Le cléricalisme et ses remèdes - France Catholique
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Le cléricalisme et ses remèdes

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Depuis 2016, le mois de Novembre réveille en mes pensées les incidents — les racontars, les calomnies — qui ruinèrent ma fin de carrière à la Faculté ”Providence College”, où j’avais enseigné pendant vingt-sept années et où j’avais été l’auteur le plus prolifique et l’animateur le plus énergique de la faculté. C’était tombé comme la foudre.

À cette époque, mes amis ont essentiellement accusé le cléricalisme. Pour eux, les Dominicains faisaient corps, tout en sachant que parmi eux se trouvaient deux brebis galeuses. Et le ”Chargé d’affaires” [en Français dans le texte] de l’Évêque camouflait le problème, décourageant l’implication de son supérieur

Mes amis étaient irréprochables. Je me demande ce qui aurait pu se passer si quelques prêtres avaient permis à la justice de s’immiscer dans les règles tacites du club et de me convoquer « présentez-vous immédiatement devant votre président. » La colère suscitée par une juste cause peut soulever des montagnes.Elle peut parfois émouvoir un bureaucrate.

La tentation est grande de penser que le cléricalisme est un mal propre au clergé, et que si les laïcs avaient davantage de pouvoirs il n’y aurait pas tant de scandales. . . .Si seulement . . . .À voir, . . .

Les plus agressifs des laïcs séculiers de la Faculté Providence ont constitué un semblant de clergé, aussi strict que des rosaristes, mais sans la Loi, les Prophètes, l’Évangile. J’imagine qu’on en rencontre partout.

C.S. Lewis a décrit ce phénomène dans son Essai ”The Inner Ring” [L’anneau intérieur]. Selon Lewis on trouve dans tout organisme humain quelques membres qui ”en font beaucoup”, en bien comme en mal. Nous sommes des êtres sociables créés pour participer spécialement au Corps Mystique du Christ qu’est l’Église.

Le cléricalisme est une forme de dérive sociale. Selon Lewis, on peut en venir à tomber dans l’erreur. Ce peut n’être généralement pas grave. Par exemple, Mark Studdock, cité par Lewis : Cette force hideuse, en rédigeant des articles pour l’Institut National de Coordination des Expérience, ,où il constate que, pour la première fois, il écrit quelque chose dont il sait que c’est un mensonge.

Pourquoi ses supérieurs l’inciteraient-ils à agir ainsi ? Certes pas simplement parce qu’ils veulent répandre le mensonge. Ils veulent tenir Studdock sous leur coupe. Ils soumettent un homme compétent mais instable à l’ambition d’être dans le camp de ceux, les ”importants”, qui ont le pouvoir.

Certains laïcs, selon mon expérience, sont aussi clercs que les clercs. Les clercs sont atteints par une forme plus virulente de ce mal, dirons-nous, car ils sont peersuadés de leur sainteté. Peut-être, mais ils disposent du remède plus facilement accessible avec l’examen de conscience, par les enseignements de l’Église, et les paroles de Jésus qui ne mâche pas Ses mots.

On peut trouver trois sous de différence entre clergé clerc et laïc clerc. Trois sous, mais pas un Euro. Mgr. L’Archevêque Rambert Weakland fusillait les bien-pensants qui harcelaient un homosexuel notoire.

Oserai-je croire que les laïcs ne le feraient jamais ? Je n’imagine pas que les laïcs de Weakland n’étaient pas au courant, . . . un simple clin d’œil. . . Les gens étrangers à l’affaire pourraient bien s’en tenir au catéchisme, . . . .

L’empathie apporte-t-elle une réponse ? Je ne le pense pas ! Comment l’empathie, à dire vrai, peut-elle vous épargner l’envie d’appartenir ? Les gens empathiques se rapprochent de leurs voisins. Ils captent tout ce qui les entoure. Ils saisissent instantanément les sentiments de leur entourage, ne laissant rien aux ”mauvais chevaux” comme moi.

Jésus souffrait avec ceux qui souffraient, mais on n’a jamais senti qu’il était accommodant avec les autres. Quand le monde est pourri, l’empathie n’apporte aucun bien. L’empathie peut tout aussi bien vous mener vers l’enfer.

Je peux imaginer deux remèdes partiels contre le cléricalisme. Tous deux sont paradoxaux L’un est la solitude. « Il n’est pas bon que l’homme soit seul », dit Dieu avant de créer Êve, compagne d’Adam. Nous avons été créés pour l’amitié. Mais il importe de donner un ordre à l’amitié. Aristote expliquait qu’il était l’ami de son maître Platon, mais encore plus l’ami de la vérité.

Jésus s’éloignait fréquemment de la foule, et même de Ses amis, pour prier le Père plus intimement.Pour le troupeau imparfait que nous formons, une sorte de résistance à la familiarité, parfois même une difficulté à éprouver une amitié intime peut nous protéger de l’envie de soumission. La bureaucratie est lubrifiée de bons sentiments. À nous de nous défendre en élevant des barrières.

Le second remède se trouve dans la Loi. Je n’entends pas par là la sévérité des sanctions. Tout dépend du patient et du malaise. Selon moi, la Loi est un rempart contre l’empathie et la familiarité. La Loi préserve la vie du club. Non la loi du club — Loi non écrite — fond de la vie du club, mais la Loi extérieure au club, à laquelle le club est soumis. Selon moi, la Loi est simple : « tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton voisin » Ou : « tu ne feras pas appel à des arguments politiques pour bloquer des discussions à l’Université. ». C’est tout.

Un membre du club peut donner un coup en pleine mâchoire. Songez aux abus de langage de certains prêtres. Pas sociable, celui qui donne des coups de poing.. Quelques dents cassées peuvent bien briser quelques existences Mais un club qui tourne mal ne durera guère, on le constate bien dans l’enseignement, en politique, dans les affaires, dans les distractions, et — hélas — au sein de l’Église.