La Foi ou les Œuvres ? Une approche différente - France Catholique
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La Foi ou les Œuvres ? Une approche différente

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Le débat entre catholiques et protestants sur la relation entre la foi et les œuvres, tel qu’il se déroule habituellement est perdu pour les catholiques parce qu’il se situe sur le terrain protestant. Le protestant affirme que nous sommes sauvés par la foi, pas par les œuvres. Le catholique ne conteste pas : il nous est impossible de gagner notre propre salut, don gratuit de Dieu qui vient de notre foi en Christ.

Mais, ajoute le catholique, il nous faut réaliser de bonnes actions pour coopérer à la grâce du salut donné gratuitement par Dieu. Après tout, St Jacques nous dit : « La foi sans les œuvres est une foi morte » (2,17). Le protestant répond que lui aussi accomplit de bonnes actions et garde les commandements à cause de sa foi, mais que ceci n’apporte pas le salut. Seule la foi en Christ sauve.

C’est ici que le catholique se trouve dans une impasse. Il a explicité la doctrine de la justification de manière succincte et correcte, mais pour avancer, il lui faut encore expliquer les complexités des œuvres et de la coopération à quelqu’un qui en rejette les prémices.

Débattre des œuvres devient sans issue. Pour éviter ce piège, le catholique peut diriger les arguments en direction de la foi. C’est seulement ainsi que les œuvres deviennent intelligibles pour quelqu’un qui les rejette.

Qu’est-ce que la foi ? Le Catéchisme de l’Église catholique nous enseigne que « la foi est un don de Dieu, une vertu surnaturelle infuse par Lui » (153) par le sacrement du baptême. La foi nécessite de notre part « un acte personnel : la réponse libre de l’homme à l’initiative de Dieu qui se révèle. » (166)

Dieu agit en premier et invite nos cœurs à lui répondre, mais nous avons la liberté d’accepter ou de rejeter son invitation. Si nous l’acceptons, nous ne nous en attribuons pas le mérite, mais nous nous glorifions dans le Seigneur. (1 Cor 1,31) Pourtant notre réponse, c’est notre premier exercice (oeuvre) de foi qui grandit et se développe tout au long de notre vie par des actes de charité et de piété.

Pour Luther et ses descendants, à la suite de Romains 10,9, la foi consiste à s’en remettre totalement au Christ : « Si, de ta bouche, tu confesses que Jésus est Seigneur et si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. » Cette croyance requiert une seule chose : le baptême. « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé » (Marc 16,16). Luther est sur ce point d’accord avec l’Église : le baptême confère le don de la foi.
Mais c’est ici que Luther s’éloigne définitivement de l’Église, qui enseigne que le baptême confère la grâce par la venue de l’Esprit Saint par l’eau versée sur le front et par les paroles baptismales que prononce le prêtre. Le sacrement agit de lui-même, ex opere operato, en vertu de l’acte accompli : il ne dépend pas du mérite, de la dignité du prêtre ou de celui qui reçoit ce sacrement, mais de la puissance de Dieu agissant par son Église.

Luther rejette cette théologie, et affirme au lieu de cela que « la puissance du baptême ne dépend pas tant de la foi ou de la pratique de celui qui le confère que de la foi ou de la pratique de celui qui le reçoit. »

Pour Luther, ce n’est pas le sacrement du baptême lui-même qui justifie, mais la foi en ce sacrement chez celui qui le reçoit. Autrement dit, le sacrement fonctionne ex opere operantis, par l’oeuvre de celui qui le reçoit. Luther affirme ceci : « Ainsi, ce n’est pas le baptême qui justifie quiconque ou qui lui est bénéfique, mais c’est la foi en cette parole de promesse à laquelle le baptême s’ajoute. Cette foi justifie, et accomplit ce que le baptême signifie. »

Il y a une ironie profonde au travers de ce débat semble-t-il bien compliqué à l’intérieur de la théologie sacramentelle. Luther rejette la formulation ex opere operato de l’Église parce qu’elle semble faire passer la foi après la réalisation des πuvres et la rendre dépendante de celles-ci. Mais dans la théologie revisée de Luther la foi dépend maintenant entièrement de celui qui la reçoit et de sa croyance — de ses actes. Luther affirme que l’on ne peut être justifié par les œuvres, mais c’est l’œuvre de l’individu qui est la mesure de sa foi.

Pour revenir à la discussion sur la foi et les œuvres, le catholique peut démontrer que la foi du protestant, qu’elle se situe dans la théologie luthérienne traditionnelle ou dans les appels contemporains de certaines sectes évangéliques, dépend entièrement de son œuvre – de l’effort qu’il applique personnellement dans l’acte de croire.Si la foi dépend de l’effort personnel, alors assurément on peut grandir dans la foi au cours du temps : même lorsque l’on revient à la foi baptismale après avoir péché, comme le soutient Luther, la mesure de la foi dépend de celui qui croit.

Cette discussion s’est maintenant déplacée sur le terrain catholique : « Chez tous les baptisés, enfants ou adultes, la foi doit croître après le Baptême… Le Baptême est la source de la vie nouvelle dans le Christ de laquelle jaillit toute la vie chrétienne. » (Catéchisme de l’Église Catholique 1254)

Ceci est la base de l’enseignement catholique de la justification, qui n’est pas apportée simplement à un instant, comme le soutiendrait le protestant, en niant les œuvres. Mais plutôt, comme l’enseigne le concile de Trente, la justification « n’est pas seulement la rémission des péchés mais également la sanctification et le renouveau de la personne intérieure au travers de l’acceptation consciente de la grâce et des dons… afin que l’on puisse être héritier dans l’espérance de la vie éternelle. »

La sanctification et le renouveau intérieur (c’est-à-dire la foi grandissante) s’effectue par les œuvres : prière, charité, et foi elle-même. C’est Dieu qui nous sanctifie, mais il nous faut engager notre liberté dans son oeuvre. Ceci est la doctrine Catholique des œuvres et de la coopération. Et ainsi on peut dire avec St Jacques : « En effet,de même que, sans souffle, le corps est mort, de même aussi, sans œuvres, la foi est morte. »

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David G. Bonagura, Jr est professeur adjoint de théologie au Séminaire de l’Immaculée Conception, Huntington, New York.

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/faith-or-works-a-different-approach.html

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Portrait de Luther.