Gérard Cholvy - France Catholique
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Gérard Cholvy

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C’est avec beaucoup de peine que j’ai appris hier, avec quelques jours de retard, la mort du professeur Gérard Cholvy, éminent historien de l’Église. C’est par un message de son collègue Michel Fourcade, qui avait été son élève à Montpellier que j’ai été informé. En quelques lignes sur son site, il définit plusieurs traits de la riche personnalité de cet intellectuel engagé, qui n’avait jamais caché ses convictions mais qui s’adressait à tous avec la même chaleur et la même compétence. C’était à la fois un chercheur de premier ordre et un enseignant qui savait passionner ses auditoires. « Ce n’était pas par hasard, écrit Michel Fourcade, que Gérard Cholvy avait été notamment le biographe du bienheureux Frédéric Ozanam, laïc, professeur à la Sorbonne, intellectuel romantique et fondateur en 1833 de la fameuse Société de Saint-Vincent-de-Paul. »

J’étais reconnaissant, pour ma part, à Gérard Cholvy d’avoir été à l’origine, avec son ami Yves-Marie Hilaire de Lille du renouvellement de l’histoire contemporaine du christianisme, en entraînant dans son sillage des jeunes chercheurs, qui se réunissaient d’ailleurs régulièrement pour faire le bilan de leurs travaux et tracer d’autres perspectives d’exploration. C’est ainsi que des idées un peu toutes faites sur le catholicisme au XIXe siècle avaient été bousculées. Par la force des choses, Cholvy et Hilaire étaient aussi historiens du temps présent, du temps qu’ils avaient vécu comme fidèles et même comme militants. Cela leur donnait une intelligence particulièrement aiguë du grand événement qu’avait été Vatican II et des évolutions qui l’avaient suivi. Leur culture théologique et la connaissance qu’ils avaient des courants qui avaient précédé le Concile leur conférait une pertinence et une lucidité qui n’était pas, hélas, le lot de tous.

Gérard Cholvy n’était pas un intellectuel hors-sol. Né à Casablanca en 1932, il s’était profondément intégré à cette ville de Montpellier où il enseigna pendant quarante ans. C’est ainsi qu’il s’était intéressé à la belle figure du cardinal de Cabrières, dont la ville a gardé le souvenir, notamment à cause de son attitude en 1907, lors de la révolte des vignerons du Midi, auxquels il avait offert l’hospitalité de sa cathédrale et de ses églises. Mais c’est, sans doute, son attachement à Frédéric Ozanam qui doit être reconnu, en tant que modèle de l’intellectuel catholique engagé.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 21 juin 2017.