III - Entrevoir le but - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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III – Entrevoir le but

Habit blanc, prophètes et sommeil.
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Nous sommes sensibles à cet éblouissement des trois Apôtres devant Jésus transfiguré. Il laisse entrevoir ce que sera son corps glorieux, après la résurrection. Les trois privilégiés de cette expérience sont saisis de joie et de crainte. Et leur parole exprime cette satisfaction. Ce sont ces trois-là qui assisteront au drame de l’agonie. Jésus veut les prémunir du scandale qu’ils pourraient éprouver à ce terrible moment. Pour l’instant, ils souhaitent que cette expérience de la splendeur de Dieu se prolonge : « Il nous est bon d’être ici. Dressons trois tentes….. » La pédagogie de l’Église, à l’image de celle du Christ, est, au début du carême, de nous faire goûter un peu le but : la gloire de la Résurrection anticipée par cet instant de la Transfiguration.

Quel leçon en tirer pour nous autres baptisés qui voulons revivre un carême dans la ligne de notre baptême ? Certes, il y a cette vision réconfortante de la victoire du Christ, sorte d’envers de sa défiguration lors de la passion. Mais nous pouvons profiter aussi d’autres choses : les vêtements resplendissants, les voix, le sommeil des trois.

Ces vêtements resplendissants de blancheur ne sont-ils pas un rappel de notre robe baptismale ? Ne devons-nous pas nous souvenir que nous avons déjà, grâce à notre baptême, une anticipation de notre vie avec Dieu dans la lumière définitive ? Saint Paul ne nous demande-t-il pas de vivre en enfants de lumière (1 Thessaloniciens 5,5) ? À la lumière du Christ transfiguré, faisons honneur à notre robe baptismale, signe de la présence de la vie divine en nous, anticipation de notre transformation lors de notre propre résurrection.

Certes, Matthieu ne nous dit pas quel est le sujet du dialogue entre le Christ, Moïse et Élie, mais Luc nous le dit : le départ, « l’exode », de Jésus à Jérusalem. N’est-ce pas une invitation à retrouver dans notre méditation les annonces de la passion. Les lectures de semaine vont nous en donner de plus en plus. Sachons écouter et méditer en leur temps les prophéties, spécialement celles d’Isaïe, qui annoncent les souffrances du Messie, prélude obligatoire avant sa gloire. Ce sont sans doute celles-là que le Christ ressuscité a commenté au pèlerins d’Emmaüs.

Même ce sommeil qui tombe sur les Apôtres alors qu’ils sont en présence d’une anticipation de la gloire du Christ est aussi un encouragement. Il faut d’abord savoir que, dans la physiologie biblique, le sommeil, le songe, est une manière de signifier l’expérience peu ordinaire de Dieu qui s’approche de sa créature (Voir Abraham, ou Joseph). C’est cela que les Apôtres sont en train de vivre. On peut y ajouter quelque chose de plus contemporain : comme Thérèse de Lisieux qui parlait du sommeil de Jésus dans la barque, manière déguisée de parler de son propre sommeil pendant l’oraison, de même, nous sommes invités à persévérer dans la prière, même si l’assoupissement nous menace.

Père de VORGES