Environnement LES SAINTS DE GLACE : RAYES DU CALENDRIER MAIS PAS DE LA METEO - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Environnement LES SAINTS DE GLACE : RAYES DU CALENDRIER MAIS PAS DE LA METEO

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La vague de froid inattendue qui vient de traverser la France en a surpris plus d’un pour qui l’été semblait déjà pointer le bout de son nez. C’était compter sans les « Saints de glace » que nos anciens connaissaient et redoutaient.

Etaient en effet autrefois fêtés respectivement les 11, 12 et 13 mai, Saint-Mamert, évêque de Vienne en Dauphiné mort en 474, Saint-Pancrace, martyr à Rome en 304 et Saint-Servais, évêque de Tongres en Limbourg mort en 384. « Mamert, Pancrace et Servais sont les trois saints de glace » disait le dicton populaire, fondé sur les observations faites dans le passé par les agriculteurs dans leurs champs et dans leurs vignes. Poussant encore plus loin l’analyse, un autre dicton ajoutait même « mais Urbain les tient tous dans sa main », retardant ainsi jusqu’au 25 mai, jour de la fête de Saint-Urbain, pape mort en 230, la fin de l’épisode météorologique annuel. Et aujourd’hui encore, les jardiniers attendent le passage de ces trois ou quatre dates fatidiques avant de se lancer dans leurs travaux. Tous savent en effet que cette période signe le retour tardif des gelées à même de ruiner les plantations effectuées prématurément.

Plus dépendant des caprices du temps que nos contemporains, nos paysans d’antan avaient pris l’habitude de prier les saints précédemment nommées pour qu’ils les préservent du froid. Estimant ces pratiques peu conformes à la foi authentique et entachées de paganisme, l’Eglise, lors du Concile en 1960, a rayé les quatre malheureux saints, qui n’avaient pourtant pas démérité, du calendrier liturgique au profit de Sainte-Estelle, Saint-Achille, Sainte-Rolande et Sainte-Sophie. Pour autant, l’observation ainsi faite du temps reste valable et les services météorologiques actuels reconnaissent que le milieu du mois de mai peut être marqué par un retour du froid aussi bref que vif. Les astrophysiciens apportent également leur propre explication en faisant remarquer qu’à cette époque de l’année, l’orbite de la Terre passe par une zone de l’espace sidéral particulièrement chargé en poussières, de nature à réduire l’apport solaire sur la planète et donc la température.

Pour ceux qui n’ont pu faire ce constat cette année, il leur reste la possibilité, dans quelques jours, de vérifier l’exactitude du dicton : « S’il pleut à la Saint-Médard, il pleuvra quarante jour plus tard ». C’est en effet le 8 juin qu’est fêté Saint-Médard, évêque de Tournai et de Noyon, mort en 545. Là encore, le dicton peut être complétée par l’expression « à moins que Saint-Barnabé ne lui coupe l’herbe sous le pied », signifiant par là que si le soleil brille le 11 juin, jour de la fête de Saint-Barnabé, apôtre et compagnon de voyage de Saint-Paul, mort aux environs de l’an 65, les trombes d’eau redoutées ne s’abattront pas sur le sol. Est-ce en raison d’un phénomène météorologique finalement moins grave ou bien encore de la notoriété des deux hommes, notamment le second considéré par les textes sacrés comme un apôtre bien qu’il ne fut pas aux côtés du Christ pendant la vie terrestre de celui-ci, toujours est-il que les deux saints n’ont pas quitté le calendrier grégorien.

Pourtant, le phénomène météorologique auquel ils sont associés est beaucoup moins évident. D’abord, tout le monde ne donne pas le même sens à la formule « quarante jours plus tard » qui, selon les cas, peut signifier pendant quarante jours ou bien quarante jours après soit le 18 juillet. Ensuite parce qu’un relevé des observations faites depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale montre, par exemple, qu’un jour de pluie à la Saint-Médard non barré par un jour de soleil à la Saint-Barnabé n’a entraîné un temps maussade le 18 juillet que trois fois en soixante trois ans.

Pour les découragés comme pour les incrédules, ceux-ci pourront toujours méditer ce dicton prêté aux Suisses : «  Gel en novembre, Noël en décembre » ! 

Fabrice de CHANCEUIL