Journalistes collabos ? - France Catholique
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Journalistes collabos ?

Dans ses vœux aux Français, Emmanuel Macron s'est indigné contre un climat de violence qui touche notamment les journalistes. Ceux-ci sont-ils vraiment victimes d'une haine qui met en danger la liberté d'expression ? Il n'est pas douteux que le débat aujourd'hui se présente de façon hostile et conflictuelle…
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À un moment de ses vœux aux Français, le président de la République s’est montré véhément : « Que certains prennent pour prétexte de parler au nom du peuple (…) et n’étant en fait que les porte-voix d’une foule haineuse s’en prennent aux élus, aux forces de l’ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels, c’est tout simplement la négation de la France. » Qu’il y ait souvent de la haine dans l’atmosphère n’est pas douteux, qu’il faille le déplorer bien sûr, et il y a nécessité de rétablir sinon un climat de confiance, du moins une sorte de code de bonne conduite. Parmi les violences déplorées, il est intéressant de s’arrêter un moment sur certaines agressions contre les médias.

Plusieurs organes d’information ont été l’objet de manifestations. BFM, Libération, France télévision. La diffusion du quotidien Ouest France a été en partie empêchée. Ici ou là, des journalistes ont été pris à partie dans la rue et traités de collabos. Rien de trop grave, juge cependant le directeur de Libération, Laurent Joffrin, qui s’inquiète quand même pour la liberté de jugement de la profession. Cette véhémence verbale n’est-elle pas aussi le fait d’un Jean-Luc Mélenchon qui déclarait, il y a quelques mois : « La haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine. » C’était, il est vrai, pour ajouter : « Mais elle ne doit pas nous empêcher de réfléchir et de penser notre rapport à eux comme une question qui doit se traiter rationnellement dans les termes d’un combat. »

Les termes d’un combat ? Après tout, peut-être. Il faut bien prendre son parti de désaccords substantiels, qui sont aggravés par l’existence des réseaux sociaux. Existence qui remet en cause la légitimité des médias institutionnels. Ces derniers font valoir, souvent à juste titre, qu’ils sont plus en garde contre les rumeurs, les bobards, les fausses-nouvelles. Cela ne veut pas dire qu’ils sont indemnes de tout reproche. Une analyste aussi fine qu’Ingrid Riocreux a pu mettre en valeur ce qu’elle appelle « la langue des médias », qui ne va pas sans inclination idéologique, sans réflexe communs, parfois de type pavlovien. Espérons simplement que le combat entre les médias et leurs adversaires débouche sur plus de rationalité et non sur la confusion.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 2 janvier 2019.