« La quintessence de la france » - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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« La quintessence de la france »

En 1920, Jeanne d’Arc devient à la fois héroïne nationale et sainte. À l’occasion de ce double centenaire, Pauline de Préval publie un essai percutant sur le mystère de la postérité de la jeune fille. Tous, de la gauche laïque à la droite nationaliste, s’en sont emparés. Mais sa sainteté, elle, demeure pour l’éternité…

Jeanne d'Arc

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Fête johannique à Reims.

Fête johannique à Reims.

© Michel Jolyot

Aujourd’hui, vous demandez : « Si nous ne nous reconnaissons plus en elle, comment se fait-il que tous les autres pays du monde continuent de le faire »

Pauline de Préval : Aux yeux de la plupart des étrangers, Jeanne d’Arc est la quintessence de la France et l’incarnation des idéaux qu’elle peut apporter au monde. Beaucoup l’adoptent encore comme emblème de leurs luttes pour la liberté féminine, nationale ou religieuse. De l’Italie au Japon en passant par l’Angleterre, de nombreux groupes de rock composent des chansons à sa gloire. En France, si elle souffre d’une certaine désaffection, c’est sans doute dû à la haine de soi propre à nos élites. Car par ailleurs, le succès d’un film comme celui de Luc Besson (1999), même si son héroïne est à la limite de l’hystérie, est l’indice d’une nostalgie de ce qu’elle a incarné.

Qu’a-t-elle encore à nous dire ?

Mille choses. Cela ferait l’objet d’une interview à part entière, mais particulièrement en ce temps de crise, j’insisterai sur deux points. Ce qu’a montré cette crise, en effet, c’est qu’on ne pouvait pas vivre éternellement dans le virtuel et substituer impunément la communication à l’action. Le réel finit toujours par nous revenir à la figure et alors les dégâts sont considérables. Or à la différence de ceux qui n’aspirent à gouverner qu’à coups de stratégies marketing et de storytelling, Jeanne d’Arc n’a pas fait que raconter une belle histoire à laquelle on avait envie de croire : elle l’a incarnée personnellement et inscrite dans les faits. Parmi ceux qui l’ont suivie, nombreux sont ceux qui ont été frappés par le caractère performatif de ses paroles : tout ce qu’elle disait s’accomplissait, soit par intervention divine, soit par l’action des hommes enflammés par ses discours.

Selon vous, pourquoi l’ont-ils suivie ?

Parce qu’à l’image du Christ elle était « parole vivante et efficace ». Il n’y avait aucune distance entre son dire, son être et son faire, dût-elle le payer de sa vie. En réaction à la faillite actuelle, on entend beaucoup de voix s’élever pour dire que rien ne sera jamais plus comme avant et pour en appeler à un monde meilleur. J’aimerais bien, mais je crois plutôt que nous assisterons à une accélération des tendances à l’œuvre dans nos sociétés avant le coronavirus, c’est-à-dire à une montée en puissance de la techno-finance et de l’idéologie transhumaniste qui la sous-tend, et par compensation, à une déferlante de la pensée magique. Face à une telle alternative, Jeanne nous montre comment reprendre notre destin en main. En remettant Dieu au cœur de nos vies. Pour elle, Dieu seul rend libre et défendre les droits de Dieu sur terre est le meilleur moyen de défendre les droits de l’homme.

C’est parce qu’elle avait Dieu pour seul maître qu’elle a pu démasquer les idéologies de son temps et défier tous les puissants pour libérer son pays. C’est parce qu’elle n’avait accordé sa foi à personne d’autre qu’elle a pu justifier son droit de s’échapper de prison. Et parce qu’il devait être « premier servi » qu’elle a trouvé la force de préférer la liberté dans la mort plutôt que la soumission.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien et du « Grand Angle » consacré à Jeanne d’Arc dans le magazine.