Exorcistes amateurs - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Exorcistes amateurs

Traduit par Isabelle

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Tout a commencé avec L’Exorciste de William Peter Blatty (Roman écrit en 1971 – 11 million d’exemplaires vendus ; film à grand succès en 1973 – 193 millions de dollars la première année), Succès littéraire et cinématographique qui a donné naissance au genre démoniaque, comme par exemple : L’horreur d’Amityville (1979, tiré du livre de Jay Anson) ; The Shining (1980, tiré du roman de Stephen King) ; et une quantité de livres et de films moins réussis, et trop nombreux pour être cités. Deux films au moins ont exploré l’exorcisme chez les juifs : The Unborn (2009) et Possédée (2012), aucun des deux n’a réussi à faire entrer le terme dibbouk dans le langage usuel.

J’ai une connexion personnelle avec le livre de Blatty. Du milieu des années soixante-dix au milieu des années quatre-vingts, j’ai travaillé à Bantam Books, où mon patron était le grand éditeur-publicateur Marc Jaffe. Blatty l’a rencontré à une fête de fin d’année en 1967, et lança l’idée d’un roman sur la possession démoniaque. Le reste est histoire de publication et de film.

Egalement, grâce au business du livre, entre la fin des années 1970 jusqu’à sa mort en 1999, j’ai fait la connaissance de Malachi Martin, ancien prêtre jésuite et auteur de Otage du diable (1976) et d’autres livres. C’était un type intéressant, compliqué – on avait du mal à lui faire confiance – mais lumineusement intelligent. Dans Otage du diable, il a écrit :

L’effet le plus sûr de la possession sur un individu – l’effet le plus frappant et évident, que partagent tous les possédés…est la grande perte de qualité humaine, d’humanité.

Je parlais de la possession avec Malachi un soir à table, et (comme dans cette colonne) j’ai laissé échapper le nom de Bill Blatty (une grave erreur en présence de quelqu’un qui en savait plus – ou le croyait – sur l’exorcisme.) J’ai aussi suggéré que l’augmentation des prétendus cas de possession dont les nouvelles faisaient abondamment état, était principalement due à la sortie de l’Exorciste et qu’il ne s’agissait probablement que de cas d’individus détraqués jouant les refoulés par leur bla-bla-bla. Malachi me jeta un regard de reproche. « Peut-être. Mais ne sous-estimez pas la perte de la foi en Amérique. Le démon entre par des portes ouvertes. »

Le père Gabriele Amorth, le plus fameux exorciste catholique moderne – qui est mort justement cette semaine – se lamentait aussi sur le fait que le rite révisé de l’exorcisme supprimait les anciennes manières de désigner le Mauvais comme une personne, et étaient, de ce fait, devenu inefficace.

Martin a écrit dans Otage du diable (il y a quarante ans) : Il y a un courant de pensée qui insiste pour que la religion, et toute forme de culte et tout idéal basé ouvertement sur la morale chrétienne soient bannis des institutions publiques financées par les contribuables – et ce courant déclare que c’est « objectif » et « démocratique ». Dans nos divertissements de masse – film de cinéma, télévision, romans, théâtre – il n’y a pas de personnages héroïques et pas de notion de bien et mal, de bon et mauvais.

C’est quelque peu exagéré par rapport aux medias, mais c’était prophétique en ce qui concerne les institutions démocratiques. Et Martin et Blatty étaient en phase avec C.S. Lewis quand il écrivait dans Tactique du diable (The screwtape letters) :

Il existe deux erreurs égales et opposées, dans lesquelles notre race peut tomber quand on parle des diables. L’une est de ne pas croire à leur existence. L’autre est d’y croire, et de ressentir un intérêt excessif et malsain pour eux.

Il me semble qu’on peut dire que l’intérêt populaire pour l’exorcisme (mais pas pour le rite lui-même) est « excessif et malsain » et qu’il y a là un réel danger pour les catholiques (et d’autres) quand ils ne sont pas convenablement catéchisés. Mais Hollywood a fusionné avec les démons maintenant et ne s’en séparera pas. Il serait bien de se demander : Qui tient l’autre ?

Il y a eu un excellent film en 2013, appelé : The conjuring (Le dossier Warren) – Bon en grande partie grâce aux acteurs principaux, Vera Farmiga et Patrick Wilson. Le suivant, en 2016, astucieusement nommé The conjuring 2 (Le cas Enfield), n’a été publié que pour une visualisation domestique.

Ces films prétendent détailler les véritables investigations d’un couple catholique, Ed et Lorraine Warren, qui ont été impliqués dans le cas d’Amityville et étaient des enquêteurs autodidactes dans le paranormal (Madame Warren a 89 ans et vit toujours.) Madame Warren se prétend médium. La biographie de monsieur Warren affirmait que sa femme et lui étaient les « seuls démonologues laïcs reconnus par le Vatican ». Quelquefois, on dit plutôt « reconnus par l’Eglise ». Mais s’il y a jamais eu une véritable reconnaissance ou approbation de leurs activités de la part de Rome, je n’ai pas pu les trouver.

Et comme le catholicisme a encore un rite et un bureau pour de telles choses, pourquoi une telle reconnaissance aurait-elle bien pu se réaliser ? Certains pensent que les Warrens étaient des charlatans.

D’autres films avec des démons et des cas de possession ont prétendu être basés « sur des évènements réels », de même que les films de sorcellerie. Les deux ont été mis en scène par James Wan, le fameux – ou infâme – créateur d’une série de huit films qui commençait par Saw (Décadence au Québec) (2004) et lançait le genre connu comme « torture pornographique ».

The Conjuring 2 n’a rien à voir avec cela. C’est presque démodé – le style visuel (techno, vêtements, musique, coiffures) reflète la dernière décade du 20° siècle, et il fonctionne en utilisant tous les poncifs qui font peur : travellings dans les ténèbres, silhouettes qui apparaissent par derrière dans le noir, ou qui surgissent de l’ombre. Visages terrifiés et contorsionnés. Boule de cristal. Ce ne sont que des poncifs, tout du long.

En plus des américains Farmiga et Wilson, d’autres talents ont été gâchés dans cette besogne, dont Franka Potente, une allemande, et les acteurs anglais Frances O’Connor, et Simon Mac Burney, avec Madison Wolfe de Louisiane, qui jouait une anglaise possédée.

Un prêtre du Connecticut convainc les Warren d’aller dans la joyeuse Albion pour fournir à l’Eglise une vision générale sur un possible cas de possession d’une jeune Anglaise. C’est tout ce que l’on voit de l’Eglise, bien qu’à un moment, Monsieur Wilson brandisse un petit crucifix tout en postillonnant du latin.

La meilleure phrase vient de Ms. Farmiga, qui dans une « vision » matinale rencontre le démon qu’ils combattront plus tard, et dit à son mari : « Je ne veux jamais approcher plus que cela de l’enfer ».

Alors… enfer, paradis, l’Eglise et Jésus Christ : tous reconnus comme vrais. Pourtant, les Warren pénètrent par la brèche, bien que sans être ordonnés. Je sais qu’il y a eu ce truc de la réforme en Angleterre, mais il y a encore quelques prêtres dans cette bonne vieille Angleterre, et on aurait pu appeler n’importe lequel. Le fait qu’ils ne l’aient pas été nous dit que nous devons nous renseigner mieux sur la crédibilité de ces affaires de sorcellerie.

The Conjuring 2 est classé R comme sujet effrayant.

Photo Ema et Wilson (le diable ?) dans The Conjuring 2.

https://www.thecatholicthing.org/2016/09/19/amateur-exorcists/