La loi scélérate - France Catholique
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La loi scélérate

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Il faut bien reparler de l’adoption de la loi scélérate votée par les deux assemblées, concernant le délit d’entrave à l’IVG, car l’affaire est décidément trop grave. Il règne d’ailleurs, à propos de cette loi, un étrange climat, même dans les médias les plus acquis à la normalisation de l’avortement. Je pense au Monde et à Libération qui ont émis des réserves à propos de la mise en cause de la liberté d’expression, incluse dans cette loi. En même temps, les deux quotidiens partagent les mêmes griefs que Mme Rossignol à l’encontre des sites suspects de s’opposer frontalement à l’avortement, à travers une stratégie concertée de dissuasion.

C’est donc qu’un voyant rouge s’est allumé dans la tête de certains, qui sentent que les arguments des adversaires de la loi ne sont pas sans pertinence. En quoi consiste le risque ? Tout simplement dans le glissement vers ce que le romancier George Orwell nommait dans son célèbre 1984, le ministère de la Vérité, qui n’est rien d’autre qu’un ministère de la propagande dans le cadre d’un État totalitaire. Dans les régimes libéraux, c’est la délibération qui prévaut et qui permet à chacun d’exprimer ses opinions. Certains théoriciens ont même affirmé que la place de la vérité était vide, pour laisser place à cette délibération. Par ailleurs, un philosophe politique comme Habermas a tenté de définir les règles d’une discussion ordonnée entre les différents partenaires du débat démocratique. Bien entendu, ce qui vaut pour les instances parlementaires vaut aussi pour la société toute entière. Il y a certes des limites à l’expression des opinions, lorsqu’elles peuvent nuire gravement à autrui, par exemple lorsqu’il s’agit d’ostraciser certaines catégories en termes racistes.

Mais avec le délit d’entrave à l’IVG on rentre dans le cercle le plus sensible, celui qui circonscrit la liberté de pensée et la liberté d’exprimer sa pensée. Et de plus, dans un domaine où la conscience morale est sollicitée de la façon la plus vive, la plus aiguë. L’État exerçant une police de la pensée intervient à l’encontre de ce qu’il y a de plus décisif et de plus sacré pour notre libre arbitre. On n’a pas tort d’en appeler à George Orwell.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 12 décembre 2016.