Le Chemin des Dames - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Le Chemin des Dames

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La concentration sur la consultation si importante qui retient l’attention des Français marginalise forcément d’autres événements, que l’on aurait tort pourtant de minimiser. Je songe, par exemple, aux cérémonies commémoratives que François Hollande a présidées dimanche au Chemin des Dames. Ces lieux me sont proches pour les avoir visités dès mon enfance. Je suis passé des dizaines de fois devant la grande croix qui signale la route du chemin des dames, entre Soissons et Laon sur la nationale 2. C’était, à chaque fois, une sorte de frisson qui me parcourait, parce que c’était le rappel d’une immense bataille, avec des dizaines de milliers de morts dans les deux camps. Et puis il y a des sites qui frappent aussi l’imagination comme la grotte du dragon, des villages martyrs comme Craonne, dont une célèbre chanson évoque la tragédie, avec le souvenir de ces garçons de vingt ans promis au massacre.

Enfant, j’ai joué dans les ruines de l’abbaye de Vauclair, détruite par cette guerre. Une abbaye cistercienne, fondée par saint Bernard et qui avait perduré jusqu’à la Révolution. Symboliquement, sa grandeur d’antan nous renvoyait aux blessures de l’histoire. Je ne veux pas faire trop de lyrisme, mais la phrase célèbre de Valéry sur les civilisations mortelles prenait du sens, en renvoyant aux strates diverses du passé. En dépit des ravages des grandes batailles, cette région de l’Aisne a conservé une bonne partie de son patrimoine architectural, notamment ses petites églises romanes. Il n’empêche. De vastes zones retournées par les obus devaient ressembler au Verdun de 1916. En se promenant dans le calme revenu des villages paisibles, on se dit que parfois l’enfer peut investir ce qu’on croit protégé.

François Hollande a voulu tirer la leçon de la tragédie, un siècle après : « Battons nous à notre façon jusqu’à notre dernier souffle, jusqu’à notre dernier instant de responsabilité, pour la dignité humaine et pour la réconciliation de toutes les mémoires. » Au moins, là-dessus, on peut dégager une certaine unanimité morale, même s’il y a désaccord sur les moyens de parvenir à la paix et à la concorde entre les peuples. Mais en même temps, d’autres défis surgissent à l’horizon. Le souci de la paix commande aussi de se garantir contre des menaces immédiates.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 18 avril 2017.