Le 25 décembre, un coup marketing de l’Église ? - France Catholique
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Le 25 décembre, un coup marketing de l’Église ?

Préparez-vous à riposter aux souverains poncifs qu’on va vous resservir d’ici Noël...
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La date du 25 décembre n’aurait aucune réalité historique, et résulterait de la christianisation de la fête païenne du solstice d’hiver par le pape Libère, en 354. À vrai dire, pourquoi pas ? On peut même dire qu’un trait caractéristique de la Révélation chrétienne transparaît dans cette récupération du paganisme : la grâce, en effet, ne vient pas abolir la nature ; elle vient la parfaire.
Tout ce que le paganisme contient de bon, de beau et de vrai – et cela fait beaucoup de choses ! – est conservé par le christianisme, pour l’emmener plus loin. D’où le caractère toujours intégrateur et non éradicateur du christianisme. On n’abat pas le menhir. On le surmonte d’une croix. On ne jette pas Aristote à la poubelle, on l’harmonise avec l’Évangile. On ne supprime pas la source sacrée, on la consacre à Marie. C’est l’essence du catholicisme ! Qui n’a jamais vu les splendeurs de la Fête-Dieu (à rétablir d’urgence !) n’a pas idée de ce que peut être la synthèse du meilleur du paganisme avec les plus hauts mystères du christianisme.

En l’occurrence, on ne peut qu’admirer l’idée de faire coïncider la naissance de Jésus, « Soleil de Justice » (Malachie 3, 19) au fond de son étable, avec le solstice d’hiver, qui marque, au cœur de la nuit, le moment où les jours commencent à rallonger, annonçant le grand soleil de juin. Coup marketing de génie, dirait-on dans notre affreuse langue de boutiquiers.Nous pourrions arrêter là notre chronique. Mais non. Coup de théâtre !

Ce que disent les sources archéologiques

Il se pourrait bien que Jésus soit réellement né le 25 décembre. Ouvrons saint Luc (ch. 1). Il dit qu’au moment de l’Annonce faite à Marie, date de la conception miraculeuse de Jésus, Élisabeth était enceinte de Jean-Baptiste depuis six mois. En outre, l’évangéliste nous apprend que la conception de Jean-Baptiste remontait au moment où son père, Zacharie, « prêtre de la classe d’Abia », était en service au Temple. Or, des archéologues ont trouvé dans les manuscrits de Qumran le calendrier des tours de service des différentes classes de prêtres. Il s’avère que, pour la classe d’Abia, c’était le mois de septembre. Voilà qui nous donne l’enchaînement suivant : conception de Jean-Baptiste fin septembre ; conception de Jésus fin mars ; donc, naissance de Jésus neuf mois plus tard… fin décembre ! CQFD.

On rappellera au passage que, dans l’Église orthodoxe, la conception de Jean-Baptiste est, comme par hasard, fêtée le 23 septembre, ce qui concorde avec la découverte des archéologues. Bien sûr, il reste une objection : les moutons ! Dans l’Évangile, on dit en effet que la nuit de la naissance de Jésus, les moutons étaient dehors. Or, diront certains, pendant les nuits d’hiver, les moutons ne sont pas dehors, ils sont à la bergerie. Je réponds que Bethléem, ce n’est pas Domrémy ! Les nuits d’hiver, il y fait au pire 10° C, pas -10° C ! Il fait même souvent très doux. Et puis, disent les historiens, certains moutons – d’une certaine race, destinée aux sacrifices du Temple – ne rentraient jamais à la bergerie. Voilà qui relativise l’argument météorologique.

Cerise sur le gâteau, il se pourrait que ce soient les Romains qui aient cherché à paganiser une fête chrétienne, et non le contraire ! Quand on évoque la fête romaine du soleil, on s’imagine en effet qu’il s’agissait d’une fête immémoriale, fixée au 25 décembre depuis longtemps. Mais pas du tout. C’est une fête postérieure à la naissance du christianisme. Elle fut créée de toutes pièces par l’empereur Aurélien en 274, – sous le nom de « Jour natal du soleil invaincu » – dans le but d’unifier l’Empire sous un culte unique, issu du culte oriental de Mithra, à une époque où le christianisme menaçait déjà sérieusement le paganisme. Les Romains, jusque-là, ne fêtaient rien le 25 décembre : les Saturnales se terminaient le 20.

Or, si, à cette époque, la date de Noël n’était pas encore officiellement fixée par les chrétiens, un certain nombre de communautés la célébraient déjà le 25 décembre ; en 204, Hippolyte de Rome en parlait déjà comme d’une date bien établie, dans son Commentaire de Daniel (4, 23, 3). Contrairement à toutes les tartes à la crème qu’on nous ressort chaque année, il n’est donc pas impossible que la création de la fête du Sol Invictus ait été une réaction païenne à la montée en puissance de la fête de la Nativité !