L'enseignement moral de l'Église a-t-il perdu toute signification ? - France Catholique

L’enseignement moral de l’Église a-t-il perdu toute signification ?

L’enseignement moral de l’Église a-t-il perdu toute signification ?

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Le divorce de l'Impératrice Joséphine, par Henri Frédéric Schopin, vers 1830

Le divorce de l'Impératrice Joséphine, par Henri Frédéric Schopin, vers 1830

© Wallace collection, Londres

Il arrive qu’un article ait une telle importance qu’il faille attirer l’attention du public dessus. Il s’agit de l’article “Why Faithful Catholics Get Divorced” [Pourquoi des fidèles catholiques divorcent-ils] par Tom Hoopes écrit voici 15 ans et récemment réédité sur le site Crisis . Il mérite d’être lu.

Cet article traite remarquablement d’une situation perturbante que j’ai ressentie depuis des années. Pardonnez ma naïveté, je suis toujours choqué quand j’apprends le divorce d’un couple catholique “traditionnel“ ou “conservateur“. Non que je considère ces gens comme fautifs ou leur rupture comme plus ou moins tragique ; je suis simplement surpris.

Ce genre d’évènement est moins surprenant si une personne ou un couple porte simplement l’étiquette “Catholique“. Mais pas moins tragique : juste guère surprenant. S’ils ont — au moins parfois — pris en considération les obligations de l’enseignement de l’Église, il n’est pas étrange que l’apparition de problèmes conjugaux les incite à adopter la “solution“ courante dans notre société.

Un départ. Un divorce. Et chacun s’en va sur son chemin, parfois vers un nouveau mariage, tandis que l’autre reste fidèle à son vœu. Il n’y a guère d’évènements plus tragiques que ce genre d’abandon qui crée une sorte de veuvage, parfois avec des orphelins.

Ma question : « que s’est-il passé ? » Non pas au sens de problèmes personnels, ce qui ne me regarde pas. Je ne nie pas qu’il puisse y avoir des problèmes, et je sais bien que, créatures fragiles, nous commettons tous des erreurs. Je ne “juge“ pas ceux qui ont des problèmes, c’est le lot de tous les humains. Ma question : « Quand l’enseignement moral de l’Église a-t-il cessé de compter pour vous ? Quand avez-vous pris la décision, sachant la position de l’Église, d’agir contre, tout en sachant que c’était mal ? »

L’ “X“ de l’équation ? Divorce, avortement, contraception, conception “in vitro“, stérilisation, euthanasie, ou malhonnêteté, mauvais traitement envers le personnel. De telles pratiques ne sont pas étranges chez ceux qui rejettent l’enseignement de l’Église. Par contre, de tels comportements seraient étranges chez ceux qui vont à la messe et qui, proclamant leur attachement à l’enseignement de l’Église, s’en exemptent quand un événement inattendu leur tombe dessus.

L’époux Catholique “traditionnel“ qui abandonne femme et enfants pour une jeune mignonne et continue à assister à la messe alors qu’il a engagé une procédure d’annulation de son mariage. Les parents Catholiques “traditionnels“ qui, découvrant la grossesse de leur fille, l’emmènent chez la faiseuse d’anges pour éviter le scandale. Ou ces bons parents “traditionnels“ de ma connaissance convainquant leur fils qu’il n’avait aucune obligation envers sa petite amie qu’il avait engrossée, ni envers l’enfant à venir. Il les a laissés tomber.

Pourquoi des parents Catholiques “Tradi“dont un fils a abandonné épouse et enfants ne lui diraient-ils pas « elle est toujours notre fille, toujours bienvenue chez nous : tu ne l’es pas tant que tu ne te réconcilies pas avec ta femme. » Les catholiques qui souhaitent que l’Église maintienne l’interdiction de communier pour les couples divorcés ne peuvent-ils refuser d’accueillir à leur table leur fils infidèle, qui a rompu le vœu de fidélité et souhaiter recevoir convenablement la maman de leurs petits-enfants ?

Comment un entrepreneur catholique “tradi“ peut-il traiter son personnel autrement que selon l’enseignement de SS Saint Jean-Paul dans Laborem Exercens et Centesimus Annus ? Vous vous croyez “fidèle Catholique“en assistant régulièrement à la Messe, en récitant le rosaire, en suivant des retraites de l’Opus Dei et en traitant mal vos employés ? Pensez-vous que Dieu ne le voit pas? Imaginez-vous que le jugement porté sur des personnes “ostensiblement“ fidèles serait moins plutôt que plus sévère ? On peut attendre beaucoup de qui a beaucoup reçu.

Que tout soit bien clair. Vous imaginez que Dieu attend de vous que vous assistiez à la Messe en costume-cravate et receviez la Sainte Communion devant l’autel. Mais vous n’êtes pas bien net en ce qui concerne l’interdiction divine de divorcer ou la pingrerie sur les salaires de vos employés.

Qui peut prétendre honnêtement « J’ignorais que l’Église considérait comme mal de contracter un faux [en Français dans le texte] mariage, avoir des enfants puis abandonner épouse et petits au profit d’un autre, prétendument réel et meilleur. Mariage ? »

Nul n’est parfait, mais les Catholiques sont invités à réfléchir sur ces questions. Ils bénéficient d’une Église constituée d’un clergé, mais aussi des laïcs capables de les aider. Des problèmes dans le couple ? Appelez à l’aide. Pourquoi hésiter ?

Vous imaginez que Dieu devrait vous donner des pouvoirs magiques pour surmonter les difficultés, ou qu’Il devrait “ajuster“ votre épouse selon vos soucis ? Vaniteux ! C’est le pire des péchés qui entraîne tous les autres. Être Catholique rend-il les choses différentes ? Qui peut le prétendre ? N’avez-vous pas remarqué la Croix à l’entrée de l’Église ?

J’ai découvert lors de mes années d’enseignement de la théologie morale que la plupart de nos efforts de conversion morale sont vains — non à cause de mauvaises intentions ou de mauvaises leçons, mais par ce que nous avons abandonné l’enseignement de l’Église, a) mal perçu par la nature humaine ou – b) mal suivi dans son sens.

Nous persistons à penser que “doctrine“ ou “spiritualité“ feront bien l’affaire. On peut mener un programme de préparation au mariage, mais il ne portera guère de fruits sans persévérance. Je consacre tout un semestre à mes étudiants — une trentaine de séances — ce qui est encore insuffisant. Ou bien les gens se plient aux bons comportements, ou bien ils se laissent aller, et c’est l’échec.