« Le grand retour de l’invisible » - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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« Le grand retour de l’invisible »

Marie de Hennezel, psychologue clinicienne, a consacré sa vie à l’accompagnement des mourants. Dans L’Adieu interdit (Plon), l’ancienne élève des Maisons d’éducation de la Légion d’honneur dénonce le déni de la mort au temps du coronavirus et rappelle la nécessité de s’y préparer. Entretien.

Marie de Hennezel

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La mort de Joseph, père du Christ, sanctuaire de La Salette.

La mort de Joseph, père du Christ, sanctuaire de La Salette.

© Catherine Leblanc / Godong

Que nous enseigne la crise que nous traversons au sujet de l’idée d’une bonne mort ?

Marie de Hennezel : Nos contemporains sont loin d’une bonne mort. Ils ne méditent pas. Ils ne sont plus dans le religieux. Ils ne parlent pas de leurs proches décédés. Ils ne sont pas capables de parler de la mort d’une façon naturelle. Pourtant le coronavirus nous invite à remettre la mort au centre de nos vies. Nous sommes sur terre pour quelque chose. Alors quel est le sens de la vie ? Et comment se préparer à mourir ? Ces questions sont primordiales. Le premier confinement a cependant déclenché un début de prise de conscience. La perception d’une fragilité. L’idée qu’il faut quand même réfléchir à l’essentiel. Mais quand nous écoutons nos hommes politiques, chez la plupart, nous avons le sentiment que le seul message qu’ils soient capables de faire passer est : « On ne doit pas mourir ! » Au sein du gouvernement et du Conseil scientifique, peu ont dû accompagner un mourant… Mais il est vrai que la familiarité avec l’accompagnement en fin de vie vient très souvent d’une expérience personnelle, y compris chez les médecins.

Le coronavirus rend-il l’idée même de mort tabou ? Sommes-nous dans un grand déni ?

Il y a un grand paradoxe. Parmi les biens essentiels, on laisse ouverts les bureaux de tabac quand on sait que le tabac est responsable de 73 000 morts par an, soit autant que le covid. En fumant nous pouvons donc mourir d’arrêt cardiaque, de cancer du poumon, d’obésité… Mais surtout pas du covid !

Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.