La défaite de François-Xavier Bellamy - France Catholique
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La défaite de François-Xavier Bellamy

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François-Xavier Bellamy / © François-Régis Salefran

François-Xavier Bellamy / © François-Régis Salefran

Nos auditeurs se souviennent peut-être que lorsque François-Xavier Bellamy s’est lancé dans la campagne des européennes en tête de liste des Républicains, j’ai fait part de ma crainte. Ne risquait-on pas de perdre un philosophe de talent, dès lors qu’il dépenserait toutes ses énergies sur le terrain politique et électoral ? Je ne pouvais cacher, en effet, la vive estime que j’ai à l’égard de ce jeune penseur, courageux dans ses convictions, fort d’une belle culture et en plus exceptionnel pédagogue. Sur le moment, je ne pensais pas du tout à un possible échec, encore moins à un grave échec électoral. Mais ce n’est pas ce genre d’objection qui m’aurait vraiment impressionné. Après tout, les plus célèbres de nos responsables historiques se sont aguerris dans la lutte et même dans l’échec, tels le général de Gaulle, François Mitterrand ou encore Jacques Chirac.

Mais le problème n’était pas là. Il résidait tout entier dans la difficulté pour un philosophe de se muer en politique. C’était le risque de sacrifier une œuvre encore à venir. C’était surtout le dommage de renoncer à influencer le débat intellectuel, et Dieu sait si dans ce domaine nous avons besoin d’éclaireurs pour répondre à des défis considérables. Certes, l’homme politique a la faculté de participer utilement à certains débats décisifs. C’est sur un mode qui n’a pas les exigences disciplinaires de la pensée désintéressée.

Si l’on analyse la manière de François-Xavier Bellamy durant ces quelques semaines, on mesure la qualité de sa parole, sa modération et sa courtoisie qui faisaient contraste avec les coups de boutoir du ring idéologique. Ce n’était pas de sa part de la pusillanimité mais au contraire une forme de pédagogie ou encore de proposition de dialogue qui invitait à envisager sérieusement les choses. Aujourd’hui que la défaite est avérée, et elle est sérieuse, ses adversaires, surtout ceux de son propre parti ne manquent pas de mettre en cause des convictions qui auraient été trop clivantes et qui auraient rétréci le périmètre d’influence de la droite et du centre. Je ne suis pas persuadé par cette analyse, car ce qui a été déterminant dans cette compétition c’est la cristallisation du combat sur le duo Macron – Le Pen. Reste, toutefois, cette question vraie qui concerne la possibilité des compromis, lorsque les convictions sont bousculées. Mais si François-Xavier Bellamy a été victime de telles convictions, c’est tout à fait à son honneur.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 28 mai 2019.