La symbolique d'une rencontre - France Catholique
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La symbolique d’une rencontre

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La rencontre qui a eu lieu hier au Vatican entre le pape François et le professeur El-Tayeb, grand imam de l’université Al-Azhar du Caire est incontestablement le fruit d’une volonté résolue de dialogue entre chrétiens et musulmans. Cette volonté précède l’arrivée de François au siège de Pierre. En dépit de tout ce qui a été dit sur le discours de Ratisbonne de Benoît XVI, ce dernier n’avait aucune intention de blesser les musulmans et de marquer sévèrement les distances. D’ailleurs peu de temps après ce discours, une importante délégation de représentants de l’islam était reçue au Vatican, ce qui était bien la preuve que l’intention du Pape avait été trahie. Sans doute, une conversation de trente minutes n’aura pas suffi à traiter un dossier complexe et difficile dans le domaine proprement doctrinal. Le Pape a insisté sur son caractère symbolique. L’accolade entre les deux dignitaires religieux suffisait à signifier au monde entier que de part et d’autre il ne pouvait être question que d’un rapprochement en faveur de la paix.

Le communiqué du Vatican associe à ce souci de la paix le refus de la violence et du terrorisme mais aussi la protection des chrétiens du Proche-Orient. Ainsi l’actualité la plus brutale et la plus conflictuelle n’a pas été éludée, et il est important que le responsable de la plus prestigieuse université de l’islam se soit ainsi engagé dans un fraternel échange. Le professeur El-Tayeb a la réputation d’un religieux modéré, qui n’est pas près pour autant à transiger sur la spécificité de l’islam. Sa démarche peut avoir valeur d’exemple à l’échelle du monde, même si les divisions et les désaccords entre les différents rameaux d’une réalité multiple empêchent un consensus général.

Jusqu’où peut aller cette volonté de conciliation manifestée hier ? C’est difficile à dire, car les troubles profonds qui agitent la planète obéissent à une logique autonome, peu maîtrisable. Mais comme l’avait remarqué Pierre Manent à propos du cas français, la connaissance de terrain que l’Église catholique a des musulmans constitue un atout sans prix pour améliorer des relations qui ne sont pas uniquement interreligieuses. C’est pourquoi les politiques eux-mêmes devraient observer avec beaucoup d’intérêt ce qui était en cause dans l’événement d’hier.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 24 mai 2016.