La fidélité dans le mariage et la fidélité de Dieu - France Catholique
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La fidélité dans le mariage et la fidélité de Dieu

Traduit par Vincent de L.

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Le mariage rayonne la grandeur du cosmos et l’ensemble de l’histoire du Salut parce qu’il reflète le merveilleux objet de toutes les œuvres de Dieu : notre union éternelle avec Lui dans le Christ. Jésus Lui-même révèle la divine beauté du mariage lorsqu’il se déclare comme le Fiancé qui nous étreint en nous attirant à Lui et en Se donnant à nous et pour nous, sur la croix et dans l’Eucharistie.

Sous cet éclairage, Paul peut déclarer que la création de l’espèce humaine comme homme et femme, époux et épouse, est modelée l’union du Christ et de l’Église. La réalité du mariage rejoint ainsi de manière inséparable les œuvres divines de la Création et du Salut. C’est parce que Dieu a créé l’humanité à la fois à l’image de la Trinité, et à l’image du Christ et de l’Église, que la signification du cosmos ne peut se trouver que dans la transformation des enfants d’Adam et Eve en enfants adoptifs de Dieu, éternellement unis à Lui dans cette nouvelle création qu’est le banquet des Noces de l’Agneau et de sa fiancée, l’Église.

Cette vision exaltée du mariage est l’exact opposé d’un simple « idéal ». C’est la réalité essentielle et le fondement de notre existence en tant qu’êtres humains. Nos corps physiques, différenciés en homme et femme et réunis dans l’union procréative de l’époux et de l’épouse, ont été façonnés pour être le reflet de l’union fructueuse du Christ et de l’Église. Notre vie sentimentale et sa coordination avec nos capacités spirituelles de connaître et d’aimer, constituent la véritable base qui nous rend capables de nous donner et de nous recevoir l’un l’autre dans la totalité de notre personne, corps et âme, dans les relations de famille, d’amitié, et du mariage.

Nous n’aurions pas cette structure physique, sentimentale, et spirituelle si Dieu ne nous avait créés pour être capables d’unions personnelles avec d’autres et, par grâce, d’union avec Lui. Pour cette raison, chaque personne est un témoin vivant du mystère caché dans notre existence de corps et d’âme, et dans l’union conjugale du mariage. En tant qu’individus et de couples mariés, nous sommes l’incarnation du plan nuptial de Dieu révélé en Jésus. C’est inscrit dans notre ADN.

Dans la Genèse, l’union d’Adam et Eve est ordonnée au partage de leur vie et de leur travail comme coopérateurs aux œuvres de Dieu que sont la Création et le Salut. De la même façon, dans le Nouveau Testament, l’union du Christ et de l’Église rend ses disciples capables de participer à Sa vie et à Son œuvre de salut en tant que membres de Son Corps et Épouse. Lorsque Jésus reviendra, cette participation à la vie divine unira l’humanité rachetée à la Trinité dans la joie éternelle.

La beauté de ce plan nuptial serait détruite si Dieu était infidèle à Son objectif déclaré dans la Création et dans le Christ. Il nous a créés pour l’union avec Lui, aussi, si Dieu modifiait à présent Sa volonté, notre existence et celle du cosmos tout entier serait déçue à un point inimaginable. Cela transformerait tout simplement l’existence en enfer parce que nous ne serions jamais unis à Lui qui est notre origine et notre fin, notre amour et notre espérance, notre vie et notre achèvement à tous.

Ces réalités du mariage constituent les fondements de la théologie de l’Alliance dans les Écritures. Dieu est infailliblement fidèle dans son œuvre, à la fois généreuse, sage et amoureuse, d’attraction de l’humanité vers Lui. Pas plus Israël que l’Église n’ont de réclamation sur Lui qui soit enracinée dans toutes leurs actions, et sûrement pas face au péché. Il est le conjoint fidèle, c’est nous qui sommes adultères.

Comme Sa fidélité exprime une infinie miséricorde, cela nous appelle à la conversion et à partager Sa vie grâce à l’effusion du Saint Esprit par qui Il vient habiter en nous et nous en Lui. A cette fin, le Verbe s’est fait chair et est retourné au Père en passant par la Croix. Il est l’époux fidèle qui purifie son épouse et la conduit à la maison. Cette fidélité inébranlable fait dire à Paul : « Si nous sommes infidèles, Il reste fidèle car Il ne peut se renier Lui-même. » (2 Tim 2, 13).

Ce n’est que sur le fondement que constitue la fidélité du Christ, infusée dans notre cœur par le séjour de la Trinité, que nous pouvons espérer demeurer fidèles. Humainement parlant, c’est impossible mais « à Dieu, tout est possible » (Mt 19, 26).

Dans la crise actuelle que traverse le mariage, ceux qui disent qu’il est parfois impossible à des chrétiens de rester fidèles à la promesse faite à leur conjoint et à Dieu (par exemple lorsque le mariage est irréparablement brisé ou a été remplacé par une deuxième union) ont oublié la signification du Christ, de la personne humaine, du mariage et du cosmos, qui tous affirment la gloire de Dieu et Sa fidélité. Il ne s’agit pas de développements doctrinaux ni de d’assouplissements de la discipline de l’Église. C’est le renversement complet de la vision chrétienne de Dieu et de l’existence humaine.

S’il y avait un seul cas dans lequel la fidélité envers un conjoint ou envers Dieu serait impossible pour un chrétien, cela signifierait que la fidélité de Dieu aurait échoué. Par un effet pervers, l’infidélité dans ce cas serait enracinée dans l’infidélité de Dieu qui nous retirerait Sa grâce ou nous induirait en erreur par Jésus et l’enseignement erroné de l’Église concernant les obligations de l’Évangile.

Loin d’être réalistes et miséricordieuses, les suggestions qui sont faites sont de cruelles et abstractions sans pitié qui impliquent que la fidélité de Jésus n’est pas toujours disponible pour nous. Elles bafouent ceux qui ont vécu dans la chasteté après un mariage brisé, par fidélité à leurs conjoints du Ciel et de la Terre. Ceux qui soutiennent ces théories doivent citer un cas dans lequel Dieu et le Christ sont infidèles, avant de présumer qu’il est permis à un chrétien d’être infidèle même pour le plus petit motif. C’est là la vérité concrète, réelle, personnelle, de l’Évangile.

La miséricorde ne se trouve pas dans l’échange de la beauté du mariage contre une illusion sans vie. On la trouve, comme toujours, en permettant à Jésus de nous conduire à Lui sur la Croix et en apprenant qu’avec Lui, nous pouvons être fidèles, même jusqu’à la mort.

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Le Père Timothy V. Vaverek, docteur en théologie sacrée, récent contributeur de TCT, est prêtre du diocèse d’Austin depuis 1985 et est actuellement curé de paroisses à Gatesville et Hamilton. Son doctorat porte sur la dogmatique, avec une insistance particulière sur l’œcuménisme.

https://www.thecatholicthing.org/2017/01/28/marital-fidelity-and-gods-fidelity/