Le début d’une prise de conscience - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Le début d’une prise de conscience

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© Pascal Deloche / Godong

Tandis que le coronavirus semble en recul, de nombreuses questions vont désormais voir le jour. Quelques-unes très surprenantes. Par exemple, Qui – en dehors de grands personnages historiques tels que Sait Benoit, Saint Jean de la Croix, Dostoïevski, Soljenitsyne – savait que d’être confiné pouvait avoir des effets bénéfiques ? Et de tant de façons ? Et inspirer des réflexions spirituelles, de bons conseils pratiques, et beaucoup d’humour (macabre).

Et je ne fais que gratter la surface. Nous ne sommes pas aussi pauvres et mesquins et sauvages que nous le paraissons parfois, même à notre propre avis.

Parmi les chrétiens, et c’est légitime, un débat est en cours pour savoir si le virus est un « châtiment » pour les nombreux péchés du monde moderne, même dans les pays chrétiens ou anciennement chrétiens. Dans la nature des choses, nous ne pouvons rien affirmer à moins d’avoir reçu un message d’en haut. Mais que ce soit Dieu qui nous ait envoyé cette peste, ou qu’Il l’ait simplement permise, Il doit vouloir qu’il en sorte du bien. Et de façon inattendue, c’est déjà le cas.

Sur un plan personnel, je suis convaincu que le virus a rendu ma vie plus saine qu’avant (anxiété mise à part.) : aucun voyage professionnel épuisant ; plus d’avions bondés avec leurs propres agents pathogènes ; plus de nuits dans des hôtels étrangers, ni de dîners au restaurant ; travail, nourriture, repos et exercice plus réguliers ; temps calme à la maison. Et même quelques habitudes spirituelles meilleures. Parmi les choses dont je disais que je les ferais « quand j’aurais du temps », j’ai appris l’alphabet hébreu (c’est un dur travail, croyez-moi). De simples passages de l’Ancien Testament sont prévus pour la suite – à moins que j’oublie ce que j’ai appris avant d’y arriver.

Je suis curieux de savoir quels bénéfices les lecteurs de « The catholic thing » pensent avoir tiré de ce temps étrange. Nous nous sommes concentrés sur beaucoup de pertes : morts, hospitalisations, fermetures, menaces financières, isolations, interruptions. Il est certain que c’est terrible, mais peut-être pouvons-nous mettre tout cela de côté, au moins un moment. Il y a eu également des bénéfices publics – dans l’Église et dans le monde. Le moindre n’étant pas que le virus va nous obliger à repenser beaucoup de choses que nous considérions comme acquises il n’y a pas si longtemps.

Juste une liste partielle.

La messe. Avant, personne ne s’attendait à ce que, en substance, le monde entier doive se passer de messes régulières. Le sentiment palpable de privation qui en a émergé, non seulement dans notre pays, mais également dans de nombreux pays étrangers, montre que la messe n’est pas aussi marginale pour les gens que nous avions pu le penser. Certains pourront partir à la dérive maintenant, mais beaucoup d’autres pourront l’apprécier davantage quand les messes publiques reprendront.

Les églises. Oui c’est avec des raisons, de très bonnes raisons que les évêques ont donné des règles de distanciation sociale. Et oui, il y a des endroits où – si on avait ouvert les églises – les gens n’auraient pas suivi les règles et se seraient mis, eux-mêmes et les autres, en danger. Tout de même, les catholiques les plus fervents pensent – avec raison – que nous aurions pu faire quelque chose de plus, tout en suivant les bons conseils médicaux, car les sacrements catholiques sont des réalités tangibles et urgentes. Les autorités fédérales se préparent à l’éventualité d’une autre vague du virus à l’automne prochain. L’Eglise aussi doit s’y préparer. Comme nous l’avons découvert, les églises sont essentielles.

Soin des malades graves et des mourants. Les sacrements sont le moyen ordinaire pour Dieu de répandre sa grâce. Les prêtres peuvent apprendre les précautions médicales nécessaires pour faire une onction aux mourants, ou réconforter les malades sans transmettre la contagion. Certains diocèses en ont déjà fait l’expérience ; tous les diocèses devraient l’essayer. Le virus nous a appris que le peuple de Dieu a besoin du soin des prêtres.

Et ceci soulève d’autres questions.

L’Église et l’État. L’État moderne a depuis longtemps commencé à pousser la religion hors de sa place traditionnelle dans la société. L’État a son rôle à jouer dans la pandémie ; mais l’Église aussi.

Les Nations. Jésus a dit à ses disciples d’aller prêcher l’Evangile à toutes les nations. Même si on accepte de donner un sens différent à ce qu’il a voulu dire, cela devrait nous donner à réfléchir. L’Eglise est un corps universel, mais c’est une mauvaise interprétation de sa mission, quand ses chefs essayent de faire des nations du monde un Etat universel. Les nations européennes n’ont pas mis longtemps à fermer leurs frontières quand le virus a frappé. L’Amérique a eu raison de faire de même. Les nations individuelles en tenant compte de leurs circonstances particulières, établissent des quarantaines, prennent soin des malades et des mourants< ; Les régions, les villes et même les simples familles en font autant. Nous avons même vu apparaître une redécouverte du constitutionnalisme dans les débats sur la façon de gérer le virus. Le nationalisme n’est pas le nazisme, comme le croient certains chefs de l’Eglise. S’ils sont bien compris, le nationalisme et la nation, comme nous pouvons le constater grâce à l’épidémie, jouent un rôle dans le bon ordre du monde. Les organismes internationaux. C’est aussi le cas des organismes internationaux. Mais comme nous l’avons vu clairement avec le cas de la Chine, même des organismes apparemment bienveillants comme l’Organisation Mondiale de la Santé (Qui, à propos, est depuis longtemps promoteur de l’avortement) ont des intentions politiques – et leurs personnels ont leurs propres intérêts. La pandémie a révélé que ce qui est international n’est pas toujours bon, et ce qui est national pas toujours mauvais.

Application des questions essentielles. Même d’anciens païens, du temps où les païens étaient plus avertis et savaient que les vertus étaient la clé de la prospérité, regardaient la vie et la mort ; ils voyaient que les humains avaient besoin de se discipliner pour faire face aux inévitables défis de la vie, et de voir à quel point ce que les gens trouvent important dans leurs vies de tous les jours peut être de la distraction, et même de la corruption. Le virus a éliminé beaucoup de cela, et nous pouvons espérer que les gens ne retourneront pas à des illusions vides une fois le danger passé.

Bien sûr, les chrétiens croient que la formation de la personnalité en plus d’une bonne discipline personnelle, est un moyen de nous « configurer » au Christ. Mais les chrétiens eux-mêmes peuvent tomber dans de mauvaises habitudes. Certains d’entre nous ont besoin d’être éjectés de la routine pour trouver leur vraie vie. Et peut-être bien que cela aussi est un bienfait du virus.

Mais nous pouvons être sûrs que si nous prenons au sérieux les questions que le coronavirus a fait surgir devant nous, non seulement nous serons mieux préparés pour de telles pandémies futures, mais encore préparés à mieux vivre nos vies de foi, et nos engagements civiques, que nous ne l’avons été avant que le Covid-19 ne nous mette à l’épreuve.