L’élan missionnaire du pape François nous invite à sortir de notre « confinement » spirituel - France Catholique
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L’élan missionnaire du pape François nous invite à sortir de notre « confinement » spirituel

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Lors de sa rencontre le 1er juin 2017 avec les membres de la Fédération des associations familiales catholiques en Europe (FAFCE), le pape François nous avait encouragé à « développer avec créativité de nouvelles méthodes et ressources afin que la famille puisse exercer, dans le domaine ecclésial comme dans le domaine civil, la triple tâche de soutien aux nouvelles générations, d’accompagnement sur les routes si souvent accidentées de la vie, et de guide qui indique des références de valeurs et de significations sur le chemin de chaque jour »

Trois ans plus tard, les mots du Pape résonnent avec une justesse nouvelle. Le confinement a mis à l’épreuve l’engagement et l’ingéniosité des parents pour s’approvisionner en biens de première nécessité, assurer la continuité de leur travail et dans le même temps prendre en charge leurs enfants et leur éducation. L’adversité actuelle de la pandémie révèle ainsi aux yeux de tous le rôle crucial de la famille, celui d’être puissance « générative » de la vie en société et celui d’assurer la solidarité entre les générations. Elle est le lieu premier où les enfants, les personnes âgées et les personnes les plus vulnérables peuvent trouver du soutien. Dans un contexte de précarité spirituelle, les familles sont également appelées à se redécouvrir comme églises domestiques, lieu premier de la transmission de la foi et de la prière.

Le pape François aborde avec courage le thème de la famille, non seulement dans son rôle d’unité de base de la société, mais dans son appel premier à être un lieu de témoignage chrétien. Un thème crucial aujourd’hui, pourtant tant de fois mis de côté dans de nombreuses institutions, dont certaines se proclamant catholiques.

Au cours de ma première année en tant que Président de la FAFCE, en contact permanent avec les institutions européennes, je peux témoigner personnellement que beaucoup d’entre nous, catholiques engagés dans la politique et au sein des institutions, n’avons pas le courage de nous dire catholiques et d’exprimer nos idées avec force. La réticence à se dire catholique n’est pas seulement un signe de peur à l’idée de témoigner de sa foi. Souvent, plus que la peur, c’est la prudence qui prime : éviter d’élever des murs insurmontables entre les personnes par le témoignage de la foi. Car aujourd’hui, les catholiques, même s’ils sont laïcs, sont perçus non pas tant comme des porteurs de la bonne Nouvelle de l’amour du Christ, mais plutôt comme des juges de règles malheureusement difficiles à respecter.

Le pape François a continuellement souligné ce risque au cours de ses sept années de pontificat. Il nous a mis en garde contre le fait d’être des « chrétiens de musée », et nous a plutôt encouragés à être des membres vivants de la société. Ses paroles sur la famille ont également été réitérées de manière plus formelle lors des réunions avec les institutions et les dirigeants européens à Strasbourg en 2014 et à Rome en 2017.

Le message de miséricorde du pape François, qui touche tout en étant très ferme sur le thème de la famille et de ses valeurs, possède une véritable influence sur ses interlocuteurs, qui, dans un autre contexte, se seraient inssurgés. Par ce biais, même ceux qui sont en dehors de l’Église peuvent comprendre que la fonction de la communauté ecclésiale est avant tout celle d’accompagner chaque personne pour cultiver l’amour du Christ, en apprenant à vivre vertueusement.

Le pape François met en lumière la réalité accueillante de l’Église, ce qui profite à tant de personnes dans le monde, qui trouvent ainsi le courage de partager leurs doutes et leurs faiblesses. Cependant, si, d’une part, il est peut-être plus facile de se déclarer catholiques, d’autre part, il est nécessaire de comprendre la tâche de ceux qui, surtout les laïcs, se déclarent comme tels. En effet, aujourd’hui plus que jamais, même les laïcs catholiques sont appelés à être des « missionnaires », authentiques et générateurs, dans leur propre environnement (famille, travail et loisirs).

Cela ne signifie pas que la miséricorde envers autrui vide de sens l’enseignement de l’Église ou ses règles ; au contraire, c’est précisément la miséricorde qui offre aux laïcs catholiques la possibilité d’un changement existentiel profond, en encourageant la proclamation de la beauté (et non de la tristesse) de notre foi et de sa doctrine.

Cette expérience du Covid-19 nous donne à nouveau la possibilité de tourner notre regard vers l’autre et vers l’extérieur, et d’en apprécier la richesse. Pour cela, il est nécessaire d’être inséré dans la société, et de témoigner verbalement de notre foi. Le pape François nous aide à ouvrir les portes de nos communautés (et donc de nos cœurs), et à quitter nos communautés sans crainte.

Cependant, un tel changement représente une énorme responsabilité pour les communautés elles-mêmes. Il ne suffit pas de proclamer la doctrine, mais aussi de la vivre ; d’être non seulement des enseignants mais aussi des témoins.

Cette question mène ainsi à une autre : les catholiques et surtout les laïcs sont-ils capables de relever ce défi missionnaire ? Serons-nous capables non seulement de sortir de notre « confinement », d’ouvrir nos communautés aux autres, mais aussi de les convaincre, par notre exemple, que suivre le Christ donne un sens à notre existence ?

La Fédération des Associations Familiales Catholiques en Europe (FAFCE) représente 26 associations locales et nationales de toute l’Europe, dont la CNAFC pour la France. Elle porte la voix des familles d’une perspective catholique au niveau européen. La FAFCE détient un statut participatif auprès du Conseil de l’Europe et fait partie de la plateforme des droits fondamentaux de l’Union européenne.

[(*Vincenzo Bassi est le président de la Fédération des associations familiales catholiques en Europe (FAFCE). Avocat à la Cour de cassation, docteur en droit constitutionnel européen, professeur adjoint en droit fiscal à l’université LUMSA (Rome), il est également vice-président de l’Union des juristes catholiques italiens (UGCI) et membre du conseil d’administration du Forum italien des associations familiales.)]