La place de la nourriture et de la sexualité dans l'épanouissement humain - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

La place de la nourriture et de la sexualité dans l’épanouissement humain

Copier le lien

Dans des articles précédents, j’ai essayé de montrer que l’Eglise a une approche des questions morales différente de celle du commun des mortels, ne s’appuyant pas uniquement sur le principe utilitariste du préjudice (est-ce que cela porte préjudice à quelqu’un ?) ni sur celui d’universalité du néo-kantisme (est-ce que cet acte serait mauvais quel que soit le lieu et le moment ?)

Le modèle que je propose concerne la nourriture : l’alimentation humaine authentique comporte au moins deux dimensions importantes – une dimension nutritionnelle et une dimension sociale ou communautaire – qu’on ne peut évacuer sans créer de grabuge.

Manger des aliments non adaptés, ou dans des quantités inappropriées, ou manger pour le seul plaisir de manger et se faire vomir ensuite viole le but nutritionnel de l’alimentation. De la même façon, si vous engloutissez la nourriture tout en vous rendant seul à votre prochaine réunion, vous vous privez d’un aspect vraiment merveilleux de la façon humaine de se nourrir, un aspect qui contribue à l’épanouissement humain : le partage de repas avec les autres et les conversations qui en découlent.

D’abord et en tout premier lieu, l’Eglise délivre un enseignement sur la nature et l’épanouissement de l’être humain. Les règles et les vertus que prône l’Eglise ont pour but la pleine réalisation de l’épanouissement humain.

Pourquoi manger et se faire vomir est-il mauvais ? Cela porte-t-il préjudice à un tiers ? Probablement pas, mais ce n’est pas le seul critère d’évaluation. Est-ce préjudiciable à la santé ? Assurément. Mais est-ce toujours et partout mauvais de faire quelque chose de préjudiciable à la santé ? Peut-être pas. Mais ce n’est toujours pas le critère de choix décisif pour déclarer une chose « mauvaise ». La raison pour laquelle cette conduite est mauvaise est que non seulement elle ne contribue pas à l’épanouissement humain mais que tout au contraire elle oeuvre à sa destruction.

La question que nous devons poser à ceux qui ont une autre vision des choses est celle-ci : d’accord, vous n’aimez pas les règles et les restrictions, mais soyez honnête, rejetez-vous vraiment la vision de l’Eglise sur l’épanouissement humain ou bien croyez -vous qu’il puisse s’y trouver quelque chose de sage ? Est-il vraiment meilleur pour les gens d’engloutir leur repas en solitaire tout en se rendant à leur boulot ? Est-ce qu’un monde de femmes ultra-minces affligées de désordres alimentaires est préférable à un monde où les femmes (et les hommes) entretiendraient des rapports sains avec leur corps et avec la nourriture ?

Pour l’Eglise, la question primordiale n’est pas : « Que pourrions-nous interdire ? » mais plutôt « Comment pourrions nous pratiquer des activités telles que l’alimentation et la sexualité de façon à ce qu’elles contribuent à notre santé et notre épanouissement ? »

Se nourrir est une activité saine et naturelle pour un être humain, mais est-ce que cela signifie que vous pouvez manger n’importe quoi n’importe quand ? Nous savons tous que pour rester en bonne santé physique, nous devons choisir avec soin ce que nous mangeons, mesurer les quantités, respecter les horaires. Se nourrir de façon saine requiert sagesse et modération.

Nous devons nous poser les mêmes questions relativement à la sexualité. Est-ce une activité saine et naturelle pour un être humain ? Oui. Mais cela signifie-t-il que vous puissiez vous adonner à des activités sexuelle n’importe où, avec n’importe qui et de n’importe quelle façon ?

Dans un sens oui, puisque certains le font. Mais en fait non, si vous voulez rester en bonne santé, ce que les sociétés ont toujours su. Par « en bonne santé », je ne veux pas seulement dire « indemne de maladie physique », c’est une évidence, comme de dire : « Je ne veux pas que ma nourriture m’empoisonne », mais en bonne santé dans le sens d’avoir une vie pleine et heureuse.

Reconnaissons que ce qui est bon pour l’épanouissement humain peut et va parfois procurer du plaisir. Mais reconnaissons aussi que la recherche du plaisir peut nous égarer : nous mangeons trop d’une nourriture délicieuse mais trop lourde, nous buvons trop d’exquises boissons alcoolisées, et nous ne faisons pas suffisamment d’exercice, trop pénible.

Il en est ainsi de la sexualité. Elle n’est pas mauvaise en soi parce qu’elle procure du plaisir. Mais parce qu’elle procure du plaisir, elle risque de nous égarer. Nous devons nous montrer avisés, comme pour n’importe quelle autre facette de notre existence. Cela requiert de la sagesse, de la modération et une vision claire de comment ne pas devenir esclave de la sexualité tout comme il y a un risque de devenir esclave de la nourriture, de la boisson ou du farniente sur le canapé, une bière à la main.

L’une des réponses les plus évidentes concernant l’épanouissement humain et la sexualité est de reconnaître que, quoi qu’implique par ailleurs une relation sexuelle, elle implique d’abord, pour parler métaphoriquement, la plantation d’une graine dans un sol potentiellement fertile. Si les deux partenaires ne sont pas prêts à assumer cette conséquence potentielle — s’ils ne sont pas prêts à assumer l’enfant qui est le fruit de leur union — alors ils courtisent sérieusement le malheur.

Y a-t-il plus tragique que ceci : deux êtres humains font la chose la plus merveilleuse qu’ils puissent faire ensemble — donner naissance à une nouvelle vie — et là l’un des deux dit à l’autre : « Ciel , non ! pas ça ! tout mais pas ça ! » Que nous puissions considérer l’un des plus grands dons que Dieu accorde à un couple, un enfant, comme la pire punition qui soit montre que quelque chose ne tourne pas rond.

Alors l’Eglise est-elle vraiment si insensée de proposer que les relations sexuelles soient réservées à une union durable entre deux personnes ouvertes à la procréation. Quelle devrait être la durée de cette union ? Eh bien, aussi longtemps qu’ils seront parents de cet enfant.

Je dis toujours aux jeunes femmes que quand un jeune homme est prêt à promettre devant ses amis et parents ainsi que devant les amis et parents de la jeune fille de son choix, devant Dieu, l’État, et toute l’assistance, qu’il est prêt à assumer les responsabilités morales et juridiques de l’activité sexuelle à laquelle il aspire, alors, et alors seulement, il peut être considéré comme prêt.

Avant cela, il est juste un petit garçon, et il doit se tenir tranquille jusqu’à ce qu’il grandisse.


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/food-and-sex-for-human-flourishing.html


Randall B. Smith est professeur à l’université Saint-Thomas, où il occupe depuis peu la chaire de théologie.