Le cœur et la raison - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Le cœur et la raison

Avortement

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© Philippe Lissac / Godong

L’adoption par l’Assemblée nationale d’une loi destinée à inscrire dans la Constitution le droit à l’avortement marque une étape sérieuse dans le dévoiement de notre système législatif. Sans doute est-on encore loin du but poursuivi, car il y faudrait l’accord du Sénat, qui n’est pas acquis. Mais le fait que 337 députés contre 32 aient voté en faveur d’une telle loi et que ces députés appartiennent à toutes les appartenances politiques de l’Assemblée doit être analysé soigneusement. Il faut bien constater qu’en France, contrairement aux États-Unis, la pression des lobbies pro-abortifs n’est pas contrebalancée par l’importance d’une opposition pro-vie. L’influence des médias n’y est pas pour rien, non plus que l’absence d’une riposte structurée d’une opinion religieuse. La défense de la vie naissante n’est sans doute pas l’apanage des seuls croyants, mais ceux-ci trouvent dans leurs textes fondateurs et leurs traditions de quoi assurer leurs plus solides convictions.

Faut-il rappeler les trésors de l’Écriture sainte : « C’est toi qui as formé mes reins, qui m’as tissé dans le sein de ma mère » (Ps 139, 13). Et cette exclamation du prophète Jérémie : « Avant que je t’eusse formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu fusses sorti de son sein, je t’avais établi prophète des nations » (Jr 1, 5). Cette certitude de l’Écriture ne correspond-elle pas à la plus vive sensibilité humaine ?

En quelques décennies, il s’est pourtant produit une mutation considérable des mentalités, dont les sondages font état et dont rendent compte les affirmations péremptoires des leaders d’opinion.

Ainsi, un hebdomadaire d’origine chrétienne, mais qui a depuis totalement renié l’héritage de ses fondateurs – Jannick Arbois-Chartier a toujours dénoncé pareille trahison – ose ouvertement se féliciter de la décision des députés. Un autre magazine, lui d’inspiration carrément areligieuse, dénonce « le côté sombre de Mère Teresa », coupable selon lui d’avoir toujours défendu la cause des enfants à naître, jusque dans son discours de réception du prix Nobel de la paix.

Individualisme effréné

Faudrait-il donc se résigner face à une telle mutation de la sensibilité ? Mais elle n’est pas universelle, car elle affecte d’abord les pays d’Occident et se caractérise par l’expansion d’un individualisme effréné. Dans ce contexte, il n’y a plus guère d’obstacles à la modification substantielle du droit. De la loi Veil en 1974 qui n’admettait « l’interruption volontaire de grossesse » que comme une exception au droit, on est parvenu à l’affirmation sans restriction d’un droit absolu célébré comme libération de la femme.

Résistance en conscience

Il ne faut pas se faire d’illusion. Pour aller à l’encontre de cet individualisme, les armes offertes par l’expression politique et les batailles juridiques nous mettent en état d’infériorité. Une volonté de résistance ne peut s’affirmer que sur le terrain de la conscience. Peut-être faudrait-il alors recourir à cet art de persuader que Blaise Pascal développait déjà à l’encontre d’une opinion rétive. Comme les vérités de foi, il y a des vérités d’ordre anthropologique qui partent du cœur pour s’imposer à l’esprit. Dieu sensible au cœur ? La vie de l’enfant à naître ressort aussi de cette sensibilité du cœur qu’il s’agirait de recouvrer.