Le poids de la France - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

Le poids de la France

Ouverte le 3 mai, la campagne des élections européennes du 26 mai prochain est d’abord un exercice d’humilité : la France compte relativement peu dans l’appareil institutionnel de l’UE.

EUROPE

Copier le lien
brussels-4056171_1280.jpg

La Journée de l’Europe le 9 mai le rappelle : la construction européenne a été essentiellement une affaire française, à laquelle le nom de Robert Schuman reste indissociablement attaché. Avec lui, beaucoup de hauts-fonctionnaires, plus ou moins connus, y ont consacré l’essentiel de leur carrière. La majorité des critiques naguère adressées à l’Union en Europe visaient d’ailleurs en réalité celle-ci comme une construction intellectuelle et administrative française. Cette prépondérance, moins politique que culturelle, a duré jusqu’à Jacques Delors, qui a présidé la Commission de 1985 à 1995. Michel Barnier est le dernier représentant de cette tradition qui, à travers la démocratie-chrétienne et le gaullisme social, a conçu l’Europe.

Renouvellement à l’automne
Deux fois commissaire européen, ministre français des Affaires étrangères auquel Chirac a fait porter la responsabilité de l’échec du référendum de 2005, Michel Barnier est revenu sur le devant de la scène à Bruxelles comme négociateur en chef du Brexit. Faisant de l’ombre au triumvirat Juncker-Tusk-Mogherini à la tête de la Commission, du Conseil et des Affaires étrangères de l’Union. Mais Michel Barnier ne s’est pas porté candidat à la présidence de la Commission, sa formation, le Parti populaire européen, en ayant choisi un autre. Il peut néanmoins être un candidat de compromis en cas de majorité insuffisante et de la nécessité d’alliances de dernière heure.
L’un des tout premiers enjeux des élections du 26 mai sera ainsi le remplacement des trois responsables de Bruxelles qui doit intervenir à l’automne. Même si le système dit des Spitzenkandidaten – têtes de liste –, introduit en 2014, n’a pas été officiellement entériné, chaque coalition au Parlement européen a désigné un chef de file qui, en cas de victoire, devrait devenir, quasi-automatiquement, le président de la future Commission, à la place du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker. Cela a été regardé comme un progrès démocratique, mais les élus français n’ont pas été en capacité de peser sur ces choix car ils ne sont que 73 sur 750. Et ils sont trop dispersés entre les groupes pour peser sur l’un ou l’autre.

Des Français trop dispersés
Ainsi, les élus LRM ne sont pour l’instant rattachés à aucun groupe, pensant créer leur propre formation à Strasbourg. Ils se retrouveront peut-être avec les Libéraux, qui pourraient néanmoins comme groupe charnière faire l’appoint d’une majorité. Les Républicains sont une infime partie du PPE, peut-être une dizaine d’élus sur 180. L’aura de Marine Le Pen ne lui a pas permis de prendre la tête du mouvement de convergence des formations à la droite de la droite, qui obéit à l’impulsion du chef de la Lega italienne, Matteo Salvini. Quant aux « Verts », ils sont depuis longtemps dynamisés par les Grüne allemands.
Le système des quotas par État membre a également limité l’accès de nationaux français aux concours de recrutement de la fonction publique européenne. Les postes de direction doivent respecter une parfaite égalité. Au sein de la Commission, chaque État membre, quelle que soit sa taille, dispose d’un seul portefeuille. Il y a un commissaire français – actuellement Pierre Moscovici – comme il y a un commissaire maltais ou chypriote. La négociation ne peut guère porter que sur l’importance du secteur qui lui est dévolu. Moscovici a ainsi la notable responsabilité budgétaire.
La disparité entre la volonté du gouvernement français de peser sur les décisions européennes et la faiblesse de sa représentation, tant au Parlement qu’à la Commission, empêche que notre pays soit entendu et atteigne ses objectifs.