« Il récitait la prière de Charles de Foucauld » - France Catholique
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« Il récitait la prière
de Charles de Foucauld »

La canonisation du religieux aura lieu le 15  mai prochain. Le miracle qui l’a permise s’est produit au cours d’un chantier de restauration d’une chapelle. Le président de l’entreprise concernée, François Asselin, dirige aussi la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). Témoignage.

Le miracle

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Charle, 26 ans, sera présent lors de la canonisation à Rome, le 15 mai prochain.

Charle, 26 ans, sera présent lors de la canonisation à Rome, le 15 mai prochain.

© Iris Bridier

Le miraculé, qui permet la canonisation de Charles de Foucauld, travaille à vos côtés. Quelles ont été les circonstances de l’accident ?

François Asselin : Nous sommes le 30 novembre 2016. Alors que je suis en déplacement à Paris, j’apprends que Charle, l’un de mes charpentiers, a fait une chute de 15 mètres de haut, du toit de la chapelle de l’Institution Saint-Louis à Saumur, que notre entreprise était en train de restaurer. Quand on m’explique les circonstances de l’accident, je pense qu’il ne va pas s’en sortir. Le jeune homme s’est fracassé sur un banc. Le montant du dossier a percé son abdomen et traversé sa cage thoracique sous le cœur.

Malgré cela, il s’est pourtant relevé, a marché 50 mètres en sortant de la chapelle et croisé le personnel de l’établissement qui a immédiatement appelé les secours. Le SAMU a jugé qu’il fallait un hélicoptère pour le transporter au plus vite, mais il n’y avait aucun moyen de monter le blessé à bord parce que la pièce de bois, restée coincée dans son abdomen, gênait la largeur de la porte. Finalement, une ambulance l’a conduit au CHU d’Angers pour être opéré. Huit jours plus tard, il commençait à se lever… à s’ennuyer dans sa chambre ; deux mois plus tard, il retournait au travail. Aucun organe vital n’avait été touché.

Vous avez immédiatement pensé à Charles de Foucauld…

Notre paroisse à Saumur est la paroisse Charles-de-Foucauld. Nous achevions ce jour une grande neuvaine pour la canonisation du bienheureux. L’accident a eu lieu la veille du centième anniversaire de sa montée au Ciel. Ce charpentier s’appelle Charle. Lorsque l’accident s’est produit, j’ai immédiatement contacté la communauté Marie Reine Immaculée de Bois-Le Roi, dont nous sommes membres messagers, ainsi que notre curé, le Père Artarit, pour leur confier ce jeune homme. Ce sont eux qui nous ont invités, mon épouse et moi, à invoquer particulièrement Charles de Foucauld. Nous avons passé la nuit à prier.

Et quand j’ai pu me rendre à l’hôpital, Charle m’a expliqué : « J’ai voulu aller plus vite, je suis monté sur la voûte et je l’ai sentie céder. Je connaissais la hauteur, je me suis dit que j’étais cuit. Je ne voulais pas tomber sur les jambes. Je ne voulais pas tomber sur la tête. Je me suis allongé, j’ai mis ma tête entre mes mains et je me suis abandonné. » Alors même qu’il n’est pas baptisé, qu’il n’a reçu aucune culture chrétienne, sans le savoir, il récitait cette prière du Père Charles de Foucauld : « Mon Père, je m’abandonne à Toi. »

En quoi est-ce miraculeux ?

À Rome, en parallèle et sans se consulter, les sept médecins de la Consulta Medica devaient statuer sur l’explication de la guérison de Charle. Si l’un d’entre eux pouvait expliquer rationnellement sa survie, alors la procédure devait s’arrêter net. À l’inverse, à partir du moment où, médicalement, ils ne pouvaient pas l’expliquer, le caractère extraordinaire était reconnu. De façon unanime, ces sept médecins ont conclu que la conséquence de cette chute n’était absolument pas celle qui aurait dû être. Il aurait dû mourir dans 95 % des probabilités, ou au moins connaître des séquelles irréversibles. Or, il n’en a pas.

Cet accident aurait pu avoir des conséquences dramatiques… Comment a-t-il été vécu au sein de votre entreprise ?

En ce qui me concerne, je n’ai jamais eu aucun doute sur le fait que c’était incroyable. Mais quand Jésus accomplissait des miracles, quand les gens les voyaient, certains n’y croyaient pas. Dans mon entreprise, beaucoup ont vu ce miracle, mais ils sont nombreux à penser qu’il a eu de la chance, ou même à dire que c’est « miraculeux » mais juste comme une expression courante. Même Charle exprime qu’il est miraculé, mais sans avoir rencontré Jésus : « Je n’ai pas la foi mais j’ai eu trop de chance pour que ce ne soit pas un miracle. »

Quelle relation entretenez-vous avec Charle ?

C’est un excellent charpentier, et je suis son employeur ! C’est une relation de confiance mutuelle. Il ne connaissait pas du tout la vie de Charles de Foucauld, alors à l’hôpital je lui ai offert une bande dessinée biographique. Il a accepté que nous protégions son identité, il n’avait que 21 ans à l’époque des faits, ce qui peut être déstabilisant. Je le remercie pour son écoute et son humilité. Il a accepté de participer à l’enquête romaine et de rencontrer de nombreux hommes d’Église avec détachement et bienveillance : « Si ça peut l’aider à devenir saint, alors pourquoi pas ? », disait-il en riant.

Que vous apporte personnellement ce miracle ?

Malheureusement, cela ne rend pas meilleur ! Mais on se sent tout petit, cela rend humble. Alors que nous sommes tous en quête de sens, que l’on espère avoir la réponse là-haut, nous avons la chance d’avoir la réponse alors que nous sommes encore sur terre. Et nous prenons conscience que le bon Dieu nous aime tellement que même s’il nous sauve la vie, il n’impose même pas que l’on croie en lui.