Jean-Frédéric Poisson : Ne pas transiger sur les sujets essentiels - France Catholique
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Jean-Frédéric Poisson : Ne pas transiger sur les sujets essentiels

Parmi les douze ou treize candidats déclarés à la primaire de la droite et du centre en vue de la prochaine élection présidentielle, nos lecteurs comprendront facilement que nous donnions en priorité la parole à Jean-Frédéric Poisson — qui a succédé à l'Assemblée nationale et à la tête du Parti chrétien-démocrate à Christine Boutin. Infatigable au Parlement, ne craignant pas les voyages difficiles à l'étranger, il anime également, à travers toute la France, de nombreuses réunions publiques qui rassemblent souvent plusieurs centaines de personnes. A Boulogne-Billancourt, récemment, il y avait plus de 300 participants. Cela prouve qu'au cœur de la déception de beaucoup à l'égard de la classe politique, pointe à nouveau un espoir de voir des responsables politiques crédibles assumer avec détermination et clarté des convictions que la droite a souvent abandonnées ces dernières années.
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Vous n’étiez pas très favorable à la Primaire avant de vous y présenter…

La primaire ouverte de la droite, à laquelle je n’étais en effet à l’origine pas très favorable, offre finalement une opportunité rare : celle de permettre au vote de conviction de peser.

Comment ?

Le corps électoral est estimé à 3 millions d’électeurs (ce qui est loin des 44 millions pour la présidentielle). Si 300 000 personnes se mobilisent pour désigner le 20 novembre le candidat des convictions de droite, c’est un score de 10 % qu’il est possible de faire.

300 000 électeurs… N’est-ce pas raisonnablement faisable quand on sait le plus d’un million de manifestants qui s’est déplacé avec pugnacité dans les rues pour dénoncer la tromperie du mariage pour tous et refuser les dérives quant à la filiation ? Voilà ce qui m’a décidé à poser ma candidature.

Votre statut particulier peut faire des jaloux…

Comme président du Parti chré­tien-démo­crate, je n’ai pas eu besoin des parrainages exigés pour les autres candidats qui émanent tous, eux, du parti Les Républicains. Si certains ne comprennent pas cela, qu’ils s’adressent à ceux qui ont écrit la règle de cette primaire…

Ce qui fait ma différence comme candidat, c’est que je préside un parti politique indépendant de LR… J’ai été appelé par les adhérents puis, unanimement, par le bureau politique à me présenter. Je suis à ce jour le seul candidat officiel hors des Républicains, le seul candidat qui permet de confirmer d’ailleurs que cette primaire est bien ouverte à d’autres que Les Républicains.

Peut-être faites-vous de l’ombre à certains au sein de la droite…

Si des candidats se font de l’ombre, c’est bien entre eux ! Moi, je ne crois pas, car je suis différent aussi sur le projet. Je suis l’unique candidat qui soit ni européiste, ni atlantiste, ni ultralibéral, d’une constance et d’une fermeté absolues sur les sujets de société. Quand je regarde les « boîtes à outils » du côté des autres éventuels candidats à la primaire, je suis effaré par leur similitude : fédéralisme, atlantisme, mondialisme, tout-libéralisme et, pour beaucoup, libertarisme. Ils ont quasiment tous d’ailleurs contribué d’une façon ou d’une autre à la désagrégation de la société, à l’affaiblissement de la France. Et ce sont les mêmes aujourd’hui qui vous disent avoir changé… Pour moi, la France, c’est d’abord une physionomie, une culture, une histoire singulière façonnée par quinze siècles de christianisme. Nous devons réaffirmer ce que nous sommes pour ne pas nous voir imposée une autre culture. J’inscrirai les racines chrétiennes de la France dans la Constitution, mesure que j’ai souvent défendue dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. On ne peut pas accueillir celui qui n’est pas comme nous si on ne se respecte pas soi-même. 2017 doit être le retour au respect de la France dans sa vocation, sa grandeur, sa mission.

La France, c’est aussi la liberté d’opinion. Je défends l’abrogation des lois mémorielles (lois Gayssot de 1990 et Taubira de 2001) qui im­posent une version culpabilisante de notre histoire. Parce que je préfère le débat à l’interdit, ce qui n’autorise ni l’injure ni l’outrance.

La France, c’est un patrimoine à transmettre. Je défends une réforme des programmes scolaires de façon à ce que l’histoire nationale soit à nouveau enseignée de façon chronologique. La maîtrise de la langue française et son évaluation chiffrée doivent être restaurées et érigées en priorité.

