La chasteté à l'école de sainte Thérèse - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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La chasteté à l’école de sainte Thérèse

Vivre derrière la grille du Carmel n'a jamais empêché sainte Thérèse d'avoir une vision acérée de la chasteté, son « arme invincible ». Chacun peut aujourd'hui s'en emparer.
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La plus jeune des Docteurs de l’église, entrée si tôt dans la vie religieuse, a connu elle aussi des étapes dans l’intégration de sa vie sexuelle et affective. Et elle n’a pas craint de nous en laisser les traces écrites. Son itinéraire personnel, marqué par beaucoup d’affection familiale, mais aussi bien des déficits (deuil précoce de sa mère, proximité intense de son père, sa situation de cadette…), pouvait la prédisposer à un amour toujours plus captatif. Dans cette fratrie féminine, blessée profondément par l’éloignement du père – dans la maladie mentale –, au milieu de ce Carmel en conflit, partageant une vie religieuse politiquement menacée par de nouvelles expulsions, l’aventure intérieure de Thérèse s’est entièrement fondée sur l’amour de « Jésus » (son appellation préférée). C’est de là qu’elle a pu vivre dans le secret, puis partager, une affection extraordinairement responsable envers ses consœurs jeunes et aînées, ses « frères » prêtres, et bien d’autres avec qui elle était en relation épistolaire suivie.

Loin d’être naïve

Contrairement à ce qu’on imagine, Thérèse n’ignore rien des réalités sensibles. On la voit, dans son pèlerinage romain, guider délicatement l’affection d’un jeune prêtre lexovien, attaché aux pas du duo un peu échevelé qu’elle forme avec sa sœur Céline, se défendre avec humour des jeunes Italiens qui se précipitent pour les (em)porter quand elles montent ou descendent de « voiture ». Bientôt, dans les débuts de sa vie religieuse, elle connaîtra des attachements intenses, notamment envers sa prieure Mère Marie de Gonzague, alors même qu’elle doit conduire plus loin l’affection semblable d’une co-novice qui manque de mesure. Et de même, celle de ses sœurs de sang, puis celle des novices dont elle a la charge. Elle sait à quel point les liens familiaux autant que communautaires peuvent être aliénants, ou béatifiants.

« Croyez-vous que la pureté consiste à ignorer le mal… »

Plus précisément encore, Sœur Marie de la Trinité, la novice la plus insolite dont la formation incombait à Thérèse rapporte, dans les procès diocésain, puis romain, qu’un jour qu’elle « souffrait de quelque trouble au sujet de la pureté », elle s’adressa à Thérèse en lui disant : « Je crains bien que vous ne compreniez rien aux peines de mon âme. » Elle s’entendit répondre dans un sourire : « Croyez-vous que la pureté consiste à ignorer le mal… Vous pouvez sans crainte me confier tout ce que vous voudrez, rien ne m’étonnera » (PO, 466). Plus tard, Marie de la Trinité confirmera que Thérèse lui avait appris à « voir toutes choses avec pureté ». « Tout est pur pour les purs, aimait-elle à me répéter, le mal ne se trouve que dans une volonté perverse » (PA, 485).

L’acuité de sa vision réside exactement là : dans la pureté du cœur – la vie de chasteté donc – qui ne vient pas de l’ignorance du mal. Mais d’un grand élan de confiance et d’amour, qui permet de tout voir dans le respect de Dieu pour ses enfants éprouvés.

Ce que sainte Thérèse apporte dans notre vie quotidienne pourrait se résumer en son nom de religion. Elle a découvert et l’enfance de Dieu, et la puissance humiliée de sa miséricorde : l’Enfant Jésus, en même temps que la Sainte Face. D’un côté, il y a un au-delà de la chair mortelle en tout amour. De l’autre, la Face adorable de Jésus, qui recueille en sa douceur toutes nos blessures, restaure pour toujours tous les amours défaillants. Une certitude éternelle que Thérèse a acquise au prix d’elle-même, dans la nuit de sa foi et la tentation du Menteur. Mais qu’elle nous offre comme la plus indéfectible des espérances.

Elle rejoint tous les amours

Oui, il y a une radicalité thérésienne qui peut aujourd’hui nous éclairer. Elle rejoint tous les amours à partir d’un seul, comme il s’agit de le vivre dans le mariage aussi bien que dans la vie consacrée ou le célibat sacerdotal. C’est à partir d’un point fixe, du plus singulier, qu’on touche le plus universel, et elle en est un exemple exceptionnel. Sa volonté de s’asseoir à la table des pécheurs, jusqu’à la fin du monde s’il le faut, son identification au Publicain aussi bien qu’à Marie-Madeleine, sa visée de rejoindre les repenties et de prier pour « les infidèles qui n’ont pas la foi », ne pouvait venir que d’un cœur se reconnaissant pardonné d’avance, à cause d’une surabondante miséricorde. En plongeant dans l’Amour brûlant du Christ pour les pécheurs, nous sommes rendus capables d’aimer vraiment, dans la justesse des relations : c’est cela même, la chasteté.

Gouverner ses relations

La chasteté « signifie l’intégration réussie de la sexualité dans la personne et par là l’unité intérieure de l’homme dans son être corporel et spirituel », selon le Catéchisme de l’Église catholique (§ 2337). C’est donc un ensemble d’attitudes qui manifestent le respect appelé à gouverner les relations que l’on a envers soi-même, les autres, le monde, et même Dieu. On évoque ainsi tout ensemble la pudeur des yeux, la pureté du cœur, la continence sexuelle de qui se garde pour se donner, mais aussi le renoncement aux relations d’emprise et à toute manipulation. Il s’agit donc d’une posture morale volontaire, qui implique la liberté de chacun. Mais la chasteté se comprend surtout comme une ouverture ou une réponse intégrale d’amour à un amour qui touche toute la personne. N.H.

Du 1er au 6 octobre se tient la Semaine thérésienne au sanctuaire Sainte-Thérèse, 40, rue Jean-de-La-Fontaine à Paris. Sœur Noëlle Hausman y développera ce thème de la chasteté le vendredi 4 octobre à 18h.