Histoire militaire : Le débarquement de Provence - France Catholique

Histoire militaire : Le débarquement de Provence

Histoire militaire : Le débarquement de Provence

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Antoine Champeaux et Paul Gaujac (sous la direction de). Le débarquement de Provence. Préface du général Cuche. Lavauzelle, 2008, 550 pages.

Le colloque organisé du 5 au 7 octobre 2004 au musée des troupes de marine a réuni 34 auteurs, dont 4 Allemands, 2 Britanniques, 1 Italien et 1 Américain, aux côtés d’experts en histoire locale. Deux expositions consacrées au patrimoine ont été organisées, dont une au musée de l’artillerie. Venant après les colloques de 1969 et 1994 sur le même sujet, le thème des discussions a été élargi à l’espace méditerranéen (Balkans et Libye), et a mis en lumière la diversité des forces antagonistes engagées dans le débarquement de Provence : forces interarmées de l’Axe et interalliées occidentales, participation indigène, partisans italiens, résistants français et pressions sur l’opinion.

Pour les Italiens et les Allemands, la Méditerranée a été le théâtre des occasions manquées, en raison de leurs hésitations sur les objectifs stratégiques (Gibraltar, Malte ou Alexandrie), et surtout de la priorité d’Hitler pour le plan Barbarossa. La répression allemande contre les maquis français, qui ont perdu 12 à 15.000 morts, a été partagée entre la Wehmacht et la Gestapo (Sichereitsdienst) ; les massacres sont imputés en majorité à des unités d’élite.

Le débat entre Roosevelt et Churchill sur le choix de la zone d’effort : France ou Europe centrale par le Brenner, a été arbitré en fait par la promesse faite à Staline lors de la conférence de Téhéran, ce qui a permis aux Soviétiques de contrôler l’Europe centrale et balkanique pendant 45 ans.

C’est le 23 décembre 1943 que le général de Gaulle, en dépit des réticences qu’il rencontrait de la part de Roosevelt, a donné son accord au général Bedell Smith pour la participation française aux débarquements. Son discours de Bagneux le 14 juin 1944 a consacré la mise en place d’une administration française et éliminé le projet américain de l’Amgot. S’agissant des effectifs mis en action, les débats ont fait ressortir quelques erreurs d’appréciation : on évalue le débarquement du 15 août à 160.000 hommes dont 40.900 Français. En septembre 1944, l’armée de Lattre atteint 500.000 hommes dont 230.000 à 250.000 indigènes.

La libération de la Corse 1, avec l’appui de certaines unités italiennes, a transformé cette ile en porte-avions, dépôt logistique et ressource du recrutement (20.000 hommes). Partant de Corse et d’Italie, l’aviation alliée a été particulièrement efficace : destruction des sous-marins allemands à Toulon, appui des résistants et parachutage de 5.000 soldats : un modèle du genre.

Malgré les dissensions internes aux FFI de Provence (une coquille vide), les résistants ont participé activement à l’insurrection de juin (500 morts, malgré le contre-ordre de Koenig). Ensuite, les FTP ont été actifs dans la libération de Toulon et Marseille. Plus efficace, et centralisée sous les ordres du colonel Henri Zeller et du capitaine Lécuyer, l’ORA a préparé le mouvement de la brigade Butler vers Digne et Gap, pris contact avec les partisans italiens et provoqué des mutineries dans l’Ost-Legion. Enfin le rôle des femmes dans les manifestations anti-allemandes, dans les liaisons et le soutien sanitaire a été remarquable.

De nombreux points particuliers ont été traités :

– le désaccord entre Larminat et de Lattre,

– la disparition de Saint-Exupery,

– les franchissements de la Durance et du Rhône, réalisés dès le 28 août,

– les progrès anglo-saxons dans la réanimation des blessés,

– la tragédie du soulèvement de Thiaroye (24 morts),

– les citations collectives attribuées, les monuments et les commémorations.
Dans tous ces domaines, l’avancée de la recherche historique est remarquable.

Maurice Faivre

  1. c’est aussi une des raisons de l’éviction du général Giraud par de Gaulle. en octobre 1943