Être chrétien en politique ? - France Catholique
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Être chrétien en politique ?

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La présence de chrétiens dans l'hémicycle sera-t-elle significative ?

La présence de chrétiens dans l'hémicycle sera-t-elle significative ?

© Mathieu Delmestre / CC by-nc-nd

À un moment critique de notre vie politique, est-il permis une fois de plus de s’interroger sur le rôle des chrétiens dans ce domaine ? Sans doute un certain nombre d’entre eux vont-ils se retrouver dans l’hémicycle du Palais-Bourbon, mais leur présence est-elle vraiment significative au point que l’on puisse y voir une donnée véritable du débat politique ? Sans doute non. Voilà déjà longtemps que ce qui se réclamait de la démocratie chrétienne a disparu chez nous. Probablement pour des raisons spécifiques à notre pays. Mais la difficulté d’affirmer une différence chrétienne relève surtout de raisons civilisationnelles.

Il convient donc de s’interroger sérieusement sur le sujet. C’est pourquoi j’ai lu avec beaucoup d’intérêt dans La Croix d’hier un entretien avec le théologien américain William Cavanaugh sur l’apport des chrétiens dans les sociétés libérales. J’apprécie depuis longtemps les écrits de Cavanaugh, qui se réclame d’une radical orthdoxy assez rafraîchissante dans le monde actuel. Pourtant, le radicalisme dont il fait part dans cet entretien a de quoi troubler, car il semble exclure la possibilité même d’un engagement des chrétiens dans des structures politiques qui, par nature, impliqueraient le dévoiement des convictions évangéliques. Selon notre théologien laïc, l’implication des catholiques dans les partis politiques aux États-Unis s’est traduit par une véritable catastrophe. « Lorsque vous pensez la nature politique, sociale et communautaire de l’Église comme quelque chose qui n’est qu’analysé par les partis politiques pour s’accrocher à une hégémonie culturelle, c’est que vous avez déjà perdu. »

Je puis comprendre une telle assertion si elle signifie que l’Église doit maintenir une radicale autonomie qui correspond à son essence profonde et qui détermine une action spécifique que trahiraient des engagements partisans. Mais un tel radicalisme semble aussi impliquer un refus des médiations pratiques, indispensables à la cité. Est-ce seulement possible ?