La laïcité, une praxis au service du bien commun - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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La laïcité, une praxis au service du bien commun

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Faut-il cent fois sur le métier remettre le concept de notre sacro-sainte laïcité ? Chacun sait que pour beaucoup elle constitue le talisman précieux, capable de nous protéger de tous les maux : la peste, le choléra, et d’autres pires encore. Je galèje bien sûr, mais non sans intention de mettre les pieds dans le plat. Ce n’est pas la laïcité qui nous sauvera du terrorisme et de l’extrémisme djihadiste. Il n’est pas sûr qu’elle ait la capacité, à elle seule, de prendre la mesure du phénomène idéologique et religieux en cause. Qu’est-ce que la laïcité ? Très modestement, un dispositif de gouvernement, qui grâce à la séparation du politique et du spirituel, permet l’existence d’une société pluraliste, en assurant les conditions de la liberté de conscience. Je dis modestement, mais ce n’est pas rien de servir ainsi le bien commun et la liberté des citoyens. Cela ne justifie pas de gonfler le concept, si on me permet cette expression, qui risque d’éclater comme la grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf.

La laïcité consiste avant tout dans l’exercice pragmatique de l’autorité, capable de prendre de judicieuses décisions à un moment donné. En gros, c’est une praxis, ce n’est pas une philosophie, même si elle est circonscrite par quelques principes de base. Le philosophe John Rawls dirait que ce n’est pas une doctrine compréhensive, c’est-à-dire une pensée qui éclaire sur le sens de la vie humaine. La meilleure preuve, c’est qu’elle peut être une occasion de regroupement pour des gens aux conceptions les plus diverses dans les domaines philosophiques et religieux. C’est pourquoi il importe de noter d’un zéro pointé l’Association des maires de France qui vient de fournir sa propre définition de la laïcité : « Une approche philosophique du vivre ensemble que l’on peut qualifier d’humaniste parce qu’elle ne se réfère à aucun dogme religieux ni à aucune vérité “révélée” et qu’elle n’est soumise à aucun appareil religieux. » Cette définition, qui sent bon le rationalisme rabougri et le b-a ba de la rue Cadet, est tout simplement inepte. Elle confond laïcité et laïcisme, et s’ordonne dans une lourde dogmatique anti-religieuse. Quand on apprend dans le même texte que le plus beau fleuron de la laïcité consiste dans l’éradication des crèches de nos mairies, on se dit que la boucle est bouclée, et que le comble de la sottise est atteint par des gens qui n’ont rien trouvé de mieux que de pourchasser nos santons populaires, quand la maison brûle. Mon Dieu, quelle pitié !

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 24 novembre 2015.