« Le coronavirus met à nu la fragilité de notre existence » - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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« Le coronavirus met à nu
la fragilité de notre existence »

Méditation de l'évêque émérite de Carpi, Mgr Francesco Cavina, au sujet de l'épidémie de coronavirus qui a frappé l’Italie.
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© Catherine Leblanc / Godong

« Un virus microscopique paralyse le monde, et la présomption de l’homme de maîtriser son destin se transforme immédiatement en esclavage. Une entité si petite, que nous ne voyons même pas, nous domine et brise le rêve de vouloir construire le paradis sur terre.

C’est un événement qui, une fois de plus, nous confronte à la vérité de la condition humaine, car elle met à nu sa faiblesse et sa fragilité. En même temps, il constitue une bonne occasion pour l’exercice de la vertu d’humilité qui, quand elle est vraie, nous amène à nous agenouiller devant le Seigneur pour comprendre qui est réellement l’homme.

Dostoïevski, dans Les Possédés, fait dire à Kirillov que la perte de Dieu par l’homme ne constitue pas la mort de Dieu, mais celle de l’homme, car elle se manifeste par la peur. Et l’homme qui vit dans la peur est déjà vaincu, parce qu’il n’est plus libre. Une société où les droits de Dieu et la prière ne sont plus jugés nécessaires est vouée à la ruine. L’Église a pour mission de rappeler la primauté de Dieu, non pas pour la défense de Dieu – qui n’a pas besoin d’être défendu – mais pour la défense de l’homme qui, privé d’adoration, devient un homme mutilé.

Le philosophe Gustave Thibon écrit : « Pour l’homme religieux, boucler la boucle signifie achever le cycle qui ramène à Dieu ce qui est sorti de Dieu. Tout ce que les saints connaissaient autrefois de la création, c’est qu’elle doit revenir à Dieu, et l’objectif était plus important que le voyage. Aujourd’hui, nous connaissons beaucoup mieux le chemin de la création, nous l’avons jalonné, pavé, rendu adapté au transport, mais nous avons oublié le but et nous courons, précipités alternativement du faux espoir au vrai désespoir, sur une route qui ne mène nulle part car elle tourne autour de l’homme » (In Le Voile et le Masque).

Lorsque l’humanité succombe à la grande tentation de se suffire à elle-même, dans une sorte d’orgueil collectif, elle prétend alors résoudre ses problèmes en autonomie absolue. Mais cela ne se passe pas ainsi ! Un monde réduit au travail, à l’organisation, à la technique et à la science, où la prière et la contemplation font défaut, devient une sorte d’enfer.

L’épreuve que nous vivons doit conduire les chrétiens à confier les besoins de l’humanité blessée au Seigneur, par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie. Pour cette raison, j’invite (…) à prier le Saint Rosaire afin que cette souffrance se transforme également en grâce. Le maire de Florence, Giorgio La Pira, a rappelé que « la vraie ville est celle où les hommes ont leur maison, et où Dieu a sa maison ». En d’autres termes, une expression visible de la dimension du culte au sein de la société est indispensable pour que la société soit vraiment humaine.

Louons donc le Seigneur pour sa grandeur ; remercions-Le pour ses dons ; tournons vers Lui notre supplication pour qu’il vienne suppléer notre pauvreté, pardonner nos péchés et nos erreurs, et nous faire connaître la joie de revenir vers Lui, source de la vraie vie et de l’accomplissement de tout désir. »