La France, c’est le respect de la dignité de la personne et de son intégrité. Si l’on veut rétablir la cohésion nationale, alors il faut rompre avec la logique du tout avortement et de l’euthanasie. Je ferai de la baisse du nombre d’avortements et du développement des soins palliatifs un objectif de santé publique. La France, c’est une « famille » de familles. Je replacerai les familles au centre de nos politiques publiques. Je mettrai en place un ministère de la Famille, directement rattaché au Premier ministre, dont la mission sera de qualifier l’ensemble des politiques publiques à l’aune des besoins des familles.
La famille, c’est un père, une mère, des enfants. J’abrogerai la loi Taubira, sans ouverture à une union civile qui engendrerait nécessairement les mêmes droits sur la filiation que le mariage et l’ouverture aux mères porteuses.

En France, ce n’est pas l’État qui est responsable de l’éducation des enfants. Ce sont les parents ! Je rétablirai la liberté scolaire en relevant le ratio école privée/école publique et en facilitant l’installation et le financement des écoles hors contrat. C’est dans l’intérêt de tous ! Alors que 40 % des élèves de l’école publique sont en échec scolaire à la fin du CM2, notre pays a impérieusement besoin de disposer d’écoles alternatives.

La France, c’est le respect de toutes les religions, mais dans le respect des principes de la vie en société en France. J’ai grandi dans les banlieues nord de Paris, et nous parvenions à vivre ensemble à l’époque car il y avait un cadre culturel de référence : il restait la France comme repère commun et obligatoire. Il n’y avait pas encore ce rêve omniprésent d’une société multiculturelle qui n’a absolument aucun sens, et que je refuse.

Pouvez-vous nous présenter votre parti, le PCD ?

Le Parti chrétien-démocrate existe depuis 2001. Non confessionnel, il rassemble ceux qui se préoccupent de l’avenir de l’homme et de sa primauté ; ceux qui pensent que le débat est possible en politique ; ceux qui veulent faire se lever une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques !
Le PCD est présent sur plus de 80 délégations départementales, il regroupe plus de 10 000 adhérents et plusieurs centaines d’élus locaux comme nationaux.

Il s’inspire de la doctrine sociale de l’Église, ce qui constitue son caractère propre tout en garantissant l’universalité du projet qu’il porte, loin de toute idéologie. Il s’appuie sur des principes fondamentaux : le respect de la dignité de la personne humaine de sa conception à sa mort naturelle, la promotion et la défense de la famille comme cellule de base de la société, le respect de la liberté d’éducation, la transmission des apprentissages fondamentaux et de notre Histoire à l’école, l’attachement à notre identité nationale et aux racines chrétiennes de la France, la promotion d’une Europe respectueuse de la souveraineté des peuples et nations comme alternative à la technocratie de Bruxelles, la restauration de l’autorité dans notre société, la promotion de la liberté d’entreprendre au service d’une économie de marché raisonnée avec un juste partage des richesses.

Quels sont les thèmes principaux de votre programme présidentiel ?

Mon projet s’intitule « Libérer la France de Mai 1968 ». Les deux erreurs de Mai 1968 doivent être corrigées. La première, c’est le principe même de la contestation de toute autorité. La deuxième, c’est l’idée d’une liberté personnelle qui serait sans limite. Lutter contre cela, c’est faire œuvre de salut public, car ces folies ont mené au profond délitement de notre société dont nous voyons où elle en est au travers des tristes spectacles de violences qu’elle offre à tous, et de plus en plus.

L’enjeu de la présidentielle de 2017, ce n’est pas la croissance de tel ou tel indicateur, ou encore la privatisation de Pôle Emploi, comme le prétendent les autres candidats à la primaire. La seule urgence, c’est de préserver les conditions de l’unité de la Nation, de restaurer l’autorité et la puissance de l’État. Voici les deux grands axes de mon projet. Sans cela, tout le reste ne servira à rien.

Pour refaire de notre Nation une seule communauté solidaire et redonner à la France un État centré sur ses missions essentielles, je propose douze mesures-cadres : protéger la famille et la valeur de la vie humaine, recentrer l’État sur ses fonctions régaliennes et libérer l’école, fonder notre cohésion sociale sur notre histoire et notre langue, mettre fin à l’immigration massive et non choisie, lutter contre l’islamisme en associant les musulmans de France, redonner aux Français confiance dans la justice de notre pays, rétablir les conditions de la confiance des acteurs économiques, lutter contre la pauvreté et mieux répartir la richesse nationale, doter la France d’une Défense nationale forte et indépendante, rétablir le service national, redonner leur poids politique à nos institutions, réformer l’Europe pour ne pas avoir à quitter l’Union européenne.

Ne regrettez-vous pas d’avoir participé au barnum organisé à Béziers par Robert Ménard ?

Absolument pas. Une forte proportion de nos électeurs attend une refonte de la pensée politique de droite et de son expression électorale. Les « Rendez-vous de Béziers » ont rendu visible cette volonté de refondation, qui doit prendre corps sous la forme d’une dynamique de projets et de conquête, une sorte de lame de fond. En fait, l’important était de montrer qu’il existe une attente de la part des conservateurs — dont je suis un représentant parfaitement assumé. Cet électorat a besoin d’entendre qu’on s’occupe de lui, que l’on porte sa parole. Je fais partie de ceux qui, au quotidien dans l’exercice de mes mandats et responsabilités politiques, essaient de la porter. C’est donc normal que je me rende à Béziers pour dire la sympathie que j’ai à l’égard de ces électeurs en recherche d’une droite de conviction.

La direction du Front national, craignant de voir émerger une force politique, même informelle, qui aurait pu le priver de voix électorales conservatrices dont il a besoin alors qu’il peine tant à les retenir, a tenté de torpiller l’opération. C’est dommageable ! Les intérêts de la France sont supérieurs à ceux de n’importe quelle formation politique. Quoi qu’il en soit, il y aura un avant et un après Béziers.

On a présenté le mouvement social de 2013 comme une réaction catholique. Quel est votre bilan de La Manif pour tous ? La droite est-elle capable de se laisser influencer par un mouvement comme Sens commun ? Ou bien, au moment de faire une « majorité », ne faut-il pas se recentrer et donc abandonner les principes ?

La Manif pour tous n’est pas une réaction catholique. Les Français se sont mobilisés pour défendre la famille, la complémentarité entre l’homme et la femme et l’intérêt supérieur de l’enfant. Nul besoin d’être nécessairement catholique pour cela. Il est difficile de dresser un bilan de La Manif pour tous à ce jour, car beaucoup de choses, beaucoup d’initiatives très diverses, collectives ou personnelles, sont nées de ce mouvement. Beaucoup perdurent. Certains se sont engagés politiquement, d’autres ont trouvé des formes d’engagement allant dans le sens de leurs valeurs, et c’est très bien ainsi.
Vous me parlez de Sens commun. J’entends partout sur le terrain où je les rencontre avec bienveillance et même enthousiasme, le doute s’installer, les questions se poser sur cette stratégie du « non-dit » qui semble s’imposer. Par exemple, alors que les dirigeants de ce mouvement ont souhaité s’agréger à d’autres pour former le Collectif Horizon en vue d’influencer le programme des candidats à la primaire puis du futur candidat à la présidentielle, quel n’est pas l’étonnement que beaucoup expriment d’avoir vu disparaître comme priorité l’abrogation de la loi Taubira. Comment dès lors influencer la droite sur un sujet comme l’abrogation du mariage pour tous par exemple, si la constance sur ces fondamentaux n’est finalement pas de mise ?

Mais je veux le redire et tiens à le souligner : partout où je me déplace à travers la France et où ils sont implantés, les représentants de Sens commun, comme ceux de la Manif pour tous d’ailleurs, sont présents à mes réunions publiques. Preuve s’il en est qu’il est indéniable que nous avons avec les militants et sympathisants du terrain des convergences de vue, des affinités de stratégie, des similitudes sur nos fondamentaux que je porte dans mon projet pour la France.

Pour ma part, je ne transigerai pas sur les sujets essentiels, et j’appelle tous les Français qui ne veulent pas transiger à me rejoindre. Je vais me répéter mais il faut que tous ceux qui veulent voir le vrai changement et dans « le bon sens » com­prennent l’enjeu de cette primaire. Il y aura deux à trois millions d’électeurs à cette élection primaire ouverte à tous les électeurs, adhérents ou non d’un parti, les 20 et 27 novembre prochains. Il y eut un million de marcheurs dans les rues de Paris, il n’y a pas si longtemps. Si sur trois millions d’électeurs à cette primaire, 300 000 voix se portent sur ma candidature, nous obtiendrons 10 % des voix. 300 000 voix, c’est moins de la moitié des Franciliens qui ont marché à Paris il y a trois ans. C’est donc possible si tout le monde se bouge pour voter le 20 novembre prochain.

Il faut assurément compter comme cela, avoir en tête que le dénominateur dont nous parlons pour la primaire n’est pas 44 millions de Français mais trois millions. Cela change la donne. Et nous permet d’envisager la Primaire comme un vrai levier politique pour influencer.

« Donnez-moi un point d’appui, un levier, et je soulèverai le monde ». Appliquons ensemble, nombreux, mobilisés, ce principe d’Archimède à la politique : si le point d’appui, c’est la présidentielle, le levier, c’est la primaire. Ce que je demande à chacun des Français pouvant voter et voulant donner aux convictions le poids qu’elles méritent, c’est de m’aider à constituer ce levier.

Je n’ai besoin que de votre mobilisation. Libérer la France de Mai 68, c’est aussi libérer nos convictions. Les 20 et 27 novembre constituent une occasion nouvelle et unique. Un rendez-vous qui ne se renouvellera pas deux fois. Je serai à ce rendez-vous et vous y attends.

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