L’Église dans le débat national - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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L’Église dans le débat national

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La Conférence des évêques de France vient de communiquer à propos de la façon dont les diocèses ont répondu à l’invitation à entrer pleinement dans le débat et la recherche que nécessite la crise sociale actuelle. Les remontées ne sont nullement négligeables, car il apparaît que tous les évêques ont réagi et que des initiatives sont prises un peu partout pour associer les catholiques à une entreprise de grande envergure. Impossible d’en faire la synthèse en quelques mots, d’autant que parfois la réflexion est déjà très élaborée. Par exemple, le diocèse d’Angers avance vingt-quatre propositions. Ce qui est remarquable le plus souvent, c’est que se trouve associé aux soucis les plus immédiats et aux revendications les plus urgentes un effort pour prendre les choses de haut, dans une perspective de bien commun, pas seulement nationale.

Ainsi, Mgr de Germay, évêque d’Ajaccio, se réfère à l’encyclique Laudato si’ publiée en 2015 par le pape François : « Paix, justice et sauvegarde de la création sont trois thèmes absolument liés. » Même si le souci écologique ne paraît pas prioritaire pour beaucoup de Gilets jaunes, il ne saurait se séparer « d’une perspective sociale qui prenne en compte les droits fondamentaux des plus défavorisés ». Mgr de Germay évoque aussi un véritable « malaise dans la civilisation » qui se rapporte à un modèle de société en question. C’était bien la perspective du Pape dans ce texte de référence.

Mais il y a aussi une autre dimension pour l’Église de France, c’est celle de sa relation directe au terrain et au terrain de la contestation. De ce point de vue, Mgr Bernard Ginoux, évêque de Montauban, s’est montré pionnier. Après avoir publié une lettre ouverte répandue sur les réseaux sociaux, il était insatisfait. Aussi s’est-il rendu sur le rond-point le plus emblématique de sa ville, où il a reçu le meilleur accueil. En discutant avec les uns et les autres, lui-même revêtu du gilet jaune, il s’est persuadé que des réformes économiques et sociales étaient prioritaires et qu’elles avaient été reléguées au second rang par les réformes sociétales qui concernent souvent les éléments les plus favorisés. Il va, en véritable pasteur, plus loin encore. Pour lui, les aspirations mises en avant par les Gilets jaunes ont « un fond chrétien certain ». Il va jusqu’à parler de « recherche de Dieu » Eh oui, la réflexion doit aller jusque-là !

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 5 février 2019.

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Photo : © kriss_toff