L'Église des pauvres - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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L’Église des pauvres

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Pour l’éditorialiste, les sujets ne manquent pas ces jours-ci et la réflexion en cours, quels que soient les protagonistes, est souvent passionnante. Nous sommes à un de ces moments où le frisson de l’incertitude et de l’inconnu provoque des échanges animés où nous avons parfois la chance de trouver reformulées les questions les plus essentielles de la politique. Je m’en ferai sans doute l’écho bientôt, mais il me semble qu’au cœur même de ce souci noble devrait retentir une voix particulière, celle qui s’est exprimée à Rome du 10 au 13 novembre, avec le pèlerinage de 4000 personnes précaires rassemblées par l’association Fratello à l’invitation du Pape. On peut parler philosophie politique, économie, stratégie mondiale, mais si l’on oublie les pauvres dans notre perception, c’est que nous sommes aveugles à notre humanité même, à sa fragilité, là où elle doit être protégée, soignée, guérie.

Les compte rendus que j’ai pu lire de cette étonnante rencontre romaine, m’ont, il est vrai, abstrait de l’actualité politique immédiate, mais pour toucher la sensibilité qui se rapporte au frère, et qui sollicite la charité au sens véritable du terme. Charité qui est l’amour sans réserve et sans condition du prochain, trop souvent mon lointain, le pauvre. On ne comprend rien à la parole du pape François, si l’on ne saisit pas comment son appel constant pour que l’Église soit vraiment l’Église des pauvres n’a rien d’un slogan mais s’enracine dans l’exemple du Christ lui-même. François a exprimé sa certitude dans une formule qui devrait être retenue : « Tout homme ou femme, quelle que soit sa religion, doit voir dans chaque pauvre le message de Dieu qui s’approche et se fait pauvre pour nous accompagner dans la vie. »

Il ne faut pas comprendre de tels propos sous le mode d’une idéalisation de la pauvreté et des pauvres eux-mêmes. Les pauvres aussi ont à se réconcilier avec Dieu, comme l’a rappelé à Rome le cardinal Barbarin. Les pauvres nous évangélisent lorsqu’ils nous apprennent à aimer, à pardonner, à dire merci, pour reprendre les mots d’Étienne Villemain. Se mettre à l’école des pauvres, c’est se mettre à l’écoute du Dieu qui se donne totalement et gratuitement pour le Salut de tous.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 15 novembre 2016.