La terreur sur notre sol

par Gérard Leclerc

lundi 19 octobre 2020

Collège Du Bois D’aulne - Conflans-sainte-Honorine.
© Département des Yvelines / CC by-nd

La décapitation de Samuel Paty nous renvoie à un système de terreur qui voudrait enserrer toute notre vie sociale, à commencer par l’école. Elle nous interroge aussi sur le dévoiement du religieux. Ce n’est pas Dieu qui inspire le crime, c’est son oubli qui justifie l’idolâtrie et le déni de toute humanité.

Depuis plusieurs jours, la France entière est en état de sidération face à l’horrible crime commis sur la personne de Samuel Paty, professeur d’histoire au collège du Bois-d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine. De ce point de vue, l’assassin a malheureusement réussi dans son entreprise, sa volonté étant de créer un climat de terreur en décapitant sa victime et en mettant en scène le résultat de son meurtre. Sans doute y a-t-il des précédents, avec tous les attentats commis sur notre territoire ces dernières années. Il s’agit de faire peur, et dans le cas présent c’est tout notre système scolaire qui se trouve mis sous pression, avec la menace d’un dispositif de surveillance des enseignants brimés dans l’acte même d’enseigner.

Il ne faut pas oublier qu’un certain nombre de personnes vivent sous protection constante, car leur vie est directement menacée par l’islamisme radical. Le Figaro magazine de cette semaine a fait sa une sur cinq femmes, d’origine musulmane et mobilisées contre l’extrémisme, qui font l’objet d’une telle protection. Zineb El-Rhazoui peut ainsi déclarer : « Je suis constamment entourée d’hommes en armes et cernée par la pulsion de mort. Ce que je vis est, finalement, une reconnaissance officielle de l’omniprésence de la terreur sur notre sol. » L’immense émotion produite par l’assassinat de Samuel Paty permettra-t-elle une prise générale de conscience et surtout la volonté de combattre le mal à la racine ?

Il s’agit d’abord de bien identifier l’ennemi, car je ne suis pas sûr qu’il soit justement qualifié par son caractère religieux, notamment lorsqu’on explique que le grand problème des islamistes est de placer leur religion au-dessus des lois de la République. Une religion dévoyée mérite-t-elle seulement le qualificatif de religieux, qui renvoie à la relation avec Dieu ? N’est-ce pas plutôt parce que l’islamisme méconnaît Dieu qu’il viole toutes les lois humaines possibles et justifie l’insupportable meurtre d’un professeur d’histoire de chez nous ?

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 19 octobre 2020.

Messages

  • La consternation est sans limite.
    - Nul ne peut au nom d’une religion tuer son adversaire, quel qu’il soit.
    La justice a ses règles et ses usages.
    Chez nous la vengeance se paye devant les tribunaux.

    - Mais au delà de ce fait inqualifiable, inacceptable et insupportable, demeure la question de l’enseignement et de la connaissance des religions dans l’éducation en France.

    - La Laicité ne sera jamais une religion, la République non plus.
    Elles rendent intelligibles les faits religieux dans le profil didactique de ce qu’ils sont, de par leur histoire et leur évolution, dans les territoires du monde actuel et dans le nôtre.

    - Les carricatures de Mahomet ne seront jamais des études élaborées de l’Islam dans le monde.
    - Les carricatures religieuses quelle que soit leur origine, pas non plus :

    Ni au demeurant la connaissance des images et des expressions artistiques qui appartiennent davantage à la liberté de création des auteurs qu’à la recherche intellectuelle de l’intelligence qui se pense, se cherche et continue de le faire.

    - Odon Vallet avait exprimé sur un plateau TV son inquiétude pour la suite de la rediffusion de Charlie Hebdo il y a peu.

    - Il prédisait des risques pour la communauté française hors de France, pour les policiers, les agents de la sécurité nationale exposés par leur mission à la rancœur passionnelle.
    On chercha à le faire taire mais en vain !
    Les événements indignes de ce Week end lui ont donné raison.

    - Il ne fallait pas provoquer l’inconscience, la médiocrité ou l’ignorance du fait religieux ancré dans l’esprit de gens sans discernement, sans risquer d’éveiller la haine, la rancœur ou le crime.
    Le dire serait - ce donner raison à leurs auteurs ?

    Non ! Le faire est davantage produire la passion incontrôlable de ceux qui cherchent le prétexte occasionnel pour se donner en justicier.
    - Les religions ne sont pas un carré d’indigence de la vie spirituelle et culturelle d’un pays.
    Les confiner au service minimum par défaut est une erreur de jugement.

    D’aucuns diront que tout ceci donne des arguments aux vaniteux et aux cuistres de l’ombre.

    D’autres souligneront le déficit de compréhension du fait religieux dans les enseignements scolaires, la difficulté de les enseigner pour des professeurs peu formés, et le désarroi actuel de ceux qui embrassent le métier de l’Education Nationale au milieu d’un essaim de résistances et d’allergies personnelles, qui empêchent les bonnes volontés d’avancer.

    - Et pourtant la seule sortie vers le haut vient d’un aveu d’impuissance ou de renoncement passé qu’il faut réviser dans l’urgence, éviterait des drames tels celui de la semaine passée qui pourraient se reproduire si d’avis on ne fait pas plus pour y remédier.

    - Se lamenter sur les territoires perdus de la République n’est pas suffisant.
    Penser et repenser la force de l’étude, de l’écoute et du dialogue, en ces espaces confinés est une réponse probable mais encore incertaine.

    - Il faut sans doute parier et conjuguer les efforts déjà accomplis pour y répondre avec bien d’autres propositions qui à ce jour n’existent pas encore, mais par défaut pressent les citoyens du quotidien à continuer leur labeur en ce sens !
    - Les familles religieuses elles mêmes victimes de cet aveu d’impuissance pourraient et feront acte civique en endossant cette audace extra muros d’ accompagner et éviter aux plus exaltés d’entre eux, des méfaits aussi tragiques !

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