La nouvelle doxa - France Catholique
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La nouvelle doxa

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Karl Marx. Une nouvelle doxa a succédé à la doxa marxiste d’après-guerre.

Karl Marx. Une nouvelle doxa a succédé à la doxa marxiste d’après-guerre.

© Olga / CC by-sa

Le colloque sur la déconstruction qui s’est tenu à la Sorbonne, les 7 et 8 janvier, a donné lieu à des réactions contrastées. Comment s’en étonner alors que le combat fait rage dans le monde intellectuel. Et la vague déconstructionniste, appelée aussi woke, n’a pas encore chez nous l’ampleur qu’elle a aux États-Unis ou au Canada. Mais il y a toute chance qu’elle grandisse, à la mesure de la puissance idéologique qui ne cesse de se déployer. Ce qui s’est passé au lendemain de la Libération, avec l’expansion d’une doxa marxisante, semble se reproduire avec une doxa qui n’en est que le prolongement.

Le marxisme enseignait que les structures sociales étaient toutes fondées sur la lutte des classes, et donc la domination de la bourgeoisie, la nouvelle doxa, très inspirée par le sociologue Pierre Bourdieu, postule que tout est fondé sur des rapports de domination qui vont au-delà du champ économique et se rapporte par exemple à la culture, au sexe et à la race. À la Sorbonne, le politologue Pascal Perrineau a pu ainsi parler d’une obscure oppression généralisée, légitimée par le pouvoir dominant, qu’il soit hétérosexuel, du genre masculin, de la race blanche.

Bon nombre d’universitaires contestent ainsi cette doxa sous l’angle épistémologique, comme une perversion du savoir. Au beau temps du maoïsme, les militants qui pouvaient être des intellectuels d’avant-garde, stigmatisaient « la science bourgeoise ». De même, aujourd’hui, les déconstructionnistes stigmatisent les savoirs universitaires comme structures de domination dont les effets sont autant de discriminations sociales. Je notais hier que le pape François était intervenu dans le débat en dénonçant les ravages d’une cancel culture qui dénature la compréhension de l’histoire.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 12 janvier 2022.