En Virginie, la décision de la municipalité démocrate de Charlottesville de déboulonner la statue du général Lee, héroïque commandant des armées sudistes lors de la guerre de Sécession, et artisan de la réconciliation après cette guerre, avait provoqué la colère de mouvements de droite qui avaient convoqué une manifestation le 12 août.
La présence annoncée dans cette manifestation de militants ouvertement racistes, portant des armes apparentes, voire se réclamant du nazisme, avait certes refroidi l’ardeur des simples citoyens virginiens réclamant le respect de leur histoire. Elle avait en revanche facilité la mobilisation d’une contre-manifestation de gauche dont certains militants venus de loin, armés de battes de base-ball et se servant de bombes à peinture comme lance-flammes…
L’incident violent était donc comme programmé et la police ne pouvait veiller à tout. Celui qui a entraîné la mort d’une contre-manifestante blanche de 32 ans a été filmé par un drone. On voit une voiture – on a appris ensuite qu’elle était conduite par un extrémiste de droite – qui, dans un carrefour encombré de contre-manifestants, percute une voiture bloquée là, qui est projetée contre une autre voiture qui se trouve à son tour projetée dans la foule. On voit sur les images diffusées par les réseaux sociaux, alors que des militants se précipitent pour lyncher l’agresseur, ce dernier faisant une marche arrière folle pendant laquelle il renverse encore de nombreuses personnes. La police établira si cet homme de 20 ans était venu pour tuer ou bien s’il s’est laissé emporter par un complexe de toute-puissance commun à bien des automobilistes pas seulement racistes… La justice américaine le sanctionnera dans des proportions sans aucune mesure avec ce qu’il risquerait dans notre pays pour des faits comparables.
À partir de ces événements, on a assisté à une surenchère idéologique. La ville de Boston a déboulonné, de nuit, cinq statues de militaires sudistes. Tandis qu’on décidait à New York de se débarrasser d’une plaque à la gloire du maréchal Pétain, datant de 1931… et que le maire se demandait, paraît-il, s’il ne fallait pas supprimer une statue de Christophe Colomb…
Si l’on en croit les médias français, le grand coupable de ce climat d’hystérie est le président Trump lui-même. Et peut-être n’est-ce pas faux. Dans la mesure où la partie démocrate de l’électorat américain (elle fut majoritaire en voix lors de la dernière présidentielle) est en quête de revanche. Dans la mesure aussi où la minorité noire se sent indirectement visée par les annonces trumpistes contre les immigrés pourtant essentiellement latinos…
On ne peut pourtant pas dénier à Donald Trump un certain bon sens. Il a, de manière inattendue, évoqué « une mise à bas de la culture américaine » : « George Washington possédait des esclaves […]. Est-ce qu’on va enlever ses statues ? Et Thomas Jefferson ? Est-ce qu’on va enlever ses statues ? Il possédait beaucoup d’esclaves. » Il a aussi estimé qu’il y avait « des braves gens des deux côtés » à Charlottesville et que les violents des deux côtés devaient être condamnés, en négligeant donc le fait que la seule victime était du côté « antifasciste » ? Avant de s’en prendre aux racistes et nommément au Ku Klux Klan, mais trop tard selon ses contempteurs médiatiques, puis en revenant sur ses premiers propos…
Résultat : une communication a priori totalement inaudible. Encore que l’on ne sache pas trop comment ses électeurs prennent tout cela. Mais pour ce qui est de l’image internationale des États-Unis, le désastre est patent et c’est peut-être ce qu’il y a de plus contre-productif dans ces malheureux événements.
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Faut-il déboulonner les statues de personnages controversés ?
http://www.lapresse.ca/actualites/montreal/201708/24/01-5127334-deboulonner-ou-non-les-statues-de-personnages-controverses.php
Faut-il interdire « Autant en emporte le vent » ?
http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1052679/memphis-film-autant-en-emporte-le-vent-pas-bienvenu-racisme?fromBeta=true&fromBeta=true
