Humanæ vitæ, une encyclique prophétique  - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Humanæ vitæ, une encyclique prophétique 

Fortement opposé au projet de loi bioéthique présenté au Sénat, Mgr  Michel Aupetit, archevêque de Paris et ancien médecin, publie au même moment un petit livre qui présente à nouveaux frais l'encyclique de Paul VI, Humanæ vitæ, sur la contraception. Hier présentée comme un outil de libération des femmes, la pilule est vue par une part grandissante de la génération actuelle comme un asservissement au service des hommes.

Mgr  Michel Aupetit

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Mgr Michel Aupetit

Mgr Michel Aupetit

© Michel Pourny

Quel lien faites-vous entre la contraception artificielle, enjeu d’Humanæ vitæ (1968), et le débat actuel qui porte sur la « PMA pour toutes » ?

Mgr Michel Aupetit : La difficulté de fond est la même dans tous les cas. On la désigne par « la morale de l’autonomie ». Le premier péché manifeste à quel point l’homme veut être autonome, il veut être à lui-même sa propre loi. Il veut décider de son bonheur qu’il considère dès lors comme un dû. C’est alors qu’il devient esclave de ses propres désirs, de ses illusions et de ses fantasmes. Or il nous faut reconnaître et confesser combien c’est l’alliance qui rend l’homme heureux, le fait de recevoir la vie des autres, du Tout Autre. Cette dépendance au Créateur et à l’humanité lorsqu’elle est assumée fait de nous des êtres libres et responsables, des êtres capables d’aimer et de donner la vie en vérité.

« Un enfant comme je veux et quand je veux » est un slogan illusoire et égoïste… Heureusement, l’enfant nous surprendra toujours… mais à quel prix ? Qui sommes-nous pour le priver volontairement de ses origines ? C’est une violence inouïe qu’on lui inflige et dont on aura à rendre compte, inévitablement…

À l’époque, Humanæ vitæ a été mal reçue par les épiscopats, sous prétexte que c’était irréaliste. Faut-il réintégrer le document dans la préparation au mariage ?

La question n’est pas d’abord d’intégrer telle ou telle encyclique, mais d’être fidèle au dépôt de la foi et à la tradition vivante qui en découle. « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile » (1 Co 9,16). Oui, le don de la vie est une bonne nouvelle !

Comment aidons-nous les couples à s’ajuster à la grâce du salut et non pas à s’enfermer dans l’épreuve de la convoitise et de la concupiscence ? Il s’agit d’un chemin à parcourir pas-à-pas.

L’horizon du discernement doit être le Salut, et non pas notre faiblesse. Comment ce Salut m’éclaire-t-il sur le petit bien que je peux accomplir maintenant ?

Il ne faut pas vouloir régler toutes les difficultés en même temps, mais il s’agit d’avancer « humblement avec ton Dieu » (Mi 6, 8) qui t’éclaire sur le petit pas à poser pour avancer.

L’enjeu est d’accompagner ce pas-à-pas qui est aussi très évangélique pour les pasteurs et ceux qui enseignent la catéchèse… Il convient de reconnaître à quel point le courage des couples, des familles nous édifie. Leur témoignage nous aide à redécouvrir toujours plus profondément le sens de notre sacerdoce. Qu’ils en soient remerciés !

Il existe, dites-vous, deux conceptions de la maternité : possessive ou oblative. Et de la réponse à ce choix dépend toute la civilisation ?

Accueillir la vie comme un don, l’éduquer en respectant ce don, c’est être disposé à accueillir son jaillissement comme il vient. C’est une grâce féminine que d’être conduite à percevoir combien la vie peut surgir même à travers la souffrance et la mort. Si le Christ apparaît d’abord aux femmes, n’est-ce pas parce qu’elles sont particulièrement disposées à accueillir la vie pour l’annoncer ? Avons-nous assez respecté et honoré cette vocation proprement féminine ou selon les mots de Jean-Paul II ce « génie féminin » ?

Cette vocation « hors hiérarchie » nous éduque à la hiérarchie, c’est-à-dire à nous ordonner au Salut, à la vie. La question ne se pose pas seulement dans l’Église, mais dans la société tout entière.

Le pape François ne cesse de le rappeler : « Ne vous laissez pas voler votre espérance, ni votre joie. » Notre société retrouvera une culture de vie, une réelle fécondité missionnaire si la femme ose être femme et si l’homme ose être homme.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.