Le renouveau des confréries corses - France Catholique
Edit Template
L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
Edit Template

Le renouveau des confréries corses

Depuis les années 2000, la Corse connaît une spectaculaire résurgence de ses confréries. Un mouvement accompagné par l’Église et marqué par un retour des jeunes à la tradition.
Copier le lien
La confrérie de saint Laurent, de Peri, assiste au salut au Saint-Sacrement.

La confrérie de saint Laurent, de Peri, assiste au salut au Saint-Sacrement.

© Confrérie Saint-Laurent

Une à deux nouvelles confréries voient le jour en Corse chaque année. Elles sont désormais plus d’une centaine sur l’île de Beauté, soit environ 3 800 membres. Comment expliquer un tel phénomène et quel regard le diocèse porte-t-il sur ces associations de laïcs ?

Le vicaire général, le Père Jean-Yves Coeroli, chargé d’accompagner les confréries pour l’Église en Corse, constate que le regard du clergé a changé depuis vingt ans : « Nous sommes plus positifs et bienveillants, nous encourageons ce que nous percevons comme une partie prenante de l’évangélisation. »

Il n’en a pas toujours été ainsi. Au début des années 1970, les confréries retrouvaient de la vigueur grâce au riacquistu, la « réappropriation » en langue corse, un mouvement qui alimentait le creuset culturel du nationalisme. Aujourd’hui, ses membres sont loin de revendiquer un ancrage politique. La confrérie est un moyen de faire vivre ses racines, y compris chrétiennes, pour affermir une communauté, surtout en milieu rural, dans un contexte mondialisé.

Intronisé par le prêtre

« Il ne s’agit pas de folklore. Il y a un engagement très important des confrères dans la vie paroissiale », souligne le Père Jean-Yves Coeroli. La partie la plus visible de cet engagement se manifeste lors de la Semaine sainte, quand les pénitents des différentes confréries portent la croix, ou, durant l’été, par la procession du saint local dans les ruelles sinueuses des villages. Pourtant, devenir membre d’une confrérie nécessite de vivre d’abord une année de noviciat, en étant bien sûr baptisé et confirmé. Puis, lorsque le laïc est jugé digne d’entrer dans la confrérie, le prêtre l’intronise en respectant tout un rituel liturgique, en présence du prieur : appel de l’Esprit Saint sur le nouveau confrère en chantant le Veni Creator, prise de l’habit avec le camail aux couleurs du saint patron local et port du cordon qui symbolise l’obéissance.

Signe des temps, de plus en plus de jeunes membres de confréries réclament des enseignements assurés par le curé de leur village. Ce sont eux qui font prier lors des processions et qui assurent l’animation de la messe avec les chants traditionnels, en latin ou en corse. « L’aspect choral amène beaucoup des 15-25 ans à intégrer les confréries et donc à revenir à l’Église », constate Jean-Yves Coeroli.

Des confréries mixtes ou 100 % féminines voient également le jour. « Nous sommes de moins en moins sexistes », dit en souriant le vicaire général, qui conclut : « Les confréries sont désormais l’interface dont nous avons impérativement besoin dans la société. »