Intéressement : vers la réconciliation du travail et du capital ? - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Intéressement : vers la réconciliation du travail et du capital ?

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En annonçant une série de mesures en faveur de l’intéressement des salariés au résultat de leur entreprise, Nicolas Sarkozy a sans doute voulu une nouvelle fois reprendre la main. Il faut dire que la conjoncture économique lui est particulièrement défavorable. Pris entre l’explosion des prix du pétrole et la crise financière, celui qui se voulait le président du pouvoir d’achat a donc choisi une réforme qui non seulement illustre son slogan « travailler plus pour gagner plus », mais aussi un thème ancré dans la tradition gaulliste, celui de l’intéressement et de la participation.

Cette référence à De Gaulle n’est pas innocente. Pour le président de la République, l’enjeu n’est pas seulement économique, il est politique et même quelque peu idéologique. Il s’agit de réactualiser l’idée d’une alliance entre le capital et le travail. Face à une gauche qui ne sait plus très bien quelle définition donner au socialisme, la manœuvre est habile.

Le projet demeure prudent. Il ne s’agit pas d’un nouveau dispositif à mettre en place, mais de l’amélioration de possibilités existantes. Concrètement, il s’agit de doubler en quatre ans les sommes versées par les entreprises au titre de l’intéressement. Cet objectif s’accompagne d’un ensemble de mesures incitatives destinées en priorité aux PME, jusqu’ici nettement moins concernées que les grosses entreprises. C’est ainsi qu’un crédit d’impôt de 20% sera accordé aux entreprises qui signeront un accord d’intéressement. Pour celles qui, en 2010 n’auront pas signé un tel accord, des mesures contraignantes pourront intervenir.

En l’état, le projet annoncé par Nicolas Sarkozy soulève bien des interrogations, notamment chez le patronat qui ne cache pas ses réticences. De son côté, François Chérèque, secrétaire général de la CFDT critique déjà le fait que les primes d’intéressement ne soient pas soumises aux cotisations sociales, ce qui pourrait avoir des effets indésirables, notamment en ce qui concerne les retraites. Enfin, on peut noter que l’incitation fiscale implique un effort financier supplémentaire pour l’Etat.

Comme l’a souligné le chef de l’Etat, la réforme de l’intéressement reste dans la cohérence de la loi TEPA (Travail, emploi et pouvoir d’achat). Saura-t-elle convaincre les salariés ? Ce n’est pas impossible, à condition toutefois que les salariés, sachent vite ce qu’ils gagneront en plus. Pour parvenir à des relations apaisées, le travail et le capital devront chacun trouver leur compte dans le projet de Nicolas Sarkozy.

Serge Plénier