En finir avec le syndrome de Fouché - France Catholique
Edit Template
Padre Pio, ses photos inédites
Edit Template

En finir avec le syndrome de Fouché

Copier le lien

C’est un sérieux pavé dans la mare de nos pratiques politiciennes qui vient d’être lancé avec la publication d’extraits des carnets d’Yves Bertrand, patron des Renseignements Généraux de 1992 à 2004.

Bien sûr, il y a une certaine part d’hypocrisie dans les réactions indignées qui se succèdent depuis une semaine. La réputation des RG comme police secrète n’était plus à faire avant leur intégration dans la nouvelle Direction centrale du renseignement intérieur. Toute personne touchant tant soit peu à la politique, élu, journaliste ou simple militant, savait qu’une fiche à son nom existait quelque part. De même, les responsables les plus en vue n’ignoraient pas qu’ils étaient plus ou moins surveillés, et pas seulement pour leur propre sécurité.
La barbouzerie et la police secrète sont une vieille maladie française. On se souvient de Fouché, ministre de la Police du Directoire et de Bonaparte, qui fichait allègrement les puissants du moment, notant leurs travers et leurs secrets grâce à ses « informateurs ». Sans remonter aussi loin, on peut rappeler l’affaire des fiches, en 1902 (fichage des officiers catholiques par certaines loges maçonniques), le scandale ces écoutes téléphoniques sous François Mitterrand. La tentation est toujours trop forte pour quiconque veut conquérir le pouvoir ou le conserver, de recourir à des procédés de basse police, qu’il s’agisse du fichage ou des « coups tordus ».

De tels comportements, s’ils ont été explicables à certaines époques tendues, ne peuvent plus être tolérés en l’état dans un Etat démocratique. Bien sûr, il ne s’agit pas de nier la nécessité du renseignement intérieur, surtout quand la menace terroriste n’est pas si lointaine. L’Etat a le droit de se défendre. Il s’agit simplement aujourd’hui d’en finir avec des dérives devenues inacceptables. Les lois existent qui permettent de les réprimer. Il ne leur manque que d’être appliquées.

Surtout, il ne faudrait pas oublier que derrière ce qui devient l’affaire Bertrand, il y a des hommes politiques de tous bords qui ne demandent qu’à être traités comme des citoyens ordinaires, y compris quand il s’agit du respect de la vie privée, et de leur liberté individuelle. C’est d’ailleurs le sens qu’il faut donner aux plaintes déposées tant par Nicolas Sarkozy que par Charles Pasqua ou Arnaud Montebourg.

Une page semble décidément se tourner.

Serge PLENIER