« La sainte Geneviève des Tuileries » - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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« La sainte Geneviève des Tuileries »

Sœur de Louis XVI, la jeune Élisabeth de France a déployé des trésors de charité, avant d’être rattrapée par la Révolution. À quelques jours de l’anniversaire de sa mort, le 10 mai 1794, l’abbé Xavier Snoëk, postulateur de la cause en béatification, revient sur cette figure méconnue.

Madame Élisabeth (1764-1794)

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Élisabeth de France, Élisabeth Louise Vigée Le Brun, vers 1782, château de Versailles.

Élisabeth de France, Élisabeth Louise Vigée Le Brun, vers 1782, château de Versailles.

Élisabeth de France naît dans une famille royale…

Abbé Xavier Snoëk :
Petite-fille de Louis XV, sœur des futurs Louis XVI, Louis XVIII et Charles X, elle bénéficie, vraisemblablement sur exigence de son grand-père, d’une éducation identique à celle de ses frères. Orpheline, élevée par une gouvernante très pieuse, Madame de Marsan, Élisabeth se pose la question d’entrer en religion lorsque sa sœur Clotilde se marie avec le prince de Piémont, car elle n’a pas pour elle de prétendants de son rang et de son âge. Elle s’aperçoit finalement qu’elle ne présente pas les aptitudes à la vie religieuse – sportive, écuyère accomplie, elle ressent le besoin des grands espaces – et reste célibataire assumée.

Il semble que la mort de sa tante Sophie en 1782, célibataire elle aussi et qu’elle aimait beaucoup, la fait réfléchir et lui fait dire : « Et moi, qu’aurai-je à présenter au Seigneur ? Comment accomplir ma vocation de baptisée ? » Déjà à cette époque, elle jouit d’une certaine renommée : on l’appelle « la bonne Madame Élisabeth » car elle est entourée d’une réputation de bonté. Elle prend son envol : Louis XVI lui donne une maison à Versailles, le domaine de Montreuil. Là, comme la reine, elle développe sa ferme pour distribuer du lait, des œufs et des légumes aux pauvres du quartier. Avec son médecin, elle parcourt les rues du bourg – aujourd’hui le quartier Saint-Symphorien – et soigne les malades, en particulier les enfants. Elle tient chez elle un dispensaire informel et entretient, avec ses dames, des temps de prière.

Elle se place donc à distance de la Cour ?

Jusqu’au 3 mai 1789, date de sa majorité, elle est obligée de dormir au château de Versailles mais vit la journée à Montreuil, où elle déploie piété et charité. Il semblerait qu’elle nourrissait le projet de s’éloigner de la Cour pour de bon et de s’installer à Fontainebleau. Si la Révolution n’avait pas eu lieu, elle aurait probablement fait de sa maison un foyer d’accueil pour les pauvres, un lieu de distribution et un lieu de piété.

Comment affronte-t-elle les premiers troubles révolutionnaires en 1789 ?

Dès le début, Madame Élisabeth est consciente de la gravité des événements et regrette, dans une lettre, le manque de fermeté à l’égard des révolutionnaires. Elle refuse de partir en émigration, afin de rester auprès de Louis XVI. Lorsqu’éclate la première émeute des Tuileries, le 20 juin 1792, elle est auprès du roi. Alors qu’on la prend pour Marie-Antoinette, elle demande à son écuyer, qui veut rétablir son identité : « Ne les détrompez pas ! » Car elle est prête à offrir sa vie pour la reine. Dans la foule, une femme crie et la surnomme « la sainte Geneviève des Tuileries est là ! » Ce cri, surprenant, nous fait imaginer qu’elle continuait, à cette époque, à donner des aumônes, à l’image de sainte Geneviève, protectrice de la Cité qui donnait à manger au peuple de Paris.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.