La guerre civile est une tragédie - France Catholique
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La guerre civile est une tragédie

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La guerre a éclaté en Ukraine et comme dans toute guerre civile, le cycle de la vengeance s’est enclenché. Difficile de juger et de montrer du doigt, comme nous le faisons pourtant si souvent, bien confortablement installés dans nos clichés et devant nos postes de TV, à des milliers de km de la réalité.

Sorj Chalandon, dans son dernier roman, Le quatrième mur, paru à la rentrée 2013, le démontre magistralement à propos de la guerre du Liban. A l’époque, il était journaliste, grand reporter à Libération et c’est ainsi qu’il fut un des premiers à entrer dans le camp de Chatila en septembre 1982 ; des images d’horreur, objets de reportage pour son journal, mais qui ne l’ont jamais quitté et dont il a fait un roman.

Un roman évidement noir, où aucune lueur d’espoir ne se dessine et qui contredit ce temps pascal, où nous pouvons voir à l’œuvre, la puissance de résurrection de Dieu. Mais ce roman reste cependant un grand texte à lire car il dérange justement nos idées reçues, montre que dans ce type de guerre, il ne peut y avoir d’un côté les méchants et de l’autre les gentils car lorsqu’on touche à l’humanité, tout devient complexe. C’est une tragédie que conte Chalandon en se servant d’une autre tragédie, l’Antigone d’Anouilh jouée pour la 1ère fois à Paris, en pleine occupation allemande.

Georges est metteur en scène ; c’est un jeune Français gauchiste chrétien, metteur en scène et qui est de tous les combats de son époque. Il est facile de reconnaitre chez Georges, des traits de l’auteur, tant le trait pour le dessiner est fin et juste. Pour rendre service à son ami, Samuel, un jeune Grec réfugié en France, Georges va mettre en œuvre le projet fou de ce dernier : réunir le temps d’une seule représentation d’Antigone, des représentants des communautés qui s’entredéchirent : chrétien, palestinien, chiite, druze, arménien…

La fin, Sorj Chalandon, l’avait vue de ses propres yeux. Mais avec ce livre, il redonne la vie et la parole aux morts. C’est le privilège de l’écrivain, par rapport au journaliste, qui ne peut pas s’autoriser à rêver. Il décrit dans une écriture incroyablement sobre et d’autant plus percutante, ce conflit qui a ensanglanté ce magnifique pays du cèdre au début des années 80, sans jamais juger les hommes. Il raconte comment il est difficile, d’échapper à la guerre, même pour un Georges, qui se persuade que le théâtre peut avoir la magie de réconcilier les acteurs.

Prix Goncourt des lycéens, le livre confirme une fois de plus que ce prix récompense le meilleur roman de l’année.