Un apôtre contre la déconstruction - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Un apôtre contre la déconstruction

Violemment agressé à Nancy le 19 août, le Père Jacques Bombardier est prêtre de l'Oratoire, fondé par saint Philippe Néri. Pour France Catholique, l'auteur de Découvrir l’amour fou de Dieu (éditions des Béatitudes) était revenu sur la figure éclatante du saint italien, "directeur spirituel" de Rome, dont il est l'un des meilleurs connaisseurs.
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La vision de saint Philippe Néri, de Pompeo Bartoni (XVIIIe siècle).

La vision de saint Philippe Néri, de Pompeo Bartoni (XVIIIe siècle).

D. R.

Parmi les actions peu connues que menait saint Philippe Néri, la visite d’hôpitaux à Rome… Sait-on pourquoi il le faisait ?

Père Jacques Bombardier : On connaît l’activité de service de saint Philippe dans les hôpitaux par les récits des disciples qu’il conduisait avec lui auprès des malades de l’hôpital Saint-Jacques-des-Incurables, souvent le dimanche. Il s’agissait d’apporter un peu de confort aux malades, de faire leur lit, de laver leur linge, d’apporter un peu de nourriture ; et pour saint Philippe devenu prêtre, de les confesser et les aider dans la mort. Encore laïc, il avait fondé avec son père spirituel et des jeunes laïcs qu’il avait ramenés à la foi, une confrérie pour accueillir et soigner les pauvres pèlerins arrivés à Rome pour l’Année sainte 1550 et les convalescents qui sortaient de l’hôpital.

Quel rôle a-t-il joué dans la période dite de « la Renaissance » païenne, marquée par la reconstruction de Rome après le sac de 1527 ?

Philippe arrive à Rome dans une ville détruite à tous les sens du mot : matériellement détruite, moralement détruite après des années de dérive et après le choc de ce sac ignoble, et spirituellement devenue païenne.

Philippe a longtemps cherché ce que Dieu attendait de lui, ermite dans Rome pendant presque 20 ans, dans un style de vie très austère. Il souffrait de ce vide effroyable et de voir les jeunes de son âge, de son quartier, désœuvrés et déconstruits. Avec amitié et humour, il va doucement en reconduire certains à une vie de foi, entretenant cette flamme nouvelle dans leurs cœurs. Pour lui-même, il priait beaucoup, surtout la nuit, lisait l’Écriture et les Pères du désert ; il suivit aussi des cours de théologie – il sera toujours un excellent théologien précis et simple – mais avouait que le crucifix de la salle de cours le captivait davantage que les cours.

Mais surtout, il avait trouvé à côté de Saint-Sébastien sur la Via Appia un trou pour entrer dans les catacombes qu’on ne connaissait pas encore, mais qu’il aimait pour se retremper auprès des martyrs et des premiers chrétiens, eux qui avaient la foi ! Eux qui avaient donné leur vie pour le Christ ! Ainsi Philippe, le jour, au Forum pour attirer au Christ, la nuit, aux catacombes pour se ressourcer et rester fidèle.

Son Oratoire a commencé en quelque sorte à la maison. C’est un enseignement pour les communautés et familles qui ont été confinées…

Quand Philippe a été ordonné prêtre à l’invitation de son confesseur, il a logé dans un convict de prêtres près du Campo dei Fiori. Il savait ses jeunes convertis en danger, surtout durant la sieste et son oisiveté dangereuse, chaque jour. Alors chaque jour, il les a réunis dans sa chambre pour un temps assez long de conversation, d’échanges et de prière : Bible, Pères de l’Église, histoire de l’Église et morale… Tel était le menu quotidien, à partir d’un livre de chaque thème, lu et commenté ensemble. Chacun prenait la parole. Un véritable échange qui comblait Philippe, qu’il dirigeait à peine. Le soir après le travail, les plus « mordus » le rejoignaient pour une heure d’oraison avec lui. Le dimanche après la confession et la messe, on allait à l’hôpital et l’après-midi, on faisait une grande promenade dans la campagne romaine et on invitait plus large… C’était pour certains les premières approches du groupe.

Tout semblait « improvisé » mais tout était conduit par l’Esprit qui gouvernait saint Philippe.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien et de notre « Grand angle » consacré à l’oratoire de saint Philippe Néri en France dans le magazine.