Le difficile mais nécessaire dialogue interreligieux - France Catholique
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Le difficile mais nécessaire dialogue interreligieux

PAPE AU MAROC

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La visite que le Pape vient de rendre au Maroc confirme sa volonté de conforter les relations entre chrétiens et musulmans, alors que l’extrémisme islamiste opère les ravages que l’on sait, au risque de dresser des obstacles mortels à la coexistence des religions. De ce point de vue, il ne contredit nullement ses prédécesseurs et notamment Jean-Paul II qui, en réunissant à Assise les religions du monde entier, avait voulu montrer que leurs différences ne conduisaient pas nécessairement au conflit et même à la guerre. Le souvenir des guerres de religion reste tenace en Europe. Il a même déterminé un changement de paradigme en philosophie politique. Et les choses ont pris une nouvelle dimension à l’époque contemporaine. On ne prête peut-être pas suffisamment d’attention à ce qui se passe en ce moment dans certaines régions d’Afrique, notamment au Nigeria mais aussi au Mali et au Burkina Faso, avec la persécution meurtrière des chrétiens qui ne fait pas la une de nos journaux.

Le Maroc se distingue par une certaine tolérance. La communauté juive a souvent été protégée par ses souverains. Le roi Hassan II avait déjà invité Jean-Paul II, qui avait pu s’exprimer devant 80 000 jeunes marocains. La visite de François est bien dans la suite de cette volonté d’ouverture, qui ne va pas toutefois, sans quelque difficulté. Que le Pape ait célébré, hier après-midi, la messe devant 10 000 fidèles est incontestablement un signe positif. Est-ce à dire que tous sont disposés à admettre que « la liberté de conscience et la liberté religieuse sont inséparablement liées à la dignité humaine », pour reprendre les paroles du Pape à Rabat ? Il y a sans doute, de la part du roi et des autorités du pays, un désir de se distinguer du fanatisme ou du fondamentalisme, et la constitution marocaine garantit la liberté religieuse. Son exercice concret n’est pas toujours facile.

Ce qui est sûr, selon les paroles célèbres du cardinal Tauran, c’est qu’il n’y a pas d’autre possibilité que d’ouvrir le dialogue, sinon c’est forcément la guerre. Le dialogue même timide dans un pays comme le Maroc est donc à encourager, en souhaitant qu’il s’étende bien au-delà.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 1er avril 2019.