiques ».
C’est pourquoi le document préparatoire, dans sa deuxième partie, traite de la Parole de Dieu dans la vie de l’Église et donc des domaines privilégiés où les fidèles sont mis en contact avec la Parole de Dieu par la prédication et la liturgie. La troisième partie de ce document aborde la mission de l’Église : le grand trésor dont elle vit, elle doit le transmettre aux autres, aux proches et aux lointains, aux catho­liques qui se sont éloignés de l’Église, mais aussi à ceux qui n’ont pas encore connu Jésus-Christ.
Un des textes majeurs du Concile est la constitution dogmatique Dei verbum sur la révélation divine, promulguée le 18 novembre 1965, qui avait ouvert la voie à un renouveau de la place primordiale de la Parole de Dieu dans la vie de l’Église.

Le Synode devrait mettre en relief le lien de celle-ci avec l’Eucharistie, un lien parfaitement exprimé par le Compendium du Catéchisme de l’Église catholique en expliquant le sens de cette demande du Pater : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » : « Puisque ‘l’homme ne vit seulement de pain, mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu’ (Mt 4, 4), cette demande concerne également la faim de la Parole de Dieu, et du Corps du Christ reçu dans l’Eucharistie, ainsi que la faim de l’Esprit saint. Nous demandons cela avec une confiance absolue, pour aujourd’hui, l’aujourd’hui de Dieu et cela nous est donné surtout dans l’Eucharistie, avant-goût du banquet du Royaume qui vient ».

On notera enfin que le Pape a désigné un bibliste africain, Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinshasa comme secrétaire spécial de ce synode, mettant ainsi en relief la place importante prise par l’Afrique dans l’Église, où le nombre des catholiques est en augmentation.
Par ailleurs, Benoît XVI a personnellement invité Shear-Yashuv Cohen, grand rabbin de Haïfa (Israël) à intervenir au Synode. C’est la première fois qu’un non-chrétien est invité à s’exprimer devant pareille assemblée.

Georges DAIX

(1) Cf. page 19-21, Benoît XVI en France, un volume de 106 p., éditions Téqui, 6 €.

(2) Signalons sans attendre le grand et beau livre sur La pensée de Benoît XVI : Introduction à la théologie du cardinal Joseph Ratzinger, du dominicain Aidan Nichols, traduit de l’anglais par le père Éric Iborra et Pierre Lane, 492 p., Ad Solem, 29 €.