La messe, force des martyrs - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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La messe, force des martyrs

En 1943, pour le 100e anniversaire de la salle des Martyrs des Missions étrangères de Paris, le Père Dedeban rappelle le lien étroit qui unit le martyr à la messe.
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Originaire de l'Ain, saint Pierre Chanel (1803-1841), mariste, a été le premier missionnaire martyr d'Océanie, pour avoir fait de nombreuses conversions – dont le fils du roi Niuliki. Il puisait sa force chaque matin dans l'Eucharistie.

Originaire de l'Ain, saint Pierre Chanel (1803-1841), mariste, a été le premier missionnaire martyr d'Océanie, pour avoir fait de nombreuses conversions – dont le fils du roi Niuliki. Il puisait sa force chaque matin dans l'Eucharistie.

Les premiers chrétiens conservaient jalousement le souvenir des martyrs pour revivre leur esprit de sacrifice. En restant fidèles à l’esprit de l’Église primitive par la création de la salle des Martyrs, les directeurs [du séminaire des MEP] ont mis sous nos yeux les traces sanglantes de cette continuation réelle de la Passion du Christ (…) : la plupart des ossements [des martyrs ont été] placés sous les autels de la crypte des Martyrs.

De la Cène à la Croix

N’était-ce pas le lieu prédestiné pour elles ? (…) Nos martyrs, en allant de la messe au martyre ou à la salle des Martyrs, et en montant de la salle des Martyrs à l’autel de la Messe et de la gloire, ont suivi pas à pas le même chemin que le Christ : à la Cène, le Christ a demandé, désiré, voulu le martyre ; à la Croix, il est devenu Victime sanglante pour revenir sur nos autels comme Victime glorifiée. Comme le Christ, nos martyrs sont allés de la Cène à la Croix, en demandant à leur messe la grâce du martyre, en faisant de leur messe un martyre de désir, l’offrande volontaire d’une victime douloureuse et sanglante. (…)

Saint Augustin Schoeffler, décapité au Tonkin le 1er mai 1851, comprend que l’offrande de la messe doit aller jusqu’au sang. Trois ans avant son martyre, il écrivait : « Chaque jour, au saint Sacrifice, j’offre mon sang à Jésus pour celui qu’il a versé pour moi. » Nos martyrs ont vu et ils ont vécu les liens intimes qui vont de la messe au martyre. Et les jeunes partants qui, selon la coutume, disent une messe avec le calice du bienheureux Borie, apprennent avec le calice d’un martyr la meilleure manière de célébrer la messe, celle où l’on offre sincèrement son propre sang et sa vie avec celui de la Victime du Calvaire. (…) Le prêtre doit s’identifier au Christ crucifié comme le martyr qui renouvelle en sa chair l’acte sanglant du Calvaire. Selon le mot de saint Gabriel-Taurin Dufresse, l’illustre évêque du Setchoan, « le martyr s’assimile au Christ ». Comme la Cène, la messe sera un désir sincère de devenir réellement martyr.

C’est le plus grand acte religieux que la terre ait porté. Avec le martyre du Calvaire, voyons – sur l’autel de l’Église qui veut que toute pierre d’autel contienne, sous peine d’être invalidement consacrée, une parcelle du corps d’un martyr – « les âmes de ceux qui ont été égorgés à cause de la parole de Dieu et du témoignage dont ils étaient détenteurs ».
Certes, le martyre peut nous sembler trop au-dessus de nos forces : notre faible courage est si souvent battu en brèche par les petites souffrances de chaque jour. Mais [la] messe nous apporte la force intérieure dont nous avons besoin.

La Reine des Martyrs

Dans un monde sans générosité, sans idéal, sans loyauté, sans fidélité, mettons la générosité, l’idéal, la loyauté, la fidélité de notre offrande sans cesse renouvelée. Avec confiance, présentons nos vies au Seigneur dans le calice rempli du sang du Christ et du sang des martyrs, sang qui purifie, enrichit et rajeunit ; il sera assez puissant pour rechristianiser, et même pour ressusciter un monde paganisé où règne l’égoïsme avec la recherche d’une vie bassement matérialiste, alors que tout, ici-bas, ne s’explique que par la grande manifestation à venir de la résurrection. Pour cela, il faut pousser à fond la logique de la messe, elle va jusqu’au martyre. Elle peut paraître exigeante, mais elle est normale. (…) Et si votre faiblesse paraît trop grande, allez chercher la force auprès de la Reine des Martyrs. (…) Elle fera que notre offrande liturgique de la messe devienne réalité dans notre vie. »

Retrouvez l’intégralité de notre « Grand angle » et de notre série sur la messe dans le magazine